« Au plan européen, le lobbying est indispensable » estime Paul Lopez
Nouveau président de l'Avec (1), la structure de lobbying
des industriels avicoles européens, le Français Paul Lopez
entend garder la confiance des consommateurs européens, tout
en défendant les intérêts de la production et de la transformation.
il a participé au développement de
cette filière avec l’arrivée de Volailles
de Keranna en 2000 et de Volailles
de Blancafort en 2012.
. Auprès de qui intervient l’Avec ?
Paul Lopez - « L’Avec est surtout en relation avec la Commission européenne et ses services. Il faudrait aussi renforcer l’action auprès du Parlement européen, mais cela nécessite beaucoup plus de temps. Nous sommes présents à Bruxelles pour apporter notre expérience de la vie économique de notre secteur, parfois face à d’autres groupes de pression qui peuvent véhiculer une image négative de nos productions animales. Il nous faut donc agir transversalement avec d’autres filières ou d’autres métiers. »
. L’association parvient-elle à unifier les intérêts de ses membres ?
P. L. - « Quatre-vingt-dix pourcents des sujets sont consensuels parce que la problématique est la même quel que soit le pays. C’est une bonne base de travail ! Pour les 10 % restants, nous débattons. Des différences existent entre l’Europe du Nord et celle du Sud. À mi-chemin, la France a un rôle à jouer. Le dossier de l’étiquetage de l’origine est un des sujets délicats pour le consensus. Au-delà de positions parfois divergentes, chacun peut défendre ses intérêts nationaux à travers d’autres structures (Breiz Europe ou France Agro Europe par exemple). En adhérant à l’Avec, on ne perd pas son identité nationale. »
. Quel est votre programme pour ce premier mandat de deux ans ?
P. L. - « D’une part, promouvoir, développer et défendre la production et la transformation en Europe. D’autre part, faire en sorte que nos métiers et nos produits gardent la confiance et la préférence des consommateurs européens. Je milite pour le respect de règles « identiques » et non « équivalentes » sur les produits importés des pays tiers. Il faut que les conditions de production de ces filets de poulet importés soient strictement les mêmes qu’en Europe. Aujourd’hui, l’Union européenne raisonne par équivalence, dans le cadre de discussions sur les barrières non tarifaires. Ce qui constitue une distorsion préjudiciable à la filière avicole européenne. »
. Quels sont les trois dossiers européens prioritaires ?
P. L. - « L’accord TTIP USA-Europe, les viandes désossées mécaniquement et la réglementation sanitaire, dont les projets de la Commission européenne sur Campylobacter.
Concernant le TTIP, les Américains et certains Européens essaient de faire accepter des équivalences sur la décontamination des carcasses pour contourner l’interdiction de chloration.
Sur la question des viandes désossées mécaniquement, nous cherchons à faire comprendre que depuis vingt ans la technologie a changé et que le règlement actuel comporte des lacunes. Nous essayons de faire préciser des points du texte. Le problème tient au fait que ces viandes désossées sont considérés comme « VSM » (viandes séparées mécaniquement) alors qu’elles conservent toutes les caractéristiques du muscle. Les clients de l’industrie agroalimentaire refusent cette mention dans la liste des ingrédients des produits élaborés.
Par rapport aux toxi-infections alimentaires, le dossier Campylobacter est très discuté. Nous sommes d’accord pour y travailler, mais nous demandons de mieux connaître le germe (causes, conséquences, remèdes) avant de nous voir imposer des règles coûteuses et pas forcément efficaces. Donnons-nous du temps pour mettre en route les actions adéquates, en s’inspirant du succès de notre démarche des vingt dernières années en matière de lutte contre les salmonelles. »
(1) Association européenne des industriels de la viande de volaille.