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Que valent les disques émotteurs et les bineuses Kress ?

Préoccupation grandissante des viticulteurs, les outils de travail du sol sur le rang ou à proximité requièrt des outils de plus en plus performants. Parmi eux, les bineuses Kress et les disques émotteurs suscitent un intérêt certain.

" Les disques émotteurs connaissent un gros succès : les ventes sont atomiques", avoue Lilian Lespinasse, commercial chez le constructeur allemand Braun. Dans un contexte où les désherbants homologués se font de plus en plus rares et les exploitations viticoles de plus en plus grandes, les vitesses de travail permises par les disques émotteurs séduisent en effet plus d’un viticulteur. En effet, abandonner le désherbage chimique suscite la crainte de passer un temps important à détruire mécaniquement les adventices sur le rang. Les disques émotteurs permettent de travailler à 7-8 km/h, quand les lames interceps se limitent à 4 km/h.

Cependant, tous les constructeurs s’accordent à dire que les disques émotteurs ne sont pas des outils universels, même s’ils présentent de multiples atouts autres que leur vitesse de chantier. Composés de deux ou trois disques aux extrémités découpées et plus ou moins torsadées, les disques émotteurs réalisent un léger travail de buttage. Ce buttage sera d’autant plus important que l’angle d’attaque sera élevé. Charge à l’opérateur d’ajuster au plus juste l’angle pour que la terre projetée recouvre suffisamment Certains sont également réglables en inclinaison, afin de donner plus de capacité de pénétration dans les sols difficiles avec un angle d’entrure faible.

Autre atout des disques émotteurs, le faible coût d’achat, entre 450 et 800 euros. L’absence d’hydraulique permet son utilisation sur toute génération de tracteur.

Plus la vitesse de travail est élevée, plus on émotte, plus la terre sera fine et les racines des adventices laissées à nu : avec du soleil derrière, le désherbage n’en est que plus efficace et le risque de repiquage réduit.

Et comparativement à des disques crénelés ou à une charrue, le sol est moins déstructuré et il n’y a pas de surface lisse. Dans les vignobles pentus et sensibles à l’érosion, les risques de ravinement sont réduits.

Ce ne sont pas des outils interceps

"Les disques émotteurs ne sont pas pourtant des outils universels, modère Fabrice Dulor, de Boisselet. Et encore moins des outils interceps." S’il est vrai que les disques émotteurs travaillent au plus près des ceps, ces outils ne travaillent pas entre les pieds de vigne. Ils évolueront plus loin des ceps lorsque la vigne est mal plantée. Autant dire qu’ils ne sont pas adaptés au port en gobelet. Certains constructeurs équipent les disques émotteurs de déflecteurs pour minimiser la casse entre les disques et le cep en cas de choc, déportant alors le châssis latéralement. Conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Gironde, Loïc Pasdois préconise plutôt un coutre circulaire sur le châssis portant les disques émotteurs, afin d’avoir la trajectoire la plus rectiligne possible, quitte à éloigner un peu les disques des ceps dans les vieilles plantations. Le conseiller recommande également des roues de jauge, afin d’avoir une profondeur de travail (5 à 7 cm) la plus régulière possible.

Si les disques émotteurs ne travaillent pas sur le rang, ils présentent l’avantage, dans les sols qui se tiennent, de fragiliser la structure de la terre sur le rang et donc de faciliter le travail de l’outil intercep qui suit (lame, bineuse Kress, etc.). Cela n’est pas vrai sur sol sableux et sur sols caillouteux. Dans ces derniers, les cailloux ont même tendance à se coincer entre les dents : les décrotteurs optionnels permettent néanmoins d’éliminer ces pierres, ainsi que la terre, lorsque les conditions sont particulièrement sèches. Sur des grosses plaques de liseron ou de chiendent, leur efficacité sera également très limitée. De même, si la végétation est trop avancée sur le rang, l’efficacité du recouvrement par de la terre fine sera moindre.

C’est la raison pour laquelle les constructeurs qui font la promotion des disques émotteurs conseillent un premier passage à l’automne, après les vendanges, afin de recouvrir les adventices sur le rang pour l’hiver. Il sera suivi en sortie d’hiver d’un second passage combiné ou non à un intercep de type lame ou bineuse Kress, cette dernière permettant de travailler à des vitesses plus élevées. Ces deux outils tendent à déchausser un peu. Entre les passages de disques émotteurs, deux à trois tours de lames permettront de maîtriser l’enherbement sur le rang à un stade plantule.

D’autres constructeurs limitent l’usage des disques émotteurs à des stades plus avancés (printemps-été), préférant des outils au travail plus vif (décavaillonneuse, outils rotatifs) en début de cycle.

Étoiles de binage : efficaces tant qu’on n’est pas dépassé

Les étoiles de binage, que l’on connaît principalement sous la marque Kress, se composent d’un petit disque étoilé métallique solidaire d’un grand disque à doigts en caoutchouc. Les disques métalliques disposent de doigts recourbés pour prendre appui dans la terre et entraîner ainsi les grands disques. Ces doigts en caoutchouc viennent embrasser la base des ceps sans abîmer ces derniers. Les pieds de vigne sont ainsi bien nettoyés. Ces outils sont réglables en inclinaison : un angle important permet de travailler localement à plus grande profondeur, tandis qu’un angle faible offrira un travail plus en surface sur une bande plus large. Autorisant des vitesses de travail élevées, les étoiles Kress ne sont efficaces que sur des sols relativement secs, dont la structure est fragilisée et les adventices à un stade peu avancé. Cet outil n’est pas adapté aux jeunes plants, puisqu’il tend à déplacer les marquants.

L’Allemand Bähr propose un outil semblable dépourvu de disques métalliques, l’extrémité élargie des doigts servant à animer. La forme légèrement courbée des doigts permet, selon le sens de montage, d’avoir une position agressive ou non.

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