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Les UV stimulent aussi les défenses de la vigne contre le gel

La lumière ultraviolette permet vraisemblablement de stimuler les défenses de la vigne contre le gel.

La végétation doit avoir dépassé le stade pointe verte pour que la stimulation de la vigne ait lieu.
La végétation doit avoir dépassé le stade pointe verte pour que la stimulation de la vigne ait lieu.
© X. Delbecque

Cela fait trois ans que Michel Jacob, vigneron à Avirey-Lingey dans l’Aube, expérimente la stimulation de la vigne par les UV contre les maladies cryptogamiques. Et dès le début, il a souhaité voir s’ils ont aussi un effet contre le gel, sans que les conditions soient réunies. « Le 1er mai 2021 nous avons eu, malheureusement, les conditions parfaites : -2,5 °C sur une végétation déployée, avec une très forte humidité », rapporte le vigneron. Il a donc sauté sur l’occasion. Michel Jacob a stimulé dix ares, découpés en trois modalités : une avec un passage 48 heures avant le gel annoncé, une autre 24 heures avant et une dernière avec deux passages (48 et 24 heures avant). Et il s’avère qu’il a obtenu de bons résultats sur la modalité stimulée 48 heures avant.

Le vigneron a réalisé des comptages avec ses équipes sur plus de 6 000 bourgeons, a fait venir la chambre d’agriculture de l’Aube et le Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC) ainsi qu’un consultant indépendant, et tous sont tombés d’accord. 30 à 40 % de bourgeons de moins ont été grillés par le gel, en comparaison avec le reste de la parcelle. Et à la récolte, une pesée différenciée a montré un gain de 15 % de rendement. Il semble en revanche que stimuler 24 heures avant soit trop tard pour que la plante réagisse, et que la deuxième stimulation à 24 heures annule les effets de celle à 48 heures. « Je me demande même si un passage à 72 heures n’aurait pas été encore plus efficace », pointe Michel Jacob.

Un effet constaté des UV avant mais aussi après le gel

Ces résultats ne surprennent qu’à moitié la société UVBoosting, qui développe la technologie. « L’an dernier nous avons réalisé des analyses de séquençage d’ARN pour mieux comprendre comment agissent les UV sur la vigne, et nous avons constaté une activation de la voie des stilbènes, molécules connues comme moyen de protection de la plante face au gel », relate Nicolas Pascouau, ingénieur de la firme. Et à Bordeaux, Alain Guarité, de la société de prestation Performance vignoble, a eu le sentiment de voir, en stimulant après coup, des vignes plus jolies et des grappes moins coulardes par rapport au témoin. « Nous allons continuer les expériences, informe Nicolas Pascouau. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas voir cela comme un moyen de lutte à part entière, mais pour ceux qui sont équipés cela peut être intéressant pour limiter la casse, ou bien en complément d’autres méthodes pour augmenter la protection. » D’ailleurs la stimulation ne peut être mise en place qu’à partir du moment où le stade a dépassé la pointe verte. Michel Jacob, en tout cas, n’hésitera pas à renouveler l’expérience sur son vignoble selon les prévisions et les conditions météo des prochains printemps.

en bref

Efficacité Partielle, a priori intéressante en complément d’un système de lutte physique

Bilan carbone Non calculé, mais la seule combustion est celle du gazole du tracteur

Coût Quelques centaines d’euros par hectare en prestation, environ 50 000 euros à l’achat

Après les ultraviolets, bientôt les infrarouges

Les ondes électromagnétiques ont peut-être de l’avenir dans la lutte antigel. Depuis trois ans, Déborah Ducamp, fondatrice de l’entreprise Wine Protect, développe une idée de lutte par lampes infrarouges. Le mode d’action de ces ondes est complètement différent de celui des UV : elles ne stimulent pas la plante mais ont la propriété de réchauffer les tissus qui contiennent de l’eau. « Ainsi cela chauffe la vigne mais pas l’air », explique l’entrepreneuse. La solution à l’étude est composée de modules avec une batterie, un mât et un panneau solaire, qui alimentent des lampes infrarouges positionnées au-dessus de chaque cep. Chaque module peut alimenter six pieds de vigne. Des sondes et capteurs permettent d’automatiser la lutte, et une application est prévue pour tout contrôler depuis son smartphone. « Des essais en labo et en chambre froide ont montré que l’on pourrait lutter jusqu’à - 7 °C », se félicite Déborah Ducamp. Plusieurs prototypes ont été construits, la présérie est attendue pour ce mois de décembre et l’entreprise espère être opérationnelle pour le printemps 2022.

Tous les articles de notre dossier Gel 2021 : les tops et les flops

 

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