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Elevage de dindes : Le « brood and move » à la française tâtonne

Le démarrage en densité supérieure suivi d’un transfert en bâtiment d’engraissement limite les frais de chauffage mais l’effet sur les performances n’est pas toujours visible. La conduite de cette technique, prometteuse, reste à optimiser.

1Dindonneaux de 28 jours avant transfert. Le niveau d’équipements des bâtiments 
de démarrage est essentiel pour la réussite de ce mode de production.
1Dindonneaux de 28 jours avant transfert. Le niveau d’équipements des bâtiments
de démarrage est essentiel pour la réussite de ce mode de production.
© A. Puybasset

Depuis 2012, le programme Néodinde teste un nouveau schéma de production de dindes basé sur le démarrage en poussinière à densité supérieure suivi d’un transfert d’une partie des animaux en bâtiment d’engraissement. Inspirée du modèle de production allemand, cette technique est un des leviers pour redynamiser la filière française et retrouver de la compétitivité. Plutôt réservé aux exploitations spécialisées en dinde et de grande taille, ce modèle de production peut être complémentaire au schéma classique avec des bâtiments polyvalents pour conserver de la souplesse de marché. Arrivé à mi-parcours, le programme de recherche a livré ses premiers résultats à l’occasion d’une journée Innov’action des chambres d’agriculture, organisée chez Joseph et Vincent Fortin. Installés à la Verrie en Vendée et spécialisés en dinde avec 4400 m2 sur deux sites, ils pratiquent depuis longtemps cette technique, qui leur a permis de réduire les consommations de chauffage (-15 à 20 %) et le temps de travail (20 à 25 %). Les chambres régionales d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, associées à l’Itavi, testent actuellement deux itinéraires techniques dans cinq élevages pilotes. Les premiers résultats confirment la baisse des consommations de gaz et de litière, aussi constatée par l’enquête avicole de 2013. « Vingt-cinq éleveurs de l’échantillon de l’enquête pratiquent le démarrage en poussinière. La baisse des charges variables atteint 11 à 12 %, due principalement à une réduction des charges de chauffage de 20 à 25 % par lot », a précisé Élodie Pigache, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.



En adaptant le matériel au stade physiologique, voire au sexe dans le cas d’un engraissement sexé, ce concept, conduit avec des densités après transfert similaires à celles du schéma classique, devrait permettre une meilleure expression du potentiel de croissance. Mais contrairement aux attentes, ni l’enquête avicole ni le suivi des élevages pilotes n’ont mis en évidence une amélioration nette des performances, qui restent proches de celles des élevages en conduite classique. Les raisons sont liées à la forte variabilité entre les élevages pratiquant cette technique. C’est en particulier le cas pour les âges au transfert (allant de 20 à 42 jours pour la souche médium) et pour la densité au démarrage (de 8,7 à 17,5 animaux/m2). Selon l’enquête, « les élevages avec une densité supérieure ont des taux de mortalité plus élevés. Un transfert trop jeune (avant 28 jours) pénalise les performances (phase critique du démarrage) et limite les économies de gaz. Trop tardif, il peut entraîner des risques sanitaires du fait d’un chargement élevé. » Il s’agit donc de trouver le bon compromis entre l’âge au transfert (autour de 28 jours) et la densité, en fonction des caractéristiques de chaque élevage. « Quoi qu’il en soit, le niveau d’équipement au démarrage est déterminant pour la réussite de ce modèle de production. »

Les éleveurs qui ont témoigné lors de la porte ouverte l’ont tous répété. « Ce qui est perdu à 28 jours sera dur à récupérer », confirme Didier Sort, d’Hybrid. Il recommande de s’approcher du standard de la courbe avant le transfert. Pour Jérôme Noirault, d’Aviagen, la technique du démarrage en poussinière n’est pas une fin en soi. « L’objectif n’est pas seulement d’augmenter le kilotage de vif mais d’optimiser la production de viande en favorisant l’expression du potentiel génétique. Pour le sélectionneur, cela implique de baisser les densités actuellement pratiquées en élevage. »
En ce sens, le programme Néodinde pourrait donner l’opportunité de faire évoluer les contrats pour y intégrer des indicateurs tels que le rendement en viande…


Un effet bénéfique attendu sur les rendements en viande

 

Les essais en élevages pilotes se poursuivent jusqu’à la fin de l’année et viseront à optimiser la conduite des lots. Les rendements filets vont également être mesurés pour évaluer l’impact sur la production de viande. L’élevage en sexe séparé avec baisse des densités en engraissement aura probablement un impact positif sur les performances d’élevage et d’abattage. « L’intérêt d’une alimentation spécifique aux mâles, de la suppression du dégriffage des femelles et d’une densité plus faible en engraissement doit être expérimenté », complète Dylan Chevalier, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire et de l’Itavi, qui précise qu’un document technique sera diffusé au Space pour rappeler les fondamentaux de l’élevage. « L’impératif pour notre filière est de retrouver de la compétitivité, a rappelé Gilles Le Pottier, du Cidef. Notre but ultime n’est pas de copier littéralement le modèle allemand mais de l’adapter en tenant compte de nos spécificités, notamment de souches. »

Deux schémas de production testés

 

. L’engraissement sexé à densité réduite : après le démarrage en poussinière à 16 sujets/m2, les mâles sont transférés dans un bâtiment d’engraissement à 4/m2 tandis que les femelles occupent toute la poussinière (8/m2). Après l’enlèvement des femelles à 12 semaines, la poussinière reçoit un nouveau lot tandis que l’engraissement des mâles se termine jusqu’à environ 18 semaines.
Les mâles du lot n+1 sont desserrés dans le bâtiment d’engraissement 3 à 4 semaines après l’enlèvement des mâles du lot n. Cette technique, qui améliore la rotation, est réservée à des bâtiments sur sites séparés.

. L’engraissement mixte à densité classique : après le démarrage à 15 sujets/m2 dans le bâtiment de démarrage, la moitié des mâles et des femelles est transférée dans un second bâtiment d’engraissement, à une densité moyenne de 7 à 8/m2. Après l’enlèvement des femelles (semaine 12), les mâles occupent toute la longueur des bâtiments. Certains éleveurs produisent ainsi un lot de poulets en « dérobé ».

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