Aller au contenu principal

Frédéric Grimaud encourage à « se regrouper pour être de nouveau compétitifs »

Ce sera très difficile, mais le chemin du retour à la compétitivité passe par une volonté commune et un véritable partenariat franco-français, estime Frédéric Grimaud

Pour Frédéric Grimaud, se demander 
collectivement quoi développer de nouveau 
et de différent » est une démarche indispensable pour un retour à la compétitivité.
Pour Frédéric Grimaud, se demander
collectivement quoi développer de nouveau
et de différent » est une démarche indispensable pour un retour à la compétitivité.
© Grimaud

. Quels sont, selon vous, les leviers à actionner pour être compétitifs ?


Frédéric Grimaud - « Les prix des produits de consommation courante, comme la viande de porc et de poulet, sont fixés par le marché et malheureusement pas seulement par leurs metteurs en marché. La compétitivité dépend donc beaucoup de la performance industrielle, c’est-à-dire de la productivité de la filière, mais aussi de la position sur le marché des opérateurs, et bien sûr des stratégies marketing. Un leader bénéficie de l’effet de volume qui lui permet de mieux s’optimiser au niveau industriel et d’imposer sa marque. En France, nous ne bénéficions plus de l’effet « nouveauté » comme c’est aujourd’hui le cas pour certains pays émergents. Hormis les Etats-Unis, avec leur très grand marché domestique, les pays aujourd’hui les plus compétitifs sont des acteurs qui ont construit leur industrie avicole sur des bases neuves, avec des méthodes industrielles optimisées d’entrée : le Brésil depuis quinze-vingt ans, l’Allemagne et la Pologne plus récemment, l’Ukraine ou la Russie bientôt… En France, il reste difficile de faire évoluer les exploitations familiales placées dans un environnement politique et social qui a tendance à bloquer les nécessaires évolutions. »

 

.  Comment sortir de ce blocage et de cette absence de dynamique ?


F. G. - « Le retour à la compétitivité ne se fera pas les uns contre les autres. Les Danois en porc et les Allemands en volaille ont compris cela. Les Allemands savent travailler dans une démarche nationale, en s’épaulant pour que chacun y trouve son compte. Peut-être pour des raisons culturelles, les entreprises françaises en sont encore trop souvent
à des batailles de clocher, pensant qu’elles pourront résister et se développer seules. Que d’énergie dépensée en polémiques et critiques souvent stériles. L’enjeu compétitif n’est plus franco-français, mais européen et mondial. Plutôt que de défendre coûte que coûte des acquis, nous pourrions collectivement nous demander quoi développer de nouveau et de différent pour défendre nos positions sur un marché bataillé. »


. Comment votre entreprise de sélection génétique fait-elle son affaire de la bataille de la compétitivité ?


F. G. - « Notre métier se caractérise par des coûts fixes très élevés que nous amortissons sur un grand nombre de pays, pour équilibrer les risques. Hélas, tous les marchés ne sont pas porteurs en même temps. En France, nous avons connu des périodes compliquées. Il a fallu changer et faire des choix. À chaque fois plusieurs options sont possibles. C’est souvent davantage la persévérance et la faculté de mise en œuvre de l’option retenue, plutôt que le chemin choisi, qui sont la clé d’une sortie par le haut. L’innovation est aussi un des éléments essentiels de notre stratégie. »


.  La France peut-elle encore jouer un rôle sur la scène internationale ?


F. G. - « Oui, sans aucun doute ! Mais nous sommes aujourd’hui sur la défensive face à de nouveaux entrants sur notre marché. À l’image des Danois en porc ou des Brésiliens en volailles, on pourrait développer une politique volontariste de conquête de marchés nouveaux, à condition d’en avoir la volonté et de bénéficier d’un fort soutien politique. La France a de sacrés atouts, avec de l’espace et des compétences en élevage et pour la production de céréales en quantité et en qualité régulières, à des prix compétitifs. On pourrait aussi mettre en place de nouvelles bases pour la production de vif et des outils industriels automatisés. On pourra y arriver à condition de sortir du syndrome du « village gaulois d’Astérix », pouvoirs politiques compris. »

Compétitivité : un colloque en décembre 2013

 

 

Le 10 décembre 2013 à Paris, Frédéric Grimaud participera à la table ronde du colloque
« Les filières animales face au défi de la compétitivité » organisé par le réseau mixte technologique Économie des filières animales, qui regroupe l’ensemble des instituts techniques.

Les plus lus

En 2022, le poulet lourd non sexé a encore amélioré sa marge brute (+88 en deux ans), dépassant même le lourd sexé.
Enquête avicole : Les marges des volailles de chair ont grimpé en 2022

L’enquête avicole des chambres d’agriculture portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 en Bretagne, Pays de…

Éric Dumas, président du Cifog : « Nous demandons la prolongation de la campagne de vaccination des canards ainsi que la poursuite de l’accompagnement financier de ...
La filière foie gras se remplume

Le secteur du foie gras retrouve l’optimisme avec le retour d’une offre sanitairement maîtrisée et la montée en gamme des…

pour entrée si besoin
La hausse de l’âge des exploitants avicoles devient préoccupante

L’analyse des données du recensement agricole 2020, réalisée par l’Itavi fin 2023, montre que comparativement aux autres…

L’atelier avicole facilite la transmission de l'exploitation

Lors du recensement agricole de 2020, il a été demandé quel serait le devenir de l’exploitation à horizon trois ans lorsque l’…

Bureaux de MHP à Kiev. L'accord avec l'UE profitera surtout aux actionnaires de MHP et peu au peuple ukrainien.
137 000 tonnes de filets de poulet ukrainien sans droits

La prolongation des mesures commerciales autonomes pour l’Ukraine a finalement été largement validée par les eurodéputés le 23…

Frédéric Chartier, président d'ARmor oeufs, entre Thierry Coatrieux (directeur) et  Coralie Jézéquel (trésorière) :  « Armor œuFrédéric Chartier, président ...
Filière œufs : Le groupement Armor œufs optimiste pour les cinquante ans à venir
En fêtant ses 50 ans d’existence, Armor œufs a voulu transmettre à la troisième génération d’adhérents les valeurs lui ayant…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)