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Innovation variétale
Les hybrides au centre des débats du congrès des pépiniéristes

Encore trois ans avant que la pépinière puisse espérer multiplier des hybrides résistants d'obtention française, alors qu'un hybride français est prêt. De quoi susciter l'incompréhension. L'Inra s'est expliqué de ses choix lors du congrès des pépiniéristes.

Christian Huyghe, directeur scientifique 
à l'Inra :  " À l'heure actuelle, nous ne savons pas quels sont les gènes de résistance utilisés par les hybrides étrangers. "
Christian Huyghe, directeur scientifique
à l'Inra : " À l'heure actuelle, nous ne savons pas quels sont les gènes de résistance utilisés par les hybrides étrangers. "
© Bertrand Nicolas/Inra/archives

La France n'est pas à un paradoxe près. Tandis que les viticulteurs français peuvent planter des hybrides résistants mono-géniques (qui ne contiennent qu'un seul gène de résistance) issus de sélections étrangères, les pépiniéristes français ne peuvent en cultiver pour les commercialiser. Il a été décidé que ces variétés ne seraient pas multipliées en France. L'Inra a, par ailleurs, choisi de ne pas mettre en pré-multiplication son obtention hybride mono-génique, qui est pourtant prête à l'emploi. Pourquoi tant de précautions ? L'Inra considère que les hybrides mono-géniques peuvent introduire des résistances chez les pathogènes et ce, très rapidement. Du coup, une plantation de vigne pourrait ne plus être résistante au moment où elle est en pleine production. Seulement deux gènes de résistance " forts " ont été identifiés. Si ces gènes étaient contournés par les champignons du mildiou ou de l'oïdium, il n'y aurait plus de ressources génétiques pour créer de nouvelles résistances. " Les viticulteurs et leurs enfants n'auraient plus d'autres options que de continuer à utiliser les produits phytosanitaires ", a expliqué Christian Huyghe, directeur scientifique à l'Inra, durant le congrès des pépiniéristes qui s'est tenu du 27 au 29 août 2013 . L'Inra et l'administration préfèrent limiter l'utilisation de ces hybrides et faire attendre la profession viticole jusqu'en 2016, année où le centre de recherche proposera un hybride résistant poly-génique (entendez avec plusieurs gènes de résistance, donc davantage pérenne).


L'innovation contrariée


Bien que les pépiniéristes comprennent les arguments scientifiques avancés, ils restent circonspects. Pourquoi alors autoriser la plantation d'hybrides résistants mono-géniques venus d'Allemagne et de Suisse ? N'y a-t-il pas un moyen d'interdire leur importation ? " La France ne peut prendre une telle décision sans se faire reprocher l'instauration d'une barrière non-tarifaire. Il faudrait que la profession viticole demande collectivement à avoir des informations sur les gènes utilisés et décide de ne pas les utiliser. À l'heure actuelle, nous ne savons pas quels sont les gènes de résistances utilisés par les hybrides étrangers ", regrette Christian Huyghe. En attendant, les pépiniéristes se lamentent. En perte de vitesse, notamment à l'export dont le chiffre d'affaires a baissé de 50 millions d'euros en dix ans, l'innovation est leur seul recours pour espérer maintenir leur activité. Certains pensent d'ailleurs à une délocalisation, d'autant que les règlementations françaises et le coût de la main-d'oeuvre sont les facteurs essentiels de la perte de compétitivité du secteur...

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