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Olmix parie sur les biotechnologies marines avec les algues

Une PME bretonne croit aux algues pour développer de nouveaux produits aux vertus santé et nutritionnelles, destinés au monde de l’élevage, voire à l’homme.

Pi Nyvall Collen, directrice R & D 
dans le laboratoire de Bréhan dans le Morbihan.
Pi Nyvall Collen, directrice R & D
dans le laboratoire de Bréhan dans le Morbihan.
© P. Le Douarin

Il faut croire qu’Hervé Balusson voit la vie en bleu, tout comme le blouson qu’il porte lors des événements médiatiques de son entreprise. En 1995, le fondateur d’Olmix, ex-cadre de la société Roullier, se lance dans le sulfate de cuivre. Importé des Pays de l’Est, ce composé minéral bleu est employé comme source d’oligoéléments en nutrition animale.
Aujourd’hui, le PDG affiche encore le bleu à travers l’utilisation de matières actives issues de la mer, ou plutôt tirées des algues qui la peuplent. Cette nouvelle orientation stratégique a été suscitée par l’utilisation des extraits algaux lors de la mise au point de l’amadéite dans les années 2002-2004. Cette argile, une montmorillonite modifiée et brevetée, a des propriétés absorbantes améliorées (dessiccation, fixation de toxines…). Elle entre dans la composition des produits de la gamme Ecoconcept (Mistral, M poux, MTX+…).

Projet Ulvans, un budget de 25 millions d’euros


Bien qu’une centaine d’entreprises françaises opèrent dans les algues, Olmix a voulu créer sa propre filière, sans doute pour maîtriser son approvisionnement. Son projet dénommé « Ulvans » (acronyme d’ulves, valorisation, nutrition, santé) est ambitieux. Il s’agit de récolter en mer des algues vertes (Ulva lactuca, ci-dessus) ou rouges (Soliera chordalis), de les traiter pour en extraire les principes actifs propres aux algues (des polysaccharides sulfatés) et de mettre au point des produits commerciaux à visées nutritionnelles et de santé.
Le groupe Olmix s’est associé à des partenaires scientifiques (CNRS de Mulhouse, université de Bretagne sud) et économiques (Sica Saint Pol de Léon, PRP technologies). La Sica, ou plutôt Agrival sa filiale de valorisation des déchets légumiers, se charge de prétraiter les algues vertes (lavage, tri, nettoyage, premier fractionnement, stockage, conservation) dans sa « bioraffinerie » de Plouénan dans le Finistère, inaugurée en septembre 2013. Plusieurs sites de collecte existent en Manche et sur la façade atlantique. Un gisement d’algues rouges, estimé à 80 000 tonnes site, est exploité à Saint Hilaire de Riez en Vendée depuis quelques mois. Olmix achève le process dans son « alguerie » de Bréhan dans le Morbihan. Il extrait les principes actifs, pour son compte et celui de PRP qui met au point des solutions destinées aux grandes cultures et aux sols, tan-dis qu’Olmix vise les secteurs végétal et animal. Chiffré à 25 millions d’euros sur 2011-2015, le programme Ulvans a été soutenu par BPI avec une aide de 10,7 millions d’euros.
Pour muscler et diriger son service R&D, Hervé Balusson a embauché Pi Nyvall Collen en 2012. Bardée de diplômes, cette scientifique suédoise connaît bien la biochimie des algues. Avec le service marketing, elle élabore la gamme des futurs produits destinés aux élevages de rente. Le positionnement est résolument de proposer une alternative naturelle à l’allopathie, notamment aux antibiotiques.
Depuis deux ans, l’Inra du Val de Loire teste des extraits d’algues. Mustapha Berri a constaté une activité antibactérienne, ainsi qu’une stimulation de l’expression des médiateurs de l’immunité sur des cellules intestinales de porc.


Des activités antibactériennes et immunitaires


Au moins trois brevets sont en cours de dépôt stipule Hervé Demais, conseiller scientifique d’Olmix. Plusieurs produits visant à stimuler les défenses immunitaires innées, contenant entre autres des extraits d’algues, ont été mis sur le marché cette année. Ces produits ont vocation à enrichir la palette des solutions qui améliorent l’écosystème digestif et la vie de l’animal, mais aussi des plantes. C’est la gamme Algo-Bio pour les animaux et la gamme Marathon pour les végétaux. En élevage, ces produits (liquides ou comprimés effervescents) sont administrés dans l’eau de boisson à certains moments-clés et par courte cure (3-5 jours). Quels en sont les impacts ?
Une baisse de 22 % de la mortalité et de 14 % des saisies a été constatée sur plus de 200 000 poulets traités au moment d’une vaccination Gumboro rapporte Benoît Quéro, vétérinaire. Pourtant, les niveaux d’anticorps Gumboro n’ont pas été modifiés. « La tendance est positive, ajoute Claudio Chimienti, un autre vétérinaire. Le ressenti des éleveurs est celui d’une amélioration. Avec cette gamme, on travaille sur la durée. »
Présentée en 2004 comme une nanotechnologie aux applications nombreuses, la création de l’amadéite n’a pas suscité toutes les retombées escomptées par Olmix, notamment dans la cosmétique. La diversification vers les algues sera peut-être la bonne pour Hervé Balusson.

Olmix méconnu en France

Le groupe Olmix réalise 65 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé environ. Durant de nombreuses années, les sulfates de cuivre et de fer (surtout pour les cimentiers) en ont été les deux piliers. Dès 1997, Hervé Balusson a cherché à se diversifier avec les argiles qui ont donné naissance à l’asséchant Mistral. C’est ce qui a boosté l’activité internationale à partir des années 2000, à tel point qu’Olmix est plus connue à l’étranger (Asie notamment) qu’en France. Plus de 65 % de son chiffre d’affaires y est réalisé. En 2004, l’invention de l’amadéïte permet
la création de la gamme Eco-concept.
C’est notamment un adsorbeur de mycotoxines, qui selon Olmix, est aussi performant que ceux des deux leaders du marché. Les algues devraient accélérer les ventes de produits techniques, à meilleure valeur ajoutée et moins concurrenciables.

Une approche industrielle contestée

Mais l’initiative d’Olmix est loin de faire l’unanimité en Bretagne. Industrialiser la récolte des algues vertes en suspension (dans le filet d’eau de la plage ou en pleine mer) inquiète les écologistes. Les opposants dénoncent aussi le coût du projet, son irrationalité et son ambition démesurée. La communication d’Olmix a parfois été « survendeuse », faisant miroiter une nouvelle économie de la mer qui n’en est encore qu’à ses balbutiements et la perspective
de nouvelles molécules aux vertus encore à découvrir et à démontrer. Le chiffre de 60 000 tonnes à collecter a été cité, alors que les récoltes n’ont pas dépassé le millier de tonnes brutes. Le projet n’a pas vocation à résoudre la problématique des algues vertes bretonnes.
Malgré cette opposition, Olmix continue de travailler : amélioration des procédés de récolte, recherche et développement en interne et en externe, mise au point de produits commerciaux. « Nous sommes une entreprise. Nous n’avons pas le temps d’attendre cinq ou dix ans avant de sortir des produits », souligne Hervé Demais, le conseiller scientifique du groupe et « découvreur » de l’amadéite.

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