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Plantation : main et machine sont complémentaires

Dans certaines situations, planter à la machine peut être une solution avantageuse. Il faut toutefois prendre plusieurs facteurs en compte, comme la longueur des racines.

Les machines à becs fonctionnent avec des racines plus courtes que celles à soc. Il y a donc moins de risque d'avoir un chevelu à l'horizontal dans le sillon.
© G. Delbecque

Pour beaucoup de viticulteurs, planter à la machine est devenu une évidence. « C’est une pratique qui se développe fortement, notamment celle assistée par GPS, témoigne David Amblevert, président de la Fédération française de la pépinière viticole (FFPV). De plus en plus de prestations sont réalisées ainsi, et nombreux sont les opérateurs qui voient le jour. » Plus de la moitié des plantations en France seraient aujourd’hui faites à la machine. Dès lors, faut-il en faire la méthode de référence ? « Les plantations manuelles et mécaniques ne sont pas deux techniques qui s’opposent, mais qui sont complémentaires », éclaire David Amblevert. En effet, toutes les parcelles ou appellations ne se prêtent pas à la machine. Cette dernière est limitée par la pente, le dévers, les terres fortes, les sols très caillouteux qui l’endommagent, et n’est pas très pertinente dans les parcelles biscornues aux rangées courtes.

Le travail 3-en-1 est l’avantage majeur de la machine

De même, travailler à la main offre une plus grande fenêtre de tir, puisque l’on peut rentrer plus rapidement dans les terres après la pluie. « Mais autrement, nous mettons en avant la plantation mécanique, qui revêt de nombreux avantages », assure le président. Il faut dire que la machine est plus rapide et efficace, en un seul passage elle est capable de planter, arroser et même installer le piquet si besoin est. « Et c’est moins cher », ajoute le pépiniériste. Si cette affirmation se vérifie dans certaines régions, il n’en va pas de même sur tout le territoire. Dans le Sud-Ouest par exemple, les tarifs ont tendance à être équivalents. Mais dans le Sud-Est, où la demande est plus forte que l’offre, la machine peut se révéler moins rentable. « La plantation mécanique m’est facturée 0,48 € le plant, alors qu’un prestataire avec une équipe de planteurs ne me coûte que 0,25 € le plant, témoigne un viticulteur gardois. Aussi je fais faire tout à la main. » De la même façon, ceux qui disposent d’une main-d’œuvre familiale ont plutôt intérêt à opter pour la solution manuelle d’un point de vue financier. Une chose est certaine en revanche, c’est que planter à la machine représente moins de main-d’œuvre dans l’absolu, donc moins de tracas, et moins de logistique, si ce n’est celle de l’eau. Cependant, certains vignerons ont eu des déconvenues, en particulier sur l’alignement des plants. « Cela est particulièrement vrai avec les systèmes de guidage laser, qui ont tendance à disparaître, mais avec le GPS il n’y a pas de problèmes », assure Olivier Yobrégat, de l’IFV Sud-Ouest.

Une meilleure reprise mais un enracinement moins bon

S’il est convaincu par le gain de confort apporté par la machine, la principale interrogation selon lui se situe sur le fait de planter en racine longue. « Les essais montrent que la vigueur est plus élevée ainsi la première année, ce qui est normal puisque de nombreux poils absorbants poussent depuis le chevelu. Mais quel sera le résultat à long terme ? » explique-t-il. Des essais réalisés par la chambre d’agriculture du Vaucluse ont montré que l’enracinement à moyen terme est moins bon lorsque le chevelu est courbé à la plantation, car les racines ne vont pas explorer toutes les directions. « Il y a dix ans, il y a eu la mode des plants sans racine, puis on a dit qu’il fallait laisser les racines entières : je pense qu’il faut trouver un juste milieu. C’est une aberration de laisser plus de 20 cm », estime David Amblevert. Pour lui, la machine est capable de réaliser un travail de grande qualité, à condition que les racines fassent une dizaine de centimètres, que la préparation du sol soit parfaite, et que les plants ne soient pas placés à l’endroit du coutre. Car c’est aussi des questions de réglage et d’opérateur. « Nous n’avons pas ce genre de souci avec les racines, car le personnel sait qu’il faut lâcher le plant au moment propice, lorsqu’elles sont droites », illustre-t-on à la pépinière Duvigneau, en Gironde. Il faut dire également que toutes les machines ne se valent pas. Celles dotées d’un soc, qui ouvrent un large sillon et permettent de plante en racine entière, le risque de créer une mauvaise implantation du chevelu est fort. Sur celles dotées de becs, en revanche, la longueur des racines est limitée par la configuration de la machine. « Il faut également faire attention aux conditions, alerte Olivier Jacquet, de la chambre d’agriculture du Vaucluse. Une plantation mécanique sur un terrain plutôt humide et argileux, cela va enfermer les racines. »

Les connaissances sur l’impact de la mécanisation manquent

Le conseiller est d’ailleurs plus sceptique que son confrère de l’IFV sur la mécanisation de la plantation. Pour lui, enfoncer un soc de 50 cm (30 cm de plant et 20 de racines) n’est pas un acte anodin. Il alerte également sur le manque de recherche sur le sujet. « Nous n’avons qu’une dizaine d’années de recul. Personne ne se tracasse mais parfois on trouve des pieds qui dépérissent, et on s’aperçoit qu’il y a un mauvais enracinement, dit-il. Peut-être que nous sommes en train de mettre en place des vignobles qui ne seront pas pérennes. » Pour apporter des éléments de réponses, le technicien a mis en place un essai de plantation machine avec différentes longueurs de racines, pour voir le comportement des ceps dans le temps. Le projet Origine (voir Réussir Vigne n°246, décembre 2017, page 46), coordonné par Nathalie Ollat à l’Inra de Bordeaux, devrait également se pencher sur la question. « C’est sûr que le mieux serait de planter dans un trou avec des racines mi-longues qui soient bien disposées, mais ce n’est pas imaginable techniquement et économiquement » conclut Olivier Yobrégat. La situation idéale n’est donc pas simple à trouver. Pour le viticulteur, l’enjeu est donc de définir un compromis entre le gain de confort apporté par la machine et la qualité de plantation de la méthode choisie.

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