E-doggy, un chien robot testé pour rentrer les volailles
Dans les Landes, la coopérative Maïsadour développe depuis un an un chien robot qui pourrait à l'avenir prendre le relais de l’éleveur pour rentrer les volailles.
Dans les Landes, la coopérative Maïsadour développe depuis un an un chien robot qui pourrait à l'avenir prendre le relais de l’éleveur pour rentrer les volailles.
L’innovation est quelque peu spectaculaire. Un chien robot baptisé « e-doggy » est en cours de développement conçu pour rentrer les poulets à la tombée de la nuit dans les poulaillers sans intervention de l’éleveur. Le chien robot automatiserait cette tâche chronophage et quotidienne. Les poulaillers en question sont des cabanes landaises d’une surface maximum de 60 m² où sont élevées des volailles Label rouge en totale liberté. « Une fois qu’il aura rentré les volailles, le chien robot se connectera à la cabane pour déclencher la fermeture des trappes. Ce système pourra être piloté à distance par l’éleveur », explique Laurent Audoin d’Elevage Service, filiale de Maïsadour. Relié à internet en 4G, e-doggy émettra une alerte à l’éleveur l’informant que les trappes sont fermées et transmettra un rapport.
Création d’un jumeau numérique
Aussi depuis l’été 2024, le robot chien est entrainé à la reconnaissance des volailles et à la mobilité par la société landaise Evotech, et ce, grâce à l’intelligence artificielle. « Nous avons modélisé le chien sur ordinateur, on parle de « jumeau numérique ». Nous demandons à l’IA, par exemple, de marcher sur une ligne droite. L’entraînement des robots sur ordinateurs peut être réalisé 100 000 fois, voire plus, jusqu’à ce que l’essai demandé soit validé. Les robots doivent beaucoup échouer pour apprendre. Une fois la mobilité acquise, nous passons de la simulation au réel », explique David Gavend, cofondateur de la société Evotech, spécialisée à l’origine dans les ordinateurs pour drone. L’entraînement terminé, le système a intégré le robot équipé de trois moteurs par patte, de capteurs, de trois caméras pour une vision de jour comme de nuit à 360° et d’un lidar (cartographie). « L’avantage est qu’il passe partout et peut monter des escaliers », précise David Gavend pilotant le chien pour qu’il entre et sorte du poulailler par une trappe. En cours de développement, le robot doit encore acquérir d’autres capacités. Rentrer les poulets « récalcitrants », effrayer les prédateurs avec du son et des lumières, être 100 % autonome en condition réelle. Conçu pour être autonome trois heures durant, le chien robot est rechargé sur une station dédiée. Son prix objectif : un coût inférieur à 10 000 euros et une date annoncée à l’été 2026 pour être opérationnel.
Un robot pour réduire l’astreinte
Mathieu Labarthe, installé depuis cinq ans à Begaar dans les Landes, exploite 27 cabanes appelées aussi « marensines » avec un associé et un salarié sur 140 hectares de SAU. Ici, les poulets Label rouge se promènent sous les pins en liberté. Chaque soir à la nuit tombée, été comme hiver, pour éviter la prédation par les renards et même les sangliers, les éleveurs ferment manuellement les deux trappes des cabanes. Sur l’élevage, la mortalité « inexpliquée » par les prédateurs atteint 2 %. Rentrer les volailles, en été, demande à Mathieu Labarthe d’être présent à partir de 22 heures pendant une heure et demie, voire plus. Ici il n’y a pas de raccordement électricité. « Quand la journée de travail débute le lendemain à 6 h 30, les éleveurs s’épuisent, ils ont peu de sommeil. C’est une grosse pénibilité », confirme-t-il. Et d’ajouter : « L’hiver, il faut être présent à 18 heures. Ce n’est pas toujours facile de s’organiser avec la vie de famille. » À l’avenir, e-doggy fera ses rondes, programmé selon la saison et la luminosité. Pour Mathieu Labarthe, un investissement de 10 000 euros dans le chien robot « tient la route » économiquement. « Il pourrait même être échangé entre deux élevages en bande unique avec des plannings décalés. »