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L'après-PAC 2013
L'Europe à l'heure des choix

Intégration de la viticulture dans la PAC, droits de plantation en suspens, paiement directs ou pas : quel sort l'Europe réserve-t-elle à la filière ?

Les bandes enherbées pourraient faire partie des conditions exigées pour percevoir les aides.
Les bandes enherbées pourraient faire partie des conditions exigées pour percevoir les aides.
© P. Cronenberger

La viticulture européenne est à la croisée des chemins. D’ici quelques mois, des décisions qui conditionneront son avenir pour les dix prochaines années seront prises. La première concerne les modalités de l’intégration de la viticulture au sein de la politique agricole commune, dont le projet de réforme a été présenté le 12 octobre dernier par la Commission européenne. La seconde porte sur la poursuite ou l’abandon du régime des droits de plantation, dont la libéralisation a été actée par le Conseil européen mais à laquelle un nombre croissant d’Etatsmembres et l’essentiel des pays producteurs, se disent aujourd’hui opposés. Les vignerons français peuvent encore peser sur ces choix, et ils le savent. Les organisations professionnelles, françaises en tous cas, ne font plus guère de mystère qu’elles entendent obtenir des engagements clairs de la part des candidats à la prochaine élection présidentielle en faveur des droits de plantation. Quant à la réforme de la PAC, le monde viticole semble aujourd’hui partagé entre la crainte de perdre sa spécificité au sein d’une organisation unique des marchés agricoles et l’intérêt pour le pactole considérable que constituent les aides du premier et du deuxième pilier de la PAC. C’est sans doute faire peu de cas du fait que les deux projets sont très imbriqués l’un dans l’autre et destinés à ne faire plus qu’un. Dans l’esprit de la Commission européenne, la réforme de l’OCM viticole, dont elle ne manquera pas de souligner bientôt les avancées et la nécessité de la poursuivre au sein d’une PAC unique, justifie la nécessité de libéraliser les droits de plantation. Le scénario est connu. Le secteur du lait, ou celui de la betterave, ont du abandonner leur régime de quotas sur l’autel d’une amélioration apparente de la conjoncture.


Les experts que nous avons interrogés soulignent que le sort de l’OCM vin au sein de la réforme de la PAC et celui des droits de plantation sont susceptibles de redessiner en profondeur l’aspect du vignoble européen à l’horizon 2020 ou 2025. Et leur pronostic est sans appel. Le risque s’accroît de voir émerger une viticulture à deux vitesses : une activité industrielle aux mains d’entreprises disposant d’une grande liberté d’investir et utilisant la notoriété des vignobles d’appellation, et des exploitations familiales à l’équilibre menacé par la course à la baisse des coûts de production. Pour modifier la tendance, les vignerons français auraient tout intérêt à se doter des moyens de lobbying qui, aujourd’hui, leur font défaut à Bruxelles.

 

INTERVIEW ! L’italien Riccardo Ricci Curbastro, président d’Efow(1), estime que le dispositif de paiements directs proposé par Bruxelles est inadapté au secteur viticole. Il se prononce en faveur du maintien d’enveloppes nationales.


Dacian Ciolos a présenté récemment ses propositions pour une réforme de la PAC. Celles-ci concernent-elles, selon vous, la viticulture ?

Oui, cette réforme nous touche directement puisqu’il s’agit d’une réforme de l’ensemble de la politique agricole européenne, dont le règlement sur l’OCM unique qui couvre le secteur vitivinicole depuis fin 2009. De plus, certaines propositions de la Commission européenne affectent et/ou affecteront directement ou indirectement notre secteur, par exemple les mesures relatives au développement rural.


Selon vous, les viticulteurs italiens doivent-ils s’inscrire dans la logique des paiements directs telle que proposée par Bruxelles ?

Pour le moment, seulement quelques producteurs isolés ont demandé un paiement unique découplé sur la base des hectares. Le secteur vitivinicole est trop différent des autres secteurs agricoles pour être traité dans le cadre du régime des paiements directs. Si un producteur de céréales peut se satisfaire des paiements directs, le viticulteur lui ne peut gérer avec la même élasticité sa production. Il a besoin d’engagements sur le long terme.

Pour le vin, la mise en place d’un tel régime encouragerait l’abandon des cultures dans les zones difficiles. Ceci aurait également des conséquences néfastes du point de vue socio-économique car cela diminuerait le budget disponible pour d’autres aides précieuses telles que les investissements, la promotion, la restructuration du vignoble… Nous devons absolument maintenir le système des enveloppes nationales car elles permettent de gérer le secteur par les Etats membres de manière flexible et intelligente en tenant compte des spécificités locales.


Quelle est votre position sur la question du maintien ou non des droits de plantation ?

La libéralisation des droits de plantation aurait des conséquences dramatiques pour le secteur, comme par exemple la surproduction et la baisse des prix, la délocalisation des vignobles, la perte d’emplois, l’industrialisation du secteur et du produit et donc sa perte de qualité. Devoir renoncer à un système qui a fait ses preuves au nom d’une soit disant “ compétitivité accrue ” est une illusion terrible.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDINE GALBRUN

(1) Fédération européenne des vins à origine

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