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Pulvérisateurs basiques - Un choix économique qui implique prudence et compromis

Pour des raisons économiques, bon nombre de viticulteurs investissent dans des pulvérisateurs simples. Dans cette famille, des appareils en apparence semblables peuvent présenter des différences majeures.

Avec des appareils simples, il est important de modifier les pratiques les années à pression cryptogamique importante.
Avec des appareils simples, il est important de modifier les pratiques les années à pression cryptogamique importante.
© Grégoire

« Dans les pulvérisateurs d’entrée de gamme, les appareils peuvent être très différents, même s’ils se ressemblent en apparence », explique Christophe Auvergne, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de l’Hérault. Dans bon nombre de régions viticoles, le contexte économique viticole n’est pas des plus florissants. Aussi, quand un appareil de pulvérisation arrive en fin de vie, les viticulteurs sont tentés de le renouveler avec un matériel neuf peu coûteux.

Cette famille de pulvérisateurs peut se résumer à des appareils simples de type aéroconvecteurs avec voûtes droites ou pneumatiques annoncés pour traiter plusieurs rangs à chaque passage. Il faut compter entre 10 000 et 20 000 euros selon les marques, les modèles, les capacités, mais aussi les régions, celles proposant des subventions recensant des prix d’appareils un peu plus élevés. « La simplicité de ces appareils arrive en deuxième critère, derrière l’aspect économique, indique Adel Bakache, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Gironde. Faciles à utiliser, sans rampe qui dépasse ou avec une petite rampe qui passe au-dessus des vignes, ils peuvent être mis entre les mains de salariés peu expérimentés. Pas ou peu de risques d’accrochages. Le centre de gravité est assez bas, donc moins de risques de renversement. »

Bien régler son pulvé pneumatique

Sur les appareils pneumatiques, il reste tout de même un minimum de réglages à réaliser comme la vitesse, le bon choix de pastilles et la bonne orientation des volets. « Ce type d’appareil brasse beaucoup d’air et produit beaucoup de fines gouttes, mais cela génère beaucoup de dérive, prévient Adel Bakache. De même pour les aéroconvecteurs, souvent utilisés à des pressions trop élevées. » Lors de campagnes normales, en passant un rang sur deux, sur trois, voire sur quatre, l’application de produits avec ces outils procure des résultats satisfaisants. « Mais des années compliquées comme ce fut le cas en 2023 en Gironde, il ne fallait pas compter protéger sa vigne en continuant de travailler comme lors des années plus sèches, rappelle Adel Bakache. Investir dans un pulvé simple implique des compromis. Quand la pression devient trop forte, il faut réduire les intervalles de passages. »

Des gros écarts de qualité entre les appareils

Pour Christophe Auvergne, « il est difficile d’établir des généralités sur ces appareils. En apparence, ces pulvérisateurs sont semblables. Concernant les cuves, les pompes et les circuits, les composants et les constructions sont globalement similaires d’une marque à l’autre. Mais quand on regarde de près, il peut y avoir des gros écarts de qualité en termes d’application ». Les différences entre deux matériels se cachent bien souvent dans le système de pulvérisation à proprement parler.

Même simples, les pulvérisateurs doivent être réglés.
Même simples, les pulvérisateurs doivent être réglés. © Pulvérisation S21
Le conseiller machinisme de l’Hérault donne quelques pistes concernant les appareils de type aéroconvecteurs. « La première chose à regarder, c’est la présence ou non d’une correction de l’effet turbine. Si le pulvé en est dépourvu, le flux d’air est beaucoup plus puissant en haut à droite et en bas à gauche que dans les deux autres coins. Pour cela, il suffit d’atteler le pulvé, d’activer la turbine et de passer la main partout le long de la voûte : les variations de flux sont facilement perceptibles de cette façon. »

Christophe Auvergne insiste également sur l’orientation du flux d’air, qui ne doit pas être perpendiculaire à l’axe du pulvérisateur. « Un flux d’air perpendiculaire tend à plaquer le feuillage, décrit-il. Les feuilles à l’extérieur vont cacher celles à l’intérieur, qui ne seront pas traitées. Le flux doit être légèrement orienté vers l’arrière, afin de générer un brassage du feuillage. » Prendre un mouchoir ou un ruban de balisage (Rubalise) permet de vérifier, turbine allumée, l’orientation du flux.

Des appareils de pulvérisation en apparence semblables peuvent présenter des différences importantes. N'hésitez pas à faire tourner les appareils pour détecter des ...
Des appareils de pulvérisation en apparence semblables peuvent présenter des différences importantes. N'hésitez pas à faire tourner les appareils pour détecter des variations de flux d'air. © Caffini
Christophe Auvergne conseille également de placer ce même ruban devant chaque buse. « On vérifie ainsi que le flux est bien tangentiel, dirigé vers le palissage et que ça ne bouge pas dans tous les sens. » Pour le conseiller, ces petites vérifications ne prennent pas beaucoup de temps et sont essentielles. « Un pulvérisateur a un coût, mais ce n’est rien comparé au prix des phytos (12 000 euros par an pour 30 hectares dans le Midi) ou au coût de la perte d’une partie de la récolte, parce que l’appareil pulvérise partout ailleurs que sur la culture, rappelle-t-il. Investir 3 000 à 4 000 euros de plus dans un appareil qui traite mieux, quitte à amortir sur une ou deux années de plus, se révèle bien souvent gagnant sur le long terme. »

Pour les appareils équipés d’une boîte de vitesses, la petite vitesse suffit généralement, sauf quand il y a des grosses épaisseurs de feuillage. « Avec la grande vitesse, les viticulteurs sont satisfaits parce que ça crache de l’air, mais le résultat est bien souvent contraire à l’effet escompté, met en garde Christophe Auvergne. Et on consomme plus de carburant. »

Le retrofit pour mieux travailler

Plutôt que d’investir dans un appareil neuf, Adel Bakache suggère, pour un tarif similaire, de monter en gamme et qualité de travail sur le pulvérisateur existant. « Quand un pulvérisateur arrive en fin de vie, tout n’est pas à jeter, observe le conseiller machinisme de Gironde. Si la soufflerie n’est effectivement plus utilisable, le châssis, la cuve ou encore la pompe peuvent encore faire des heures. Le retrofit est alors une solution proposant un bon compromis entre économie et qualité de travail. »

Plusieurs sociétés proposent des solutions de retrofit, comme Bliss, Praysbee et récemment Thomas Lefol. Ce Champenois d’origine fabrique des descentes intégrant des petites turbines électriques, à raison d’une par buse. À l’origine pensées pour les chenillettes, ces descentes sont modulaires et montées sur des supports souples. Elles ne nécessitent qu’un cheval de puissance par descente. Les tests réalisés par la chambre d’agriculture de Gironde avec cette solution se sont montrés très prometteurs. Compter autour de 1 900 euros par descente et 2 500 à 3 000 euros pour la génératrice.

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