« Créer de la valeur ajoutée pour la Bretagne », l'objectif d'Hervé Balusson
Un des trois repreneurs de l’entreprise Tilly-Sabco avec MS Foods et la CCI de Morlaix, explique les raisons et les objectifs de son implication dans cet outil d’abattage. Entretien avec Hervé Balusson, président-directeur général du groupe Olmix*.
L’avenir de la société Tilly-Sabco est-il dépendant de celui de la société MS Foods ?
Hervé Balusson - "Oui et non. Nous sommes trois actionnaires : la chambre de commerce et d’industrie de Morlaix, MS Foods et le fonds d’investissement Breizh Algae Invest (BAI) que je contrôle. Majoritaire au capital, BAI est appelé à faire rentrer des partenaıres. Plus on sera, mıeux ce sera. Me retrouver mınorıtaıre demaın n’est pas un problème, à condition de rester fidèle au projet. En injectant 1,5 million d’euros, nous avons permis le redémarrage, avec 200 salariés (au lieu de 350), de l’atelier saucisses et depuis ce mois de mars la reprise de l’abattage. Ces prochains mois, Tilly-Sabco va profiter d’un euro faible et de ses contacts au Moyen-Orient pour alimenter cette zone. MS Foods est impliquée dans l’approvisionnement en volailles halal fraîches pour son marché anglais et parisien. Quant à BAI, il a un projet qui mettra deux-trois ans à se concrétiser avec du poulet qui ne sera pas halal."
Pourquoi s’être porté acquéreur de Tilly-Sabco ?
H. B. - "Pour plusieurs raisons. Je suis Breton et d’origine paysanne. J’ai la volonté de développer l’agroalimentaire de ma région qui possède de nombreux atouts : savoir-faire, qualité de vie et environnement, histoire, culture et patrimoine. Mais ses activités économiques sont en difficulté. À moi seul je ne vais pas révolutionner la volaille bretonne qui doit changer. C’est aux Bretons qu’il revient collectivement de trouver des solutions pour en sortir, mais pas avec des idées du passé ou de l’attentisme. Miser uniquement sur le Moyen-Orient avec du poulet peu marketé est une erreur stratégique sur le long terme. Le groupe Olmix s’intéresse à Tilly-Sabco en tant qu’outil industriel pilote qui va permettre de porter un projet innovant pour le poulet breton, le Breizh algae chicken."
Quel est ce concept de Breizh algae chicken ?
H. B. - "Il s’agit de faire la preuve grandeur nature d’un poulet « sans antibiotique aux algues». Nous proposons déjà une large offre de produits nutritionnels et santé, avec une ligne de solutions à base d’algues, récoltées puis traitées. Nous allons mettre en œuvre une filière complète de démonstration de notre expertise, allant de la récolte des algues jusqu’au produit final marketé et vendu par nos soins. Ce sera un produit haut de gamme, de type « organique » au sens international, et non « bio » au sens européen."
À qui comptez-vous proposer ces nouveaux produits ?
H. B. - "Le groupe Olmix n’a pas vocation à devenir un intervenant sur le marché français de la volaille et à concurrencer les acteurs français. L’Asie est notre débouché prioritaire, notamment la Chine. Ce pays connaît de graves problèmes environnementaux, sanitaires et alimentaires. La demande de produits hauts de gamme est forte. Au moins trois cents millions de chinois sont prêts à acheter cher (15 à 20 euros le poulet organique) des volailles françaises et garanties. D’autre part, avec son cahier des charges spécifique, notre concept intéresse de grands opérateurs asiatiques, qui sont déjà nos clients. Ils pourront le dupliquer chez eux quand nous aurons fait la preuve que ça marche. Laissez-nous deux-trois ans pour y parvenir."
Est-ce la porte ouverte à des investisseurs chinois en Bretagne ?
H. B. - "N’ayons pas peur des Chinois qui sont prêts à investir chez nous. Les opérateurs français pourraient les associer de manière minoritaire dans leurs outils pour les impliquer fortement dans les débouchés en Chine. C’est faute de trouver des partenariats que le Chinois Synutra a construit sa propre usine de lait en Bretagne pour vendre à prix d’or le lait breton en Chine."
* Hervé Balusson dirige le groupe Olmix , dont 80 % des activités sont réalisées à l'étranger. Outre Tilly-Sabco, il a repris récemment deux outils impliqués dans la viande blanche à Plumieux et à Merdrignac dans les Côtes-d'Armor.