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Vingt et un jours de protection fongicide avérés

L'IFV de Nîmes a testé les différents fongicides proposant trois semaines de rémanence afin de vérifier leur bonne tenue. Les 21 jours de protection sont possibles, mais sous certaines conditions.

Les produits 
à 21 jours 
ne relèvent plus 
du mythe.
Les produits
à 21 jours
ne relèvent plus
du mythe.
© J.-C. Gutner

Depuis peu, les firmes phytosanitaires proposent des produits anti-fongiques avec une promesse alléchante : celle d'une protection étendue à 21 jours. Bernard Molot, technicien à l'IFV, a testé cinq de ces formulations au lycée viticole de Nîmes-Rodilhan (Gard) lors des quatre dernières campagnes. Il a présenté ses résultats lors des entretiens Vigne et Vin à Narbonne, en février. Pour lui, une stratégie à 21 jours est tout à fait envisageable. Lors de son étude, il a sélectionné plusieurs matières actives : le proquinazid et une association de fluopyram-trifloxystrobine contre l'oïdium ; des associations de cyazofamid-diphosphate, amétoctradine-métirame et fluopicolide-fosétyl-Al contre le mildiou. Les associations de quinoxyfen et myclobutanil, même si elles sont présentées avec une rémanence de trois semaines, n'ont pas été testées, étant déjà avéré que chacune des deux molécules seule ne présente pas de telle rémanence. Les formulations commerciales retenues étaient respectivement le Talendo de DuPont, Luna de Bayer, Mildicut de Belchim, Enervin de BASF et Profiler de Bayer.


Des traitements parfois plus efficace que les 14 jours


Ces produits ont été comparés à un témoin non traité et à un traitement classique à 14 jours. Sur oïdium, il en ressort que si le témoin non traité atteint une intensité sur grappe de 80 %, le proquinazid présente une intensité de 26 %, 20 % sur un traitement classique à 14 jours et seulement 1,6 % pour l'association de fluopyram et de trifloxystrobine. Sur mildiou, lorsque le témoin non traité affiche 70 % d'intensité sur grappe et un traitement classique (fosétyl-Al et folpel à 14 jours) 5 %, le cyazofamid-diphosphate atteint 6 %, l'amétoctradine-métirame 5 % et le fluopicolide/fosétyl-Al 25 %, ce qui reste tout de même intéressant. « Ces résultats sont très encourageants, analyse Bernard Molot, d'autant plus qu'ils ont été obtenus dans des conditions de très forte pression. La météo n'était pas favorable, et j'ai effectué une brumisation d'eau systématiquement toutes les nuits à partir du 17e jour, pour pousser les produits à bout. » Sur une stratégie de deux traitements à 21 jours, cela entraîne le gain d'un IFT sur la campagne, voire de deux dans le cas de lutte mixte.
Mais Bernard Molot met en garde, car il a réalisé ses essais dans des conditions de traitement optimales, en commençant la lutte très tôt, dès le stade 4-5 feuilles étalées et avec un pulvérisateur pneumatique à dos face par face. « Avec un traitement un rang sur quatre et à sept kilomètres par heure, le résultat n'est pas garanti ! », rappelle-t-il.

Attention aux phénomènes de résistance


Il met également en garde vis-à-vis des résistances. Suite à l'évolution des problèmes de résistance aux azanaphtalènes, il n'est plus envisageable d'utiliser le quinoxyfen et le proquinazid pour des stratégies à 21 jours. De plus, nous n'avons aucun recul sur la matière active la plus performante (trifloxystrobine), issue d'une nouvelle famille (SDAI). Pour ce qui est du mildiou, aucune résistance génétique n'a été observée sur les familles testées. La stratégie de lutte devra donc inclure seulement deux traitements à 21 jours, placés idéalement lors les phases sensibles (floraison-nouaison). Ces produits sont plus efficaces en préventif qu'en curatif. Le technicien conseille également de baser le raisonnement du renouvellement en fonction du mildiou. Le traitement devra être anticipé en cas de forte pression ou de pluies attendues à partir du 18e jour. Point important, cette stratégie est à éviter dans les parcelles présentant un risque de black-rot.

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