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Des pistes vertes pour couper le gaz

Le monopole du gaz propane est remis en cause par des éleveurs précurseurs. À la recherche d’une meilleure maîtrise du poste chauffage, ils explorent la piste des énergies renouvelables.

© A. Puybasset

Elever des volailles de chair nécessite beaucoup d’énergie. L’Itavi l’estime à environ 95 kWh par mètre carré et par an pour une production de poulet et dinde standard. Rapporté aux charges variables, le gaz représente l’un des deux premiers postes (avec les frais de santé).
Soit, selon l’enquête annuelle des chambres d’agriculture, 18 % en canard de chair, 30 % en poulet et dinde standard, 40 % en poulet label rouge. Il faut dire que le prix du propane est passé d’environ 600-650 euros par tonne en 2007 à 900 euros en 2012-2013. La faute aux marchés du pétrole et du gaz naturel, puisque le propane est issu de ces deux matières premières.

À défaut de couper le robinet, il est possible de faire des économies de consommation, en améliorant l’efficacité énergétique des bâtiments (meilleures isolation et étanchéité), en investissant dans des appareils de chauffage plus performants, en installant des échangeurs de chaleur (20 à 30 % d’économies attendues). Malgré tout, ces efforts ne permettent que de maintenir le niveau de la facture.

Des éleveurs, qui ont déjà exploré ces solutions, se sont lancés sur d’autres voies, celles des énergies non-fossiles. Quelles sont-elles ? Avec quels systèmes de chauffage ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
Écartons les énergies solaires photovoltaïques et éoliennes. Elles sont prévues pour produire irrégulièrement de l’électricité qui est injectée dans le réseau général.

 

Freins réglementaires

 

La ressource renouvelable la plus explorée est la biomasse à incinérer, à condition de disposer de la matière première ou d’opportunités. Guillaume Lamier et Jean-Pierre Ribierre sont parmi les très rares à avoir choisi la paille comme combustible, sans doute parce qu’elle nécessite un investissement conséquent (plus de 400 000 euros) plus adapté à de grands élevages (6400 et 8000 m2).
À plus petite échelle (3000 m2), Jean-Luc Le Gall a fait le choix du bois déchiqueté produit sur l’exploitation. Dans ces trois cas, l’investissement est assez vite rentabilisé grâce à la faiblesse des coûts variables.
La litière des volailles est la ressource la plus disponible, mais depuis des années ses promoteurs se heurtent à des freins réglementaires. Jean-Michel Choquet y croit. Il espère faire d’une pierre deux coups, en résorbant une partie des litières. Compte tenu d’un investissement de l’ordre du demi-million d’euros, cette technologie restera réservée aux grands élevages.
Dernière piste, la géothermie. Le sous-sol est une source de chaleur permanente, inépuisable et ne mobilisant pas de temps pour se la procurer. L’inconvénient est qu’il faut creuser beaucoup pour avoir accès à ces calories, compte tenu des besoins avicoles importants. Patrick Roullier et le Gaec La Cour ont fait le pari d’une alternative. Plutôt qu’un fluide caloporteur, ils utilisent l’eau d’un forage. Le premier emploie avec succès des aérothermes, tandis que le second démarre deux poulaillers chauffés uniquement par une dalle.

 

L’eau est souple et adaptable à toutes les sources de chaleur

 

Toutes ces solutions alternatives présentent des points communs. Techniquement, c’est finalement de l’eau qui réchauffe ces élevages. Leur modèle économique est similaire : la ressource accessible est gratuite ou très bon marché, tandis que l’investissement est beaucoup plus élevé qu’avec du gaz propane. Mais le coût total a toutes les chances de rester stable sur le long terme. La plupart de ces installations s’adresseront plutôt à des sites de grande taille, sauf peut-être l’aquathermie et les chaudières à bois, compatibles avec un poulailler d’au moins 1000 m2.
Néanmoins, la bataille des énergies est loin d’être perdue pour le gaz. Il restera l’énergie modulable et modulaire privilégiée des petites structures avicoles. Pour les plus grandes, les fabricants et équipementiers font évoluer leur offre, avec des chaudières à gaz couplées à l’eau chaude. Certains experts imaginent qu’une grande partie du gaz consommé en France sera produite avec nos déchets (73 % en 2050 selon GrDF). La piste du biométhane « porté » va être explorée dans les prochaines années. Il s’agira de livrer du méthane liquide, issu de grosses unités de méthanisation capables de filtrer le biogaz (40 à 50 % d’impuretés) et de liquéfier le méthane. Le gaz a donc encore de beaux jours devant lui.

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