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Les bons outils pour implanter ses couverts en viticulture

Le marché regorge de solutions de semis de couverts végétaux à sélectionner en fonction de l’état de l’enherbement en place, des objectifs du viticulteur et du rôle que les nouvelles espèces vont jouer. Tour d’horizon des différentes techniques.

Pour implanter un couvert, le travail à effectuer ne sera pas le même selon la densité de végétation en place, et si le viticulteur souhaite ou non garder l’enherbement naturel, le compléter ou le remplacer par un enherbement maîtrisé. Dans cette dernière configuration, le semis sera précédé d’un travail de destruction chimique et/ou mécanique de l’enherbement. Pouvant se réaliser en même temps que le semis, comme dans le cas d’un combiné de semis herse rotative (ou fraise rotative) et semoir, le travail mécanique aura pour effet de miner la végétation en place, favorisant le succès de l’implantation des essences semées en réduisant considérablement (ou totalement) la concurrence de la végétation préalablement installée. Le travail du sol assure par ailleurs la formation d’un lit de semence favorable à la réussite du semis. Cependant, certains viticulteurs souhaitent un travail du sol minimaliste après un désherbage chimique, notamment dans les parcelles sensibles à l’érosion.

D’autres font le choix d’un enherbement naturel maîtrisé, complété d’un semis à la volée. Dans ce cas, la végétation pourra être travaillée avec un rouleau, un rolofaca, avec des dents vibrantes ou avec des herses, afin de freiner son développement. Le travail du sol léger favorise par ailleurs la réussite du semis en générant un petit lit de semences. Un rappui suffisant reste incontournable pour tasser la terre autour de la graine fraîchement déposée : ainsi l’eau monte plus facilement par capillarité et améliore la germination.

Disques ou dents

Certains viticulteurs se montrent fervents des appareils de semis direct sans travail du sol en amont : l’objectif est alors uniquement de compléter l’enherbement en place par des espèces qui restructurent le sous-sol, captent l’azote de l’air (légumineuses), ou qui ont d’autres propriétés intéressantes. En limitant les perturbations du sol, le semis direct sans travail du sol permet également de conserver une bonne portance lors des travaux qui suivront. Le viticulteur a alors le choix entre deux types d’implantation de la graine : la dent et le disque. La première se montre particulièrement constante en termes de profondeur d’implantation, y compris en terres caillouteuses. En revanche, si le viticulteur n’a pas de pierres ou souhaite à tout prix à éviter de remonter des cailloux, les disques trouveront leur place. Monté sur des supports indépendants suspendus, chaque disque passe par-dessus les obstacles. Plusieurs solutions à disques se côtoient sur le marché. Le simple disque dispose d’une assiette sensiblement de travers complété d’un coutre à l’intérieur. Par rapport au double disque, le coutre élimine les pailles emmenées par le disque au fond du sillon, qui peut gêner la bonne germination. L’asymétrie du monodisque tend à générer plus de contrainte latérale.

Autre type d’appareils à disques, les semoirs à disques inclinés se composent d’un disque unique proposant des angles d’entrure (c’est-à-dire par rapport à l’horizontalité du sol) et d’attaque (par rapport à la ligne d’avancement) importants. Cette construction leur confère une capacité de pénétration importante, y compris par conditions sèches : ce sont généralement des appareils légers qui ne nécessitent ni grosse puissance de traction, ni lestage. Jouxtés d’une large roue pour maîtriser la profondeur de semis, ces disques soulèvent légèrement la végétation en place et génèrent un bon lit de semence. Le rappui est réalisé ensuite pas une roue de plombage inclinée dans l’autre sens par rapport aux disques inclinés pour refermer le sillon.

Profondeur de semis régulière avec les dents

Du côté des appareils à dents, on en distingue deux types : ceux à dent droite rigide de type décompacteur et ceux à dents vibrantes annoncées comme générant plus de terre fine. Dans les deux cas, ces semoirs disposent pour la plupart d’un soc en T inversé qui génère un petit lit de semence. En conditions caillouteuses, un rouleau assez lourd peut être nécessaire pour renfoncer les pierres soulevées par les dents en plus de rappuyer la ligne de semis. Pour limiter la perturbation de la végétation en place, bon nombre d’appareils disposent d’un disque ouvreur, potentiellement suspendu, devant chaque dent. Selon les constructeurs et le choix du viticulteur, ce disque ouvreur est plat ou légèrement gaufré. D’après ses partisans, ce dernier présente l’avantage de moins enfoncer de résidus végétaux au fond du sillon. Il travaille un peu plus le sol sur une faible largeur, améliorant le lit de semence.

