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Les chercheurs pistent les gaz émis dans les poulaillers

Les méthodes de mesure des gaz produits dans les bâtiments se précisent peu à peu et permettent d’identifier les systèmes d’élevage les moins polluants.

Les prélèvements terrain sont réalisés avec une poche reliée à une pompe (absente ici) puis les gaz sont analysés sur place avec un analyseur infra rouge acoustique.
Les prélèvements terrain sont réalisés avec une poche reliée à une pompe (absente ici) puis les gaz sont analysés sur place avec un analyseur infra rouge acoustique.
© A. Puybasset

Parce que les émissions gazeuses favorisent le réchauffement climatique, l’eutrophisation de l’eau, l’acidification des sols, les particules fines, la volatilisation de l‘azote et du carbone, « leur caractérisation et leur maîtrise dans les bâtiments sont des enjeux incontournables du développement de l’élevage », estime Elise Lorinquer, de l’Institut de l’élevage.
Pourquoi dans le bâtiment ? Parce que les émissions de gaz sont très liées à la gestion des effluents et que le bâtiment est le premier lieu de transit des déjections. Les mesurer est essentiel, d’autant que les références internationales sont peu représentatives des pratiques et des conditions françaises. « Il est essentiel de mesurer pour identifier les facteurs d’influence et les systèmes les moins polluants, fournir des références, anticiper la réglementation et favoriser la compétitivité de nos filières », insiste Melynda Hassouna, de l’Inra. En volaille, les émissions varient selon le mode d’élevage (standard, label, bio), l’espèce, la souche, le stade physiologique, le type de bâtiment, la ventilation, le type d’effluent… Les mesures sont rendues encore plus compliquées par la présence des animaux, l’hygrométrie intérieure, les poussières, l’ammoniac, la ventilation…


Des méthodes simplifiées applicables sur le terrain


Depuis 2003, des recherches ont été engagées pour développer plusieurs méthodes de mesure. « De petites différences de méthode peuvent entraîner des écarts de résultats de plus de 50 % sur un même système d’élevage », souligne Melynda Hassouna. En station, les scientifiques mesurent les gaz en continu. Pour le terrain, il faut des méthodes simplifiées et ponctuelles. Le réseau Angael (Analyses de gaz en élevage) a été créé pour faciliter les échanges entre ingénieurs, techniciens et chercheurs dans toutes les productions. L’Inra a engagé deux projets de recherche en volaille et en porc, dans lesquels cinquante élevages seront suivis en été et en hiver.
Depuis 2007, l’Itavi travaille aussi avec l’Inra sur le développement et l’application d’une méthode simplifiée. « Concrètement, sur un lot, les mesures sont faites à trois périodes, explique Paul Ponchant, de l’Itavi. Les concentrations intérieures et extérieures sont mesurées. Un bilan de masse est réalisé à partir des données zootechniques de l’élevage et d’analyses physico-chimiques. » Ces mesures ont été récemment utilisées pour la mise à jour des références Corpen. Elles ont montré que par rapport à l’azote excrété, la part de l’azote volatilisé est de 21 % en système lisier (50 % dans la version Corpen 2006), 32 % en système fumier (vs. 30 à 55 %) et 20 % en système fientes (vs. 25 à 30 %).

L’élevage en cage moins émissif


Les mesures permettent aussi de comparer les systèmes. En poule pondeuse, les élevages en cages ont globalement les niveaux d’émission d’ammoniac (NH3) et de protoxyde d’azote (N2O) les plus faibles. « En élevage au sol, les variations sont grandes, précise Paul Ponchant. Les bâtiments sur sol les moins émetteurs ont des émissions similaires aux élevages en cages. » En volailles de chair, la durée d’élevage et l’espèce influent sur les émissions de NH3, poulets lourds ou certifiés émettant plus que les poulets standards. La corrélation est moins forte pour le N2O, lié surtout à la qualité et à la gestion de la litière. Quelle que soit la production (chair ou ponte), aucune conclusion n’a pu être tirée pour le méthane. L’intérêt des additifs ajoutés dans la litière a été démontré. Sur des élevages fortement émetteurs (35 g NH3/animal), des complexes de microorganismes ont réduit les émissions de 27 %. D’autres mesures sur dix-sept bâtiments maîtrisant déjà bien les émissions de NH3 (3,5 g/animal), ont montré que les complexes de microorganismes permettent encore de réduire les émissions de NH3 de 8 à 9 % et qu’un additif minéral les réduit de 15 %. « Les additifs pourraient donc être une solution pour réduire les émissions d’ammoniac », termine Paul Ponchant.

Favoriser les élevages les moins polluants

 

L’Inra travaille à la création d’un indicateur des émissions. « Le projet serait basé sur le volontariat, explique Paul Robin, de l’Inra. Le principe est que, si un élevage a un niveau d’émissions nettement inférieur à la moyenne, il pourrait être rémunéré pour ses services environnementaux. » La référence moyenne serait fournie par le Centre interprofessionnel d’étude de la pollution atmosphérique (Citepa), un organisme officiel qui fait l’inventaire des émissions. Une méthode simplifiée serait utilisée pour les mesures. Huit classes seraient établies en tenant compte des 50 % d’incertitude de mesure.

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