DOSSIER
DOSSIER - Le chantier Écoantibio démarre en aviculture
La sensibilisation à l'antibiorésistance est amorcée. L'heure est à la concrétisation des quarante mesures
du plan quinquennal Écoantibio, qui nécessite
une mobilisation collective dans la durée.
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C'est un premier signal positif : depuis deux ans, l'exposition moyenne des volailles aux antibiotiques est en légère baisse. L'indicateur Alea a diminué de 5,6 % entre 2011 et 2012, selon l'Agence nationale du médicament vétérinaire. Cette tendance fait suite à une augmentation importante des usages durant la dernière décennie (+48,5% depuis 1999). Elle montre néanmoins que la prise de conscience sur les risques de l'antibiorésistance est réelle et qu'elle commence à porter ses fruits. D'autres évolutions sont encourageantes. La sensibilité des bactéries Escherichia Coli à l'enrofloxacine, une fluoroquinolone faisant partie des molécules « critiques », a tendance à réaugmenter en volailles, comme pour d'autres productions. Le réseau Résapath, animé par l'Anses, interprète cette récupération générale par la sensibilisation des acteurs économiques. De même, la résistance au ceftiofur des E. coli isolées en Gallus est passée de 21 % en 2011 à 14 % en 2012. Cette molécule de la famille des céphalosporines était utilisée dans des couvoirs, en dépit de l'absence d'AMM. Cette bonne nouvelle est toutefois à relativiser, car le niveau de résistance reste élevé par rapport à d'autres espèces.
Lancé fin 2011 par le gouvernement, le plan Écoantibio(1) vise une réduction de 25 % en cinq ans de l'exposition aux antibiotiques dans les filières animales. Il s'agit avant tout d'un enjeu de santé publique. L'objectif est de contribuer à la diminution de la résistance bactérienne aux antibiotiques et de conserver un arsenal thérapeutique pour l'homme, mais aussi pour l'animal. L'éleveur et le technicien sont surtout concernés par l'axe 1, qui porte sur la sensibilisation à l'antibiorésistance et à l'information sur les bonnes pratiques, et par l'axe 3, qui traite de l'encadrement réglementaire et de la réduction des pratiques à risque.
Certaines mesures sont bien engagées. Chargé de l'application concrète d'Écoantibio à la direction générale de l'alimentation (DGAL), Jean-Michel Picard est convaincu que les filières ont compris leur intérêt à y participer, qu'elles sont en train de l'appliquer et qu'elles atteindront l'objectif. Mais ont-elles le choix ?
Concernant le volet sensibilisation et information, des cessions de formation ont démarré. Spontanées, via les organisations de production et les vétérinaires, ou programmées dans le cadre de formations (Avipole Formation...) ou de journées techniques de l'Itavi. Plutôt que de rabâcher les consignes de biosécurité et de confort animal, il importe surtout de lever les points de blocage, techniques et psychologiques. Par exemple, réfléchir à des pratiques qui permettront de limiter la circulation des bactéries entre élevages (logistique sécurisée, gestion des effluents, épandages raisonnés...). Pour aider les éleveurs à évaluer leur utilisation d'antibiotiques et identifier les marges de progrès, un outil d'acquisition de références devrait être suivi par l'Itavi. Avant d'arriver à un changement des pratiques, les vétérinaires avicoles Jacques Roberton et Jérôme Durand, insistent surtout sur l'évolution des mentalités. Cela concerne l'éleveur, mais aussi le technicien et l'organisation de production.
Un durcissement réglementaire est prévu en 2014
Deux ans après son annonce, la concrétisation du plan paraît parfois lente sur le terrain. Est-ce dû à la complexité générale d'un dispositif qui comprend quarante mesures transversales, qui implique une dizaine de structures de pilotage et bien plus d'organisations associées, et qui concerne des acteurs divers ? Au niveau des filières avicoles, est-ce dû à un manque de coordination et de démarche collective ? Ou bien au contexte économique qui préoccupe davantage ? Les pouvoirs publics ont laissé aux professionnels l'initiative de mettre en place leur système de suivi des usages, ce qu'ont fait les secteurs cunicoles et porcins. Les filières avicoles ne devraient pas tarder, sous peine de se voir imposer un dispositif encore plus contraignant.
(1) Pour en savoir plus : http://agriculture.gouv.fr/
resistance-aux-antibiotiques