Adapter le dosage et la distribution

Pour ce qui concerne le dosage et de la distribution, on distingue deux familles de semoirs : les mécaniques et les pneumatiques. Les premiers ont une caisse qui occupe toute la largeur du semoir : les graines tombent tout simplement par gravité vers les éléments semeurs. Sur ces appareils, pour entraîner via une chaîne le doseur et avoir un débit proportionnel à l’avancement, une roue squelette prend généralement place à l’arrière, générant un porte-à-faux supplémentaire. Les seconds ont une caisse centrale et le transport de la graine vers les éléments semeurs s’effectue via un flux d’air. Sur ces outils, un DPAE (débit proportionnel à l’avancement électronique) est préconisé pour avoir toujours la même densité de semis, quelle que soit la vitesse d’avancement. L’information de la vitesse est prise soit sur le tracteur, soit via un radar ou un GPS.

En cas de mélange de graines de différentes natures, un agitateur dans la caisse limite le phénomène de ségrégation, les vibrations ayant tendance à séparer grosses graines et petites graines. Pour ne pas avoir cet effet, certains viticulteurs ont fait le choix de deux caisses et deux distributions distinctes. Cette stratégie, plus coûteuse, présente l’intérêt de pouvoir implanter deux semences à deux profondeurs différentes. Les grosses graines comme certaines légumineuses aiment être emblavées à plusieurs centimètres de profondeur, quand les graminées se contentent de quelques millimètres de profondeur.

Enfin, si le semis est bien réussi, son succès dépendra aussi de l’entretien de l’enherbement déjà en place. Maintenir une tonte régulière limite la concurrence pour l’accès à la lumière, jusqu’à ce que le semis soit suffisamment développé.

Semer au drone : du débit de chantier et de la sécurité dans les fortes pentes

Ovalie-Innovation poursuit ses recherches sur le semis « de haut vol ».

Alternative au semis « terrestre », le semis de couvert par drone présente quelques intérêts. Nous vous en parlions il y a deux ans (Réussir Vigne n° 253 de juillet-août 2018), la technique testée par Ovalie-Innovation, filiale de Maïsadour et Vivadour, s’est depuis perfectionnée. Embarquant une dizaine de kilogrammes de semences, le drone octoptère (équipé de huit hélices) a gagné en sécurité et en régularité de semis. « Par rapport à la version présentée il y a deux ans. il embarque des capteurs supplémentaires, détaille Stéphane Ballas, chargé de mission pour Ovalie-innovation. D’une part, un lidar (télédétection par laser) évalue la présence éventuelle d’obstacles, ce qui réduit fortement le risque de dommage sur le drone, d’autant plus qu’il évolue en vol automatique. D’autre part, un second capteur stabilise la hauteur du drone par rapport au sommet du feuillage. » Même dans des pentes supérieures à 20 %, il évolue toujours à 3,50 m au-dessus de la canopée. Les multiples tests ont montré que cette hauteur de vol était un bon compromis entre le débit de chantier et une dérive limitée. À cette hauteur, le drone épand sur une largeur de 6 m environ. Ovalie-Innovation annonce des débits de chantier journaliers de l’ordre de 30 ha.

Aujourd’hui, la prestation s’adresse exclusivement aux adhérents de Maïsadour-Vivadour, à un tarif de 20 €/ha. Outre le débit de chantier, elle présente comme intérêt de pouvoir intervenir dans des pentes importantes sans générer de risques, mais également dans des conditions de portance limitées. En revanche, le semis aérien ne concerne aujourd’hui que les petites graines. Les chances de succès du semis seront bien sûr maximisées si un travail du sol a été réalisé en amont et un rappui en aval, ce qui limite donc l’intérêt aux viticulteurs qui ne sont pas équipés de semoir.

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