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Enfouir le lisier de canard dans les règles

À défaut de pouvoir assainir le lisier de canards, l’enfouissement immédiat devient la règle, ce qui se traduit par des surcoûts et des changements de pratiques d’épandage.

Depuis février 2016, des mesures plus strictes de biosécurité visent à limiter l’introduction des virus influenza dans les élevages et leur propagation entre sites. Aucun virus ne devrait plus pouvoir pénétrer « par le ciel » ou « par la porte ». Aucun virus qui se serait multiplié dans un élevage ne devrait pouvoir s’en échapper par l’intermédiaire de l’homme, du matériel, des animaux et des coproduits (plumes, effluents, cadavres…). Voilà pourquoi les pouvoirs publics ont durci le recyclage des lisiers de canards, qui constituent une source importante de diffusion.

Faute de pouvoir qualifier le statut de chaque effluent avicole vis-à-vis des virus influenza (notamment des faiblement pathogènes sans expression clinique), tout lisier frais est considéré « non assaini ». Ce statut impose un enfouissement immédiat, si l’éleveur souhaite épandre sans attendre que le produit soit « assaini ». Dans l’état actuel des connaissances, on estime qu’un lisier s’assainit naturellement après un stockage prolongé d’au moins 60 jours sans nouvel apport ou bien après traitement par la chaleur ou par l’élévation du pH.

Avec des fosses alimentées continuellement en lisier frais, l’immense majorité des élevages de canards de chair et de gavage sont dans l’impossibilité d’assainir. De plus, l’ajout de chaux est dangereux pour l’opérateur et corrosif pour le matériel. Et cela coûte cher (de l’ordre de 3 euros/m3 traité). Enfin, le chauffage dans une unité de méthanisation n’est possible que si l’unité se trouve à moins de 20 km et si elle peut accepter du volume supplémentaire.

Au bout du compte, l’enfouissement immédiat est incontournable la plupart du temps. Dans les faits, une part encore importante est épandue sans enfouissement immédiat, par aspersion dans l’air avec une buse palette, ou par écoulement sur le sol à l’aide de rampe de pendillards. Cela a l’avantage de s’adapter à tout type de parcelle (arable ou prairie), avec les inconvénients des odeurs, des risques de ruissellement et des pertes de fertilisants. À condition d’un recouvrement dans la foulée (covercrop, labour), le pendillard est encore possible et la buse fortement déconseillée.

Des éleveurs de canards vont devoir choisir d’externaliser l’épandage ou d’investir seuls ou en commun dans du matériel plus performant, mais plus cher d’environ 25 000 euros. Ces équipements sont au point, mais plus ou moins adaptés, selon la couverture des sols : injecteurs pour prairie, enfouisseurs déchaumeurs à disque ou à dents, enfouisseurs à disques polyvalents culture-prairie. Ceux qui pratiquent déjà l’enfouissement immédiat en commun ou le font pratiquer par un tiers vont être confrontés à la décontamination du matériel, à la perte de temps d’intervention et à l’augmentation des frais de nettoyage.

Le surcroît de sécurisation du lisier pose une fois de plus la question de la prise en charge de la biosécurité : individuelle par le producteur ? Collective par la filière ou citoyenne par le consommateur ?

« la biosécurité oblige à travailler différemment »

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