Des rations pondeuses formulées à l’acide aminé près
Pour continuer à optimiser les rations des poules, Provimi pousse son analyse jusqu’aux acides aminés secondaires. Chers, mais porteurs de performances.
Faut-il le rappeler, les protéines sont nécessaires à la production d’œufs, mais elles coûtent chères dans la ration. « Un point de protéines en plus augmente le coût de la tonne d’aliments de 6 euros », chiffre Alain Corniaux, spécialiste volaille chez Provimi. Le 9 octobre à Rennes, la firme-services a partagé avec ses clients les résultats d’essais menés avec le groupe Cargill. L’optimisation se porte désormais sur les acides aminés dits « secondaires », comme la valine ou l’isoleucine. Avec un régime appauvri en acides aminés secondaires, les poules ont moins pondu et des œufs ont été plus petits qu’avec un régime plus riche. Au niveau économique, l’aliment le plus pauvre permet d’épargner 10 euros par tonne d’aliments. C’est surtout en début de la ponte qu’il ne faut pas trop baisser le niveau de protéines, sous peine de ralentir la croissance et d’hypothéquer toute la production.
Cargill s’est aussi penché sur l’impact de ces acides aminés secondaires sur la persistance. Avec un régime plus riche en acides aminés en fin de ponte, le taux de ponte est de 68,4 % contre 67 % en régime classique. Ce régime donne aussi des œufs plus lourds.
« L’enrichissement en acides aminés secondaires donne de meilleurs résultats techniques, mais pas forcément économiques, analyse Alain Corniaux. Moins cher, un aliment moins riche peut permettre un meilleur prix de revient. Tout dépend de ses objectifs. » Suite à ces essais, Provimi a augmenté les taux d’isoleucine et de valine dans ses formulations.
Tourteau de soja substituable par du tournesol
Toujours dans l’objectif de contenir les coûts, Cargill s’est penché sur une diversification des sources de protéines. Le tourteau de soja a été réduit au profit de tourteaux de tournesol ou de pulpe de betteraves. Le remplacement par du tournesol n’a pas d’impact sur la consommation, ni sur la production. La ration est même moins chère de 20 euros la tonne. « Mettre 5 % de tourteau de tournesol à la place de soja permet de gagner 10 centimes pour 100 œufs », chiffre Alain Corniaux.
Sachant qu’il est possible d’en incorporer 15 %, Provimi l’a intégré dans ses matrices de ration. Les essais ont été moins concluants avec la pulpe. La ponte diminue avec un aliment en contenant 4 % et moins riche de 50 Kcal (pour contenir son coût). Ce régime reste cher et peu performant, la pulpe dégradant le niveau d’énergie. « De toute façon en dessous de 2 650 Kcal/kg, les résultats zootechniques sont dégradés », prévient Alain Corniaux.
À chaque pays, ses rations et ses objectifs
Dans chaque pays, les rations sont un compromis entre les matières premières disponibles et les attentes technico-économiques de production », synthétise Marine Maudoux à l’issue d’une comparaison des formules entre la France, les États-Unis, le Brésil, la Pologne, l’Espagne et l’Italie. En Pologne, les formules contiennent beaucoup de tournesol, donc peu de soja, ainsi que des graisses animales et végétales.
Elles sont faites pour produire beaucoup d’œufs, sans recherche de gros calibres.
En Espagne, aussi il y a beaucoup de tournesol et de l’orge « jusqu’à 15 à 20 % ». On y produit des gros œufs, même si la ration revient 10 % plus cher. Italie, États-Unis et Brésil sont
sur des formules maïs/soja.
En Pologne et au Brésil, les formules sont plus concentrées en acides aminés.En Espagne et en Italie, c’est l’apport en énergie qui prévaut.
« En France, on cherche à optimiser les formulations sur le prix de revient », souligne Marine Maudoux. Si, le prix de revient à la masse d’œuf est de 100 en France, il est à 110 en Espagne et 104 aux États-Unis et en Pologne. « Cela veut dire que ces pays ont encore des marges de manœuvre pour le baisser. »
Avec la mise aux normes bien-être, les coûts de revient européens ont augmenté. La poudre d’œufs s’affiche à 477 euros/tonne, alors que l’Ukraine la produit à 377 euros. « Le marché européen est protégé par ses 137 euros par tonne de droits de douane, rappelle Marine Maudoux. Sans eux, l’Europe ne serait plus compétitive sur son propore marché. » Ce qui
n’empêche pas leur constante remise en cause.