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Pratiques vétérinaires médicamenteuses
Les usages d'antibiotiques baissent encore en aviculture

Dans un contexte général de baisse des ventes d’antibiotiques en 2018, le secteur des volailles poursuit sa démédication avec un net recul de l’exposition de 11,3 %.

Depuis 2011, on finissait par s’habituer à la décroissance continue des ventes d’antibiotiques mesurées chaque année par l’Anses. Cette année l’agence sanitaire a annoncé un certain ralentissement. Avec 471 t (dont 86 t en volailles), les volumes vendus ont baissé de 5,5 % entre 2017 et 2018 (- 8,8 % en volailles). Ils sont certes à leur plus bas niveau depuis 1999 (1371 t), mais pas l’exposition des animaux.

« Il semble que la réduction de l’utilisation atteint un palier pour certaines familles et il convient d’être vigilant dans l’évolution de l’exposition », indique le rapport publié le 18 novembre, à l’occasion de la semaine mondiale du bon usage des antibiotiques. Cette exposition est notamment estimée par l’indicateur Alea qui est égal au poids vif traité calculé, divisé par la masse de la population animale produite.

Un Alea égal à 1 signifie que la totalité de la production a été traitée une fois. Avec une valeur moyenne de 0,37, l’exposition animale globale a augmenté de 0,7 %, avec de fortes disparités : augmentation de 8,4 % en bovins (Alea de 0,273) et de 2 % en lapins (1,832), baisse de 2 % en carnivores domestiques (0,629), de 2,7 % en porc (0,607) et de 11,3 % en volailles toutes espèces confondues (0,454). En revanche, avec un Alea à 0,454, les volailles sont la troisième production la plus exposée.

L’objectif du recul de la colistine quasi atteint

Soignant les affections bactériennes à caractère digestif et générant peu de résistance bactérienne (1 à 2 %), la colistine est une molécule intéressante pour les productions animales. En 2018, un peu moins de la moitié des 13 t vendues a été utilisée par les volailles.

Mais en santé humaine, la colistine est considérée comme un antibiotique de dernier recours pour certaines pathologies. D’autre part, un mécanisme de résistance transmissible à d’autres espèces de bactéries a été décrit fin 2015. Tout cela a conduit les autorités, à travers le plan Écoantibio 2, à vouloir réduire de 50 % l’exposition des animaux d’élevage d’ici 2021.

La profession a bien suivi cette préconisation. La réduction est déjà acquise pour la filière porcine (- 63,2 %) et en voie d’être atteint pour les bovins (- 47,9 %) et les volailles (- 49,1 %) souligne l’Anses.

Stabilisation de la baisse des résistances bactériennes

Parallèlement, la baisse des ventes continue à s’accompagner d’une diminution de la résistance des bactéries aux antibiotiques, mais elle est de moins en moins forte. L’Anses suit l’évolution des résistances bactériennes à travers le Résapath. Ce réseau de surveillance les quantifie en analysant les antibiogrammes que lui transmettent les laboratoires d’analyses vétérinaires.

L’analyse est complexe car elle croise toutes les espèces d’animaux, toutes les bactéries et tous les antibiotiques disponibles. En 2018, 55 000 antibiogrammes ont été traités.

Pour les 11 700 antibiogrammes concernant les volailles, c’est le germe E. Coli qui domine dans 76 % des cas, très loin devant Staphylococcus aureus (3,8 %), Enterococcus cecorum (3,1 %), Ornithobacterium rhinotracheale (3,2 %) et Riemerella anatipestifer (2 %).

Il faut retenir que les efforts réalisés par les éleveurs et leurs encadrants pour améliorer les bonnes pratiques médicamenteuses et d’élevage ont porté leurs fruits. « La dominante globale d’E. Coli vis-à-vis des antibiotiques autres que la colistine est à la stabilisation », note l’Anses qui souligne aussi la diminution de la résistance à la tétracycline en volailles.

L’agence précise aussi que les E. Coli résistantes de type BLSE sont passées de 62 % dans la viande de poulet en 2016 à 26 % en 2018. Même si les deux rapports de l’Anses laissent entrevoir un palier, les filières ne doivent pas avoir le sentiment d’avoir gagné la bataille de l’antibiorésistance. Il ne faudrait pas baisser la garde, au risque de constater une résurgence de bactéries résistantes ou l’émergence de nouvelles bactéries venues remplacer les précédentes.

« Maintenir la dynamique de maîtrise »

 

À retenir en 2018 pour les volailles

- 86 tonnes vendues : - 57,3 % par rapport à 2011 (année de référence)

- exposition globale : - 11,3 % par rapport à 2017 et - 54,8 % par rapport à 2011

- exposition aux fluoroquinolones : - 30 % par rapport à 2017 et - 65,5 % par rapport à 2013 (année de référence)

- exposition à la colistine : - 49,1 % par rapport à 2014-2015 (année de référence)

 

Attention aux antibiotiques critiques

L’Anses constate que l’exposition aux molécules critiques (fluoroquinolones et céphalosporines) a réaugmenté en 2018. Pour les fluoroquinolones, seules autorisées en volailles, la hausse annuelle est 14,2 %. Avec 30 % de réduction, la volaille est le seul secteur à les réduire, et ce de manière significative.

La Loi d’avenir pour l’agriculture, votée fin 2014, a donné pour objectif de baisser de 25 % en trois ans l’usage des antibiotiques critiques. Il a été atteint en 2016 à la suite du durcissement de la prescription-délivrance sur ces molécules.

Peut mieux faire en Santé humaine

En 2018, il s’est vendu 728 tonnes d’antibiotiques destinées à la santé humaine en France, dont 81 % dispensés par la médecine de ville (hors prescription hospitalière et établissements des santé). L’usage reste stable depuis dix ans, avec 23,5 doses journalières prises pour 1 000 habitants en 2018 (24,1 doses en 2008) et 2,38 prescriptions/1 000 hbts/jour (2,81 en 2009). C’est encourageant, mais la France pourrait mieux faire, car elle se situe au troisième rang des plus gros consommateurs européens (derrière la Grèce et Chypre), le pays moins consommateur étant les Pays-Bas avec 9,7 doses, loin de la moyenne européenne (19,8 doses/1 000 hbts/jour).

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