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Du lisier traité par double séparation de phase

La SCEA Argos 2000 a investi dans le nouveau procédé de traitement du lisier CRD. Grâce à l’abattement du phosphore, il permet de réduire de deux tiers leur surface d’épandage.

À l’occasion d’une réunion d’éleveurs organisée par Val’iance, Séverine et David Poché ont ouvert les portes de leur élevage, à Chazé-sur-Argos dans le Maine-et-Loire. Spécialisés en canards de Barbarie, ils ont construit l’an dernier un bâtiment dynamique de 1 500 m2, portant la surface totale à 3 100 m2 avec trois canardiers. « Avec le projet d’agrandissement, notre besoin en surface d’épandage est passé à 300 hectares pour un volume annuel de lisier de 2 800 m3. Nous ne disposions que de 100 hectares épandables dont 60 ha en fermage et le reste d’un prêteur de terre. Nous n’avions pas d’autre choix que d’investir dans un système de traitement du lisier permettant d’abattre d’au moins 70 % la teneur en phosphore des effluents à épandre, explique le couple d’éleveurs. Or, les procédés existants (par tamis vibrant, par centrifugeuse ou par vis sans fin) n’arrivaient pas à de telles concentrations du phosphore." Ils se donc tournés vers l’entreprise CRD. Spécialisée dans le traitement des effluents, elle vient de mettre au point un procédé de traitement par double séparation de phase. Il consiste en deux traitements successifs, avec un premier passage du lisier dans un séparateur par tamis vibrant (procédé éprouvé depuis 2002) puis dans un séparateur à disques mobiles. Le prototype a été mis en place à la SCEA Argos 2000 durant l’été 2015. L’efficacité du traitement a été mesurée par l’Itavi. À l’issue de la double séparation de phase, la matière solide concentre 93 % du P2O5 du lisier d’origine, soit largement au-dessus de l’objectif fixé. Avec un séparateur à tamis vibrant seul, le taux de piégeage du phosphore était d’environ 40 %. Le taux d’abattement de l’azote total atteint pour sa part 67 %. Le refus de séparation, ressort à environ 22 % de matière sèche. Il est stocké en attendant d’être repris par la station de compostage Fertil’Eveil. Le lisier clair est épandu sur les 100 hectares du plan d’épandage.

Une aide substantielle de l’agence de l’eau

Le système de traitement a été installé dans un ancien canardier à proximité des bâtiments d’élevage. Il est approvisionné par une fosse à lisier, elle-même reliée aux préfosses des canardiers (voir infographie). Les séparateurs sont démarrés le 10e jour, suite au premier raclage. À partir de 3-4 semaines, la séparation de phase fonctionne environ 12 heures par jour, jusqu’à la fin du lot. Le système, automatisé, demande peu de main-d’œuvre. « J’y consacre vingt minutes par jour en moyenne pour la surveillance et la mise en andain du refus de séparation faite une à deux fois par semaine », précise David Poché. « Pour favoriser la mise en suspension des particules, un floculant puis un coagulant sont ajoutés automatiquement au cours du process », complète Louis Rolland, dirigeant de CRD. Les éleveurs ont pu bénéficier d’une subvention de l’Agence de l’eau de 46 300 euros. L’investissement reste néanmoins conséquent. Le coût total s’élève à 132 000 euros (80 000 euros pour le séparateur à disques, 41 000 pour le tamis et 11 000 euros de maçonnerie). Le solde de 85 700 euros est financé par un prêt bancaire sur 10 ans, soit une annuité de 3 euros par m2 auquel il faut ajouter l’achat des produits biodégradables (2 euros/m3). « C’est le prix à payer pour pouvoir continuer à produire », relèvent les éleveurs. Les frais de maintenance se limitent au remplacement des filtres du tamis chaque année (700 euros). « Les premiers tamis vibrants construits en 2002 fonctionnent toujours. Les disques du second séparateur tournent très lentement, il y a peu d’usure », précise Louis Rolland. La puissance électrique est de 0,5 kW/m3 et de 0,65 kW/m3 pour chacun d’eux.

Armelle Puybasset

Procédé CRD à la SCEA Argos 2000

 

  • La fosse à lisier est équipée d’un mixeur et d’une pompe CRD (pas besoin de grilles pour filtrer les plumes)
  • Le lisier brut est envoyé vers le séparateur à tamis vibrant, situé à 3 mètres de hauteur.
  • La partie solide A tombe au sol et s’amasse en tas. La partie liquide A est envoyée dans une cuve de 20 m3 et est mélangée avec un coagulant. Le floculant est ajouté juste avant l’arrivée dans le séparateur à disques.
  • Alimenté par une pompe péristaltique, il est constitué de disques en inox, tournant à vitesse lente autour d’une vis sans fin, entraînant l’effluent. La fraction solide B qui en ressort rejoint le premier tas. La partie liquide B s’échappe à travers les disques en inox entourant la vis sans fin. La mobilité des disques et leur nettoyage automatique par des buses évitent tout colmatage.
  • La fraction liquide finale B est stockée dans une fosse. Ce lisier clair sera épandu.
  • Les deux fractions solides A + B sont posées en andain puis reprise par la station de compostage Fertil’Eveil.

 

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