Parcours avicoles - Comment tailler les arbustes les premières années
La taille de formation diffère selon que l’on veut obtenir une haie brise-vent ou un arbre de haut jet. L’agroforestier Philippe Guillet rappelle les bons gestes pour cette étape essentielle à l’éducation de l’arbre.
La taille de formation diffère selon que l’on veut obtenir une haie brise-vent ou un arbre de haut jet. L’agroforestier Philippe Guillet rappelle les bons gestes pour cette étape essentielle à l’éducation de l’arbre.
Après l’étape importante de la plantation, vient rapidement celle de la première taille, réalisée idéalement un an après. Sans tailles de formation, un arbre ou un arbuste vont pousser comme bon leur semble. Il ne prendra pas forcément la forme attendue pour répondre aux objectifs d’un parcours avicole bien arboré.
« Pour les haies brise-vent, le risque est d’avoir des arbres en 'manche à balai', peu denses à la base qui vont laisser pousser les ronces et surtout qui ne protégeront pas les volailles », illustre Philippe Guillet, consultant en foresterie et agroforesterie. Pour les arbres isolés, les grosses branches à faible hauteur vont compliquer le passage du tracteur pour l’entretien des parcours. « Un arbre, c’est comme un enfant, son éducation démarre dès les premières années », résume-t-il. Mais pas de panique si rien n’a été fait pendant trois à quatre ans. « Il n’est jamais trop tard pour tailler une haie, en réalisant une taille de rattrapage. »
On distingue deux types de taille selon la forme que l’on souhaite obtenir : soit des buissonnants et des cépées qui auront une densité et une ramification élevées dès le ras du sol. Soit un arbre de haut jet avec un seul tronc, droit.
Taille de recépage pour densifier à la base
Pour les buissonnants et les cépées, la première taille est une taille de recépage. Elle consiste à couper l’arbuste à 10 cm du sol. Cette taille se fait généralement une seule fois dans la vie de la haie. « Cela peut paraître traumatisant de réduire ainsi un arbre qui aura atteint 1 à 1,5 m de hauteur durant sa première année (1). Il faut le faire sans crainte ! D’un à deux brins, l’arbre va repartir avec 7 à 8 brins. Attention toutefois à bien couper au-dessus du collet du plant et à tailler des arbres en bon état. Si la plantation a été tardive, mieux vaut attendre l’année suivante. Seul le charme commun, plus sensible, demande une taille un peu moins sévère. »
La seconde taille, normalement l’année suivante, diffère selon que l’on veut obtenir un buisson d’1,2 m à 1,8 m ou un arbre en cépée plus haut (arbres en taillis), permettant de constituer une haie bocagère à plusieurs niveaux de remplissage. Pour les buissons (sur des arbres de type noisetier, cornouiller, sureau, prunellier…), la seconde taille consiste à couper 20 à 30 cm des pousses de l’année (aboutage). On obtiendra ainsi 14 à 20 brins qui vont donner l’effet buissonnant.
Les arbres en cépées (de type charme, châtaignier…) qui auront 3 à 5 brins après la première taille ne nécessiteront pas d’intervention l’année N + 2 et pourront pousser en hauteur. « En déca, il est possible de renouveler l’opération de recépage pour les redensifier. »
Taille douce pour les hauts jets
Dans le cas des grands arbres, la taille de formation, réalisée tous les ans pendant sept à huit ans minimum et parfois quinze ans, vise à enlever les fourches des pousses les plus vigoureuses. « L’objectif de la taille d’élagage est d’obtenir un axe droit mais pas sans branches ! », souligne Philippe Guillet. Il conseille de tailler du haut vers le bas de l’arbre en commençant par couper la fourche supérieure. Il faut se limiter à 3 à 5 branches par arbre, en coupant prioritairement les plus grosses et celles orientées vers le ciel. « Il faut apprendre à observer et à décoder l’arbre en privilégiant une coupe douce, structurante et régulière. Certains ne nécessiteront aucune taille. Réalisée un peu tous les ans, la taille opérée sur des petites branches est plus facile et favorise une meilleure cicatrisation. »
Une coupe en bol pour les fruitiers
La taille de l’arbre fruitier est un cas à part. On va privilégier les branches latérales à l’inverse d’un arbre forestier destiné à du bois d’œuvre avec un axe principal. « Il faut éliminer les branches au milieu et garder celles en périphérie pour lui donner la forme d’un bol. » L’objectif est de faire entrer la lumière au cœur de l’arbre pour avoir une meilleure répartition des fruits, tout en améliorant leur conservation.
La taille de formation en pratique
À quelle saison tailler ?
La taille est réalisée entre novembre et mars, lorsque l’arbre est en repos végétatif et qu’il n’a plus de feuilles. Il faut éviter les températures trop basses (-5/6°C) qui vont éclater le bois et attendre la fonte des neiges.
Avec quels outils ?
Elle se fait à l’aide d’outils très simples : un sécateur pour les branches jusqu’à 1,5-2 cm de diamètre, et au-delà avec un sécateur emmanché ou une scie emmanchée. « Il faut s’assurer d’avoir des outils bien tranchants. L’important est d’avoir une coupe propre, qu’elle soit faite à plat ou en biais. » « La tronçonneuse est interdite car elle déchire le bois. Évitez aussi le taille-haie, car un bois éclaté aura du mal à cicatriser. »
Quel temps de main-d’œuvre ?
Pour 100 mètres de haie, il faut compter trente minutes pour la première taille et une durée équivalente pour la seconde. Pour les arbres de hauts jets ou isolés, on passe surtout du temps à observer l’arbre la première année. « Au fil des visites annuelles, on s’approprie rapidement les bons gestes. » Bien tailler les premières années va réduire le temps d’entretien du parcours. Une haie dense au ras du sol va limiter l’envahissement par les ronces et les herbes.
Le saviez-vous
Une haie bien taillée va avoir un effet brise-vent de 60 à 80 % au ras du sol dès trois à quatre ans, contre 20 à 25 % pour une haie non taillée.
Un petit bosquet taillé en cépée va générer un panache d’ombres intéressant sur les parcours dès cinq à six ans. Pour les grands arbres, il faut attendre dix ans pour obtenir un effet parasol.