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Traiter tôt pour traiter moins

Traiter tôt pour anticiper la maladie et ainsi mieux gérer la protection phytosanitaire, c’est le choix qu’ont fait de trois vignerons. Ils nous ont apporté leur témoignage.

« Anticiper pour mieux gérer la campagne et garantir la récolte »

« J’avais, jusqu’en 2015, l’habitude de commencer la protection contre le mildiou quand les conditions climatiques annonçaient un risque de contamination. Ainsi, cette année-là, ma première intervention a eu lieu le 8 mai, mais les pluies de la fin avril suivies d’une période chaude ont conduit à une explosion de la maladie le 10 mai, date à partir de laquelle j’ai dû intervenir tous les 8-10 jours et à dose pleine. Au final, j’ai réalisé 13 interventions avec dans certains cas des produits curatifs et sur une parcelle de 2,5 hectares, j’ai même perdu 70 % de la récolte ! J’ai depuis tiré les leçons de cette campagne en anticipant la protection contre le mildiou, tout en tenant compte des avertissements agricoles et du profil climatique de l’année. En 2016, j’ai débuté ma protection contre le mildiou le 27 avril, avec une spécialité gérant à la fois l’excoriose et le mildiou. La campagne a été beaucoup plus sereine avec 9 traitements au total. Et surtout j’ai pu moduler les doses de fongicides : demi-dose pour les 3 premiers traitements, trois-quarts de la dose pour les deux traitements suivants, pleine dose autour de la floraison et à nouveau demi-dose pour les deux derniers traitements. Cette stratégie de réduction de doses, possible compte tenu du profil climatique de l’année 2016, m’a permis d’économiser du produit et au final de moins traiter. Anticiper la protection contre le mildiou permet par ailleurs de mieux gérer la campagne car il peut être délicat, voire impossible, de trouver la bonne fenêtre pour intervenir en cas de périodes continues de pluie. C’est aussi une stratégie qui permet de construire son programme avec des produits préventifs et non curatifs pour tenter de stopper le mildiou. Enfin et surtout, anticiper permet d’être plus serein et de garantir la récolte en quantité et en qualité. »

(((AUDUBERT)))

« Traiter tôt pour intervenir en préventif »

« En matière de protection phytosanitaire de la vigne, ma philosophie est d’anticiper afin de toujours intervenir en préventif, que ce soit en Provence où la problématique majeure est l’oïdium ou en Vallée du Rhône avec un risque mildiou plus marqué en particulier sur grenache. En pratique, je commence la protection contre ces maladies au stade 3-4 feuilles (soit le 21 avril en 2016) avec des produits de contact (association métiram de zinc + soufre) à demi-dose afin de lutter contre le mildiou, l’oïdium mais aussi le black-rot. La deuxième intervention est également à dose modulée en fonction de la végétation. Les cadences dépendent évidemment de la pression maladies et se situent entre 8 à 10 jours pour les premières interventions. En moyenne, je réalise 6 traitements en Provence et 7 à 8 en Vallée du Rhône avec un programme qui inclut des produits de contact, pénétrants ou systémiques et toujours en préventif ce qui me permet d’optimiser les rémanences (au-delà de 14 jours quand les produits et la météo le permettent). Au final, avec cette stratégie préventive, je gagne une à deux applications et mon IFT est de 10 soit environ 70 % de l’IFT du groupe de vignerons en lutte raisonnée auquel j’appartiens. L’économie ainsi réalisée représente environ 100 euros par hectare. Ce choix est également guidé par la surface que je dois protéger et qui nécessite pour chaque passage deux jours d’intervention même avec 3 salariés et 3 pulvérisateurs, sachant que je veux absolument éviter d’intervenir en curatif ! »

(((Barraud)))

« Une meilleure gestion des cadences et des doses »

« Je commence ma protection mildiou dès le stade une feuille étalée avec une spécialité à base de fosétyl-Al car je gère, avec ce premier traitement, l’excoriose et les contaminations précoces de mildiou. Ce démarrage précoce me permet d’intervenir toujours en préventif et surtout d’adapter les doses à la pousse de la vigne avec au final moins de produit. En pratique, je suis équipé de pulvérisateurs qui permettent de traiter face par face et j’ouvre les canons en fonction de la végétation, ainsi je travaille toujours à la même concentration de produit mais je cible la végétation. Pour les deux premières interventions, j’applique 40 % de la dose, pour la troisième 55 % de la dose, pour la quatrième 80 % de la dose, pour les cinq et sixième je suis à 100 % (pleine floraison à nouaison, stade très sensible) et pour les dernières interventions je ne cible que les pointes avec 65 % de la pleine dose. Je réalise ainsi, pour une année à pression modérée, 6 à 9 traitements qui correspondent en fait à 4 à 6 passages à dose pleine. Dans la mesure où je travaille en préventif, je peux mieux gérer les cadences, entre 10 et 16 jours, selon les spécialités, le risque de pluie et la pression maladie de l’année mais aussi la gestion des week-ends ! Je reste toujours vigilant car le domaine est situé dans un secteur avec des risques de brouillard et des rosées matinales qui peuvent favoriser les contaminations. Cette stratégie me permet par ailleurs d’être plus serein pour éviter de courir après la maladie à une période chargée sur le domaine avec une activité de mise en bouteilles importante au printemps. Ainsi, en 2016, malgré une forte pression mildiou, j’ai commencé le 5 mai (certaines parcelles avaient été grêlées) et j’ai pu protéger efficacement mes vignes sans trop augmenter la quantité de produit mais en resserrant les cadences (10 jours environ) avec 11 à 12 traitements soit l’équivalent de 7 à 8 traitements à dose pleine. »

(((Cogné)))

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