La filière volailles standard veut combler son retard
Après les turbulences internes des trois dernières années, la filière poulet-dinde a besoin d’une dynamique d’investissements pour profiter des vents porteurs de la consommation.
Alors que les filières lait, bovin et porc – si on peut encore parler de « filière » - traversent chacune une crise, celle des volailles standard apparaît relativement en bonne forme. Quelques statistiques le confirment. Au premier semestre, la production globale a crû de 1,5% et la consommation de 1%. C’est le poulet qui mène la danse avec une progression de 3,2% pour la production, destinée aux exportations, notamment vers le Moyen-Orient, et au marché intérieur. Mais ce n’est pas suffisant, de sorte que les importations continuent de progresser de manière importante. Treize mille quatre cent tonnes supplémentaires, essentiellement en provenance de la Pologne, sont venues combler le manque de marchandise. La demande en poulet a eu pour effet mécanique de réduire la production de la dinde, par un transfert des surfaces vers le poulet. Dans le même temps, les exportations de dinde ont été porteuses et les importations ont baissé, de sorte que le marché intérieur s’est réduit de 6%. Une autre explication avancée par l’interprofession de la dinde (Cidef) est la quasi-absence de promotions en GMS. « L’effet prix est primordial, assure Patrick Pageard, président du Cidef. Moins de promo, c’est moins d’achat. »
Encourager les éleveurs par le prix
Cette sensibilité vis-à-vis du prix touche aussi les éleveurs. La garantie de débouchés en croissance et des contrats pérennes devraient les inciter à investir massivement. C’est loin d’être le cas, particulièrement en dinde pour laquelle les éleveurs connaissent des soucis de maîtrises nutritionnelles et sanitaires. Produire de la dinde devient souvent un sacerdoce. « Notre souci à venir ce ne sera pas de trouver des débouchés, ni de trouver des surfaces, témoigne un responsable professionnel dans une organisation de production bretonne. Nous allons manquer d’éleveurs, y compris dans les régions d’élevages avicoles denses. » Force est de constater que la filière commence à payer quinze années d’éleveurs malmenés. Le président de la CFA, Jean-Michel Schaeffer, abonde dans ce sens. « Un éleveur qui investit dans 2500 m2 récolte un revenu moyen de 9700 euros. » Le syndicat milite pour une revalorisation urgente des rémunérations de cinq centimes d’euro du kilo vif. Pourtant des hausses de contrats ont eu lieu au premier semestre souligne Patrick Pageard, allant de 1 à 4 euros par mètre carré.
Investir pour la compétitivité
Pour faire tourner leurs usines dans lesquelles ils investissent, les principaux opérateurs ont de gros besoins (plus de 100 000 m2/an chez LDC, 70 000 m2 chez Doux). Ils le font savoir à coup d’aides importantes à la construction (25% de l’investissement plafonné à 225 euros/m2 chez Doux), moyennant un contrat de fourniture sur plusieurs années. Ils en ont absolument besoin pour donner l’impulsion nécessaire au redécollage de la compétitivité française. C’est techniquement possible, mais cela PEUT prendre encore un peu de temps. Le temps pour les éleveurs constructeurs de traverser les formalités administratives, le temps pour les organisations de production d’adopter de « nouveaux » modèles de production inspirés de nos voisins et le temps pour les maillons des filières de moderniser leurs relations contractuelles. En attendant le rattrappage par le prix, la profession va devoir continuer de résister aux importations, en faisant preuve d’innovation sur les produits ou les services pour s’en différencier autrement qu’en misant seulement sur l’origine France.
Jusqu’a 16 % d’amélioration
En cumulant quatre strategies techniques employees en Europe (desserrage et alourdissement, nutrition, renovations et constructions BEBC), l’Itavi a calcule que le cout de production amont du kilo de filet peut reculer potentiellement de 16 %, et de 6 % sur le cout du vif. Cet outil de simulation est mis a disposition des organisations productrices.