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Autoconsommer en photovoltaïque pour décarboner son exploitation avicole

En Centre Bretagne, la famille Gaude achève sa troisième installation photovoltaïque pour accroître encore sa transition énergétique et gagner en autonomie.

Après 23 kilowatts crête (kWc) installés en 2008 et 132 kWc en 2010 pour faire de la revente totale, Jean-Michel Gaude et son fils Jean-Marie récemment installé, auraient pu s’en tenir là. Ces deux toitures solaires produisent l’équivalent de leur consommation électrique, certes majoritairement « décarbonée » mais d’origine nucléaire. À Saint-Ygeaux en Côtes-d’Armor, ils détiennent 4 400 m2 de bâtiments de poulets de chair, un atelier de 100 veaux de boucherie et un cheptel de 50 vaches allaitantes valorisant leurs prairies naturelles. Les deux hommes ont voulu aller encore plus loin dans la recherche de l’autonomie de leur exploitation et la réduction des charges. Ils ont d’abord planté 9 ha de miscanthus en 2017 pour réduire la charge en litière et lancé une réflexion sur les économies d’énergie. Elle s’est concrétisée en 2019 par le dépôt du projet d’un hangar de 900 m2 comportant trois dispositifs : une toiture photovoltaïque de 300 m2 (pour 55 kWc) fonctionnant en autoconsommation totale, une chaufferie à biomasse (deux chaudières de 350 kW) et un système de séchage de bottes d’herbe fraîche et de séchage à plat. La chaleur proviendra des chaudières et de l’air réchauffé sous les panneaux décollés du toit d’environ 20 cm ; une partie de l’électricité des ventilateurs sera produite sur site et cet été les poulaillers ont commencé à être chauffés par les plaquettes de bois. « En plus de l’autonomie, nous visons aussi un certain retour au 'naturel' qui passe par la décarbonation de l’exploitation, estime Jean-Michel Gaude. C’est une demande sociétale très forte qu’expriment les touristes venant dans notre gîte. » Le retour au naturel fait aussi partie de la dynamique agricole collective de préservation du bocage et de la biodiversité lancée sur le bassin-versant du Blavet. De là à imaginer que cette démarche pourrait être un jour valorisée en poulet avec un cahier des charges mieux disant sur l’origine renouvelable de l’énergie…

Une étude de faisabilité indispensable

Avant d’en arriver là, Jean-Marie et Jean-Michel ont mûrement réfléchi. Si le premier déclic est venu en 2017 du changement de réglementation sur l’autoconsommation, l’étude technico économique a été déterminante. « C’est vraiment indispensable et incontournable. Ça vaut le coup de dépenser de l’ordre de 1 000 euros pour savoir dans quoi et comment on s’engage. » Membres de l’association Apepha (1) proche de la chambre d’agriculture de Bretagne, ils l’ont fait réaliser par un conseiller en énergies de la chambre. Il leur a permis de dimensionner correctement l’installation en tenant compte des fluctuations de leur consommation, notamment aux vides sanitaires, et de la production solaire. « Avec le séchage, nous pourrons absorber la production maximale en été. » Avec la simulation avec 40 kWc, le taux d’autoconsommation était de 84 % sur l’année et celui d’autoproduction de 22 %. Quant à l’étude économique, elle a fait ressortir un excédent de trésorerie dès la première année, même sans la subvention régionale qui s’est élevée à 9 200 euros en 2019 (sur 59 000 euros d’investissement) (2). Le kWh autoproduit coûtera moins cher que le kWh heure pleine acheté pendant 15 ans (8,57 c contre 9,93 c l’année 1). Après amortissement, il tomberait à 2,39 centimes (contre 13,37 c pour le kWh HP). Sur 20 ans, l’excédent financier atteindrait 27 000 euros avec 7,2 % de rentabilité. La simulation en revente totale avec 60 kWc a donné une rentabilité de 4,2 %. Dans ces conditions, il ne fallait pas hésiter pour l’autoconsommation. « Finalement, on a ajouté 15 kWc pour tenir compte des deux nouveaux ventilateurs de séchage. »

(1) Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés.
(2) En 2020, le second appel d’offres « autoconsommation totale » a porté sur une aide plafonnée à 7 500 euros (30 % de l’investissement).
 

Consommation HP/HC et production photovoltaïque (39,6kWc et  55 kWc)

 

 

 

Dans cette exploitation où 75% de la consommation est en heures pleines, l'autoconsommation bien dimensionnée peut faire baisser la facture électrique de près de 25%.

Source : chambre d'agriculture de Bretagne.

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