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Bâtir un projet cohérent et évolutif pour réussir

Etre guidé par ses attentes personnelles, selon les possibilités de son exploitation, à l’écoute des attentes de la société, tels sont les critères de réussite de tout projet, détaillés lors du forum projets de Sanders.

Philippe Carfantan, éleveur de poules pondeuses à Hénanbihen (22). « En écoutant les touristes de mes gîtes, je me dis que j’ai bien fait de passer à l’œuf alternatif, en volière ou en bio. »
© C.Julien

Comme tout chef d’entreprise, un agriculteur doit avoir des projets pour son exploitation, une vision de ce vers quoi il veut aller", a expliqué Jean-Pierre Moreau, directeur d’Altéor Stratégie, à un parterre d’éleveurs réunis par Sanders pour son premier forum projets. Cette perspective à cinq ou dix ans va guider ses choix, comme un fil rouge. Pour que ce fil rouge ne se transforme pas en fil à la patte, il faudra rester à l’écoute de l’évolution de son environnement, des attentes du marché. » Petit ou grand, tout projet débute par définir l’objectif que l’on souhaite atteindre : améliorer ses conditions de travail, agrandir son élevage pour préparer l’arrivée d’un jeune… Si ce projet est bâti en fonction de ses motivations et de ses valeurs personnelles, il est important de l’étayer par un diagnostic de son exploitation, de ses forces et ses faiblesses en interne, ainsi qu’examiner les opportunités et les menaces en externe. « Il faut veiller à la cohérence, rappelle Jean-Pierre Moreau. Cohérence en termes d’attentes, de temps de travail, de possibilités de l’exploitation mais aussi de marchés, de contexte. » Si on est loin des axes de circulation mais que l’on veut se lancer dans de la transformation, mieux faut envisager de vendre dans un magasin de producteurs plutôt qu’à la ferme. Et dès le début, il vaut mieux intégrer les inévitables aléas dans son calendrier.

Inscrire son projet dans l’agriculture durable

Pour faire aboutir son projet, l’écoute des attentes de la société est indispensable. « Six à quinze ans sont nécessaires pour adapter une filière aux nouvelles exigences des consommateurs, explique Pierre Simonet, du service marketing Avril filières animales. Autant que possible, il faut anticiper et garder une certaine flexibilité pour répondre aux attentes qui émergent, par exemple sur les conditions d’élevage ou l’alimentation. » Ces nouvelles attentes, Philippe Carfantan, producteur d’œufs à Hénanbihen (Côtes-d'Armor), en avait bien conscience grâce aux nombreux échanges avec les touristes qui fréquentent ses gîtes. « En 2012, à la suite d’un incendie dans notre porcherie, nous avons choisi de nous recentrer sur notre élevage de poules en passant des cages aux volières et en montant un deuxième bâtiment en bio, retrace l’éleveur. En écoutant les consommateurs, je pense que nous avons fait les bons choix. » Sanders a d’ailleurs l’ambition de passer de 15 à 45 % le volume d’œufs en productions alternatives. Autre attente forte des consommateurs, celle d’un retour à la proximité. Franck Lavigne s’est appuyé sur la vente directe de volailles pour s’installer à Epaignes (Eure). « Les consommateurs sont rassurés par les circuits courts, souligne l’éleveur. D’ailleurs à chaque crise sanitaire, je vois la demande augmenter. »

Écouter puis décider

Actuellement, les taux des prêts sont plutôt favorables aux investissements. Néanmoins, les banquiers y regardent de près avant d’allouer un emprunt. « Au-delà des chiffres, nous analysons l’expérience et les motivations des chefs d’exploitation », explique Olivier Morvan, responsable adjoint du marché agricole au CMB Arkéa, qui recommande de préserver une marge de sécurité de 10 % de l’EBE. De l’avis de tous les porteurs de projets, avant de se lancer, il faut aller voir ailleurs ce qui se fait. « Pour m’installer, j’ai créé un bâtiment de 2 000 m2, témoigne Jérémy Choquet, jeune agriculteur à Trédion (Morbihan). Pour mener à bien un tel projet, il faut se renseigner, bien s’entourer mais rester le seul décideur. »

Cécile Julien

Ne pas hésiter à parler de son projet

Aussi bien construit soit son projet, s’il n’est pas accepté au niveau local, il peut être retardé, voire rejeté. « On voit se multiplier les interpellations sociétales autour des projets d’élevage, explique Marie-Laurence Grannec, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Nous avons identifié quatre facteurs qui exacerbent ces oppositions. Le premier porte sur l’utilisation du territoire, quand l’agriculture est en concurrence avec l’urbanisation, le tourisme. Dans les zones à tension environnementale, les critiques sont aussi plus virulentes. La nature du projet joue sur la virulence des critiques. Comme la personnalité du porteur de projet. Un responsable professionnel devra s’attendre à plus de critiques. » C’est souvent dans les zones les moins denses en élevage qu’il est plus difficile d’en implanter. « Les gens ne connaissent pas. Donc par crainte, ils font opposition au projet. » Face à ces oppositions, la seule conformité juridique ne suffit pas à faire accepter son projet, il faut établir le dialogue en amont, ouvrir ses portes. « Rien de tel qu’un contact direct avec ses voisins », conseille Marie-Laurence Grannec.

 

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