Arvalis modernise sa station expérimentale monogastriques
Poussé par la réglementation sur le bien-être animal, Arvalis - Institut du végétal a mis sa station d’évaluation des matières premières sur porcs et volailles à l’heure du numérique.
Poussé par la réglementation sur le bien-être animal, Arvalis - Institut du végétal a mis sa station d’évaluation des matières premières sur porcs et volailles à l’heure du numérique.
Auparavant, afin de mesurer les consommations et les rejets par animal à des fins d’expérimentation, les porcs et les volailles étaient logés dans des cases ou des cages individuelles. En 2010, les conditions d’élevage à visée scientifique ont été réglementées par une directive européenne qui est appliquée depuis janvier 2017. Devant se conformer à cette exigence d’amélioration du bien-être animal, l’équipe Arvalis de la station expérimentale Porcs et Volailles de Villerable (Loir-et-Cher) y travaillait depuis 2014. Fin mars, l’institut a ouvert les portes d’un chantier sur le point de s’achever. À la rénovation des bâtiments et au changement des équipements se sont ajoutées de nouvelles technologies numériques qui transforment cette contrainte en avancée.
Allouer plus d’espace à l’animal
Les deux unités, porcine et avicole, ont été conservées sans extension de surface, mais réaménagées par l’obligation de procurer plus d’espace à chaque animal, privilégier l’élevage en groupe et rendre le travail plus ergonomique. Le bâtiment porc, qui a été complètement rénové (avec le concours financier du PCAE), comportait deux salles en logements individuels pour les porcelets et pour les charcutiers, avec pesée manuelle de l’aliment et des animaux. Les porcelets en cage (0,5 m2) sont maintenant logés par vingt dans quatre loges collectives (12 m2). Pour continuer à récolter des données individuelles, ils portent une puce d’identification et sont détectés lorsqu’ils passent aux deux distributeurs d’aliment développés avec Asserva et aux deux abreuvoirs. La salle de mesure de digestibilité a été réduite de vingt places en case à douze places, toujours en case, mais ouverte sur courette individuelle d’exercice, le tout faisant 4 m2. Quant au bâtiment volaille, il comportait trois dispositifs expérimentaux : une poussinière de 48 cages individuelles, une salle de 72 cages pour poulets et une salle de 32 cages pour coqs. La transformation majeure a touché la poussinière qui est devenue collective, avec plusieurs parquets de 2 à 4 m2 pour des poussins pouvant être élevés jusqu’à 35 jours (au lieu de 20 jours en cage).
Des mangeoires connectées
Comme en porcelets, la technologie de puce RFID permet de recueillir des données individuelles de consommation d’aliment (mais pas d’eau). Mais comme aucun dispositif commercial n’existait pour la volaille, Arvalis a travaillé avec la société tourangelle Tekin, spécialisée dans la création sur mesure d’objets et services connectés, pour mettre au point un prototype de mangeoire connectée. Posée sur jauge, la mangeoire est pesée en permanence, et le poussin est reconnu par sa puce (posée vers 3-4 jours) lors du passage à la mangeoire (deux par parquet). La seconde salle d’élevage, contenant 72 cages individuelles de poulets destinées aux mesures de digestibilité alimentaire (tests sur six à huit aliments en simultané), a subi peu de modifications. Les cages ont été rehaussées à 80 cm (+10 cm) et des séparations latérales amovibles ont été aménagées de manière à permettre aux trois poulets de cages contiguës d’interagir en dehors des périodes de mesures (nécessité d’une distribution précise d’aliment et prélèvement individuel des fientes durant une semaine). Ici, la distribution et la pesée restent manuelles. Enfin, la salle des coqs, encore destinée aux mesures de digestibilité, a vu son effectif réduit de 32 à 16, pour que la cage passe de 0,2 m2 à 0,8 m2 avec perchoir. Cet espace est réductible de moitié uniquement durant les trois jours nécessaires à la collecte de fientes. Il s’agit de coqs « ponte » (frères de poules pondeuses) qui sont conservés deux ans et nourris à volonté (3 à 4 kg en poids adulte).
L’investissement global de plus de 700 000 euros, majoritairement autofinancé, a bénéficié d’un accompagnement technique et financier. Le bâtiment porc a émargé au Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) pour un montant de 120 000 € (17 % des travaux). Le bâtiment volailles a aussi bénéficié du soutien de Cap’Tronic, qui a mis Arvalis en relation avec la start-up Tekin et alloué une aide de 3 000 € (via l’association Jessica, fondée par le CEA et BPI France), pour la preuve de concept de la mangeoire connectée pour poulets.
40 ans au service des filières animales
La ferme expérimentale de Villerable (Loir-et-Cher) a été créée dans les années soixante-dix avec pour mission d’améliorer l’alimentation des porcs, puis elle a évolué dans les années 90 vers la spécialisation des mesures de digestibilité de matières premières pour les porcs et les volailles. Elle est gérée par l’équipe du pôle Valorisation animale du Service qualités et valorisations. Ses trois ingénieurs et quatre techniciens, avec l’appui de leur assistante, testent des matières premières, des coproduits et des aliments complets sous plusieurs angles : valeur nutritionnelle, qualité sanitaire, rejets dans l’environnement… Le tout en partenariat avec la recherche publique (Inra), les instituts (Ifip, Itavi, Terres Innovia) et les entreprises de nutrition animale. Son « cœur de métier » est de mesurer la digestibilité, afin de produire des références pour la formulation d’aliments. La qualité du blé, du maïs, du triticale et du sorgho est aussi évaluée chaque année. S’ajoutent des études sur les méthodes d’analyses et sur des thématiques variées : digestibilité du phosphore sur des coproduits, impacts des céréales à faible poids spécifique, effets d’additifs nutritionnels, effets de la granulation des aliments, effets de contaminants.