Dossier
Les Pays-Bas relèvent leurs défis avicoles
Malgré le poids des réglementations qui brident leur production de poulet, les Néerlandais restent positifs, motivés et entreprenants. Et surtout capables de s’adapter.
Aux Pays-Bas, la liste des réglementations qui pèsent sur la filière du poulet, et notamment sur les éleveurs, est longue comme le bras. À commencer par celles concernant l’environnement. Dans un pays de 41 500 km2, avec une densité de près de 500 personnes au kilomètre carré (120 en France), la cohabitation entre activités humaines, activités agricoles et milieu naturel ne va pas toujours de soi. Depuis les années 1990, les aviculteurs ont appris à maîtriser les déjections excédentaires. D’abord sous la contrainte, avec des quotas sur les déjections, puis avec la limitation de l’extension des élevages qui est peut-être en passe d’être levée en 2015. Ils ont trouvé des solutions avec l’exportation et l’incinération. Désormais, les nouvelles préoccupations environnementales s’appellent « ammoniac », « poussières fines », « odeurs ». Celle de l’ammoniac est techniquement résolue. Depuis le 1er janvier, une nouvelle règle s’applique. Les éleveurs ont installé des équipements pour sécher les déjections durant la bande.
2015 sera une année décisive pour les marchés et les éleveurs
Le défi de l’environnement étant quasiment surmonté, l’industrie du poulet doit en relever deux autres dans les trois années à venir : celui de la santé publique (zoonoses et antibiotiques) et celui du bien-être animal.
Ces sujets révèlent les préoccupations d’une société critiquant certains aspects d’un modèle agro-industriel focalisé sur la recherche de la rentabilité. Les Néerlandais ont fait le choix du poulet à croissance rapide. Leurs élevages sont parmi les plus grands d’Europe. Les éleveurs sont les plus performants. En dépit des surcoûts environnementaux, ils gagnent leur vie. Mais les méga-élevages sont de plus en plus critiqués et on discute de leur plafonnement ; la directive Bien-être se durcit. En 2015, le poulet vendu aux Pays-Bas devra être produit moins intensivement. La même année, l’usage des antibiotiques devra avoir chuté de 70 %. En 2020, toutes les volailles devront être élevées de manière durable. Tout cela en restant compétitifs sur le marché international. La filière poulet y parviendra-t-elle ? Oui, estiment les Néerlandais rencontrés, même si cela doit passer par de fortes évolutions des marchés et des changements d’organisation. Après une période de résistance, la profession a adopté un comportement plus participatif : elle préfère proposer des accords plutôt que de se voir imposer des règles techniquement inapplicables ou économiquement insupportables.