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Le Grass Killer peut mieux faire

Nous avons observé le Grass Killer de Caffini sur le terrain. Cet appareil, qui désherbe le cavaillon grâce à de l’eau sous pression, est intéressant. Mais il n’apporte pas un résultat aussi net qu’escompté.

En ce jeudi 9 mars, il y avait foule sous le soleil médocain pour voir travailler le Grass Killer de Caffini. Le concessionnaire Marc Ducousso, à Gaillan-en-Médoc en Gironde, organisait une journée de démonstration de ce matériel original de désherbage intercep, fonctionnant à l’eau sous pression. Un appareil plein de promesses, puisqu’il a été primé aux salons italiens Enovitis (Torrevento) et Eima (Bologne) en 2016. Pour autant, la démonstration ne nous a pas pleinement convaincus. Sur le terrain, le Grass Killer s’est montré efficace mais clairement perfectible.

Pour rappel, ce matériel est équipé d’une pompe à pistons fonctionnant avec une pression maximale de 1 250 bars, d’une cuve d’eau et d’une tête tournante sur laquelle sont installées quatre buses. Les jets qui en sortent permettent de détruire la végétation par la simple force mécanique de l’eau, sans produit chimique ni haute température. Selon la firme italienne, une telle pression permet non seulement la destruction du couvert mais aussi d’émietter les racines sur une profondeur allant de 4 à 6 centimètres.

Un travail en surface correct, mais qui laisse à désirer sur les racines

Or, c’est bien là que le bât blesse. Si le travail en surface semble efficace, laissant un tapis d’herbe hachée, lorsque l’on gratte, la racine est souvent encore solidement ancrée. Il faut dire que la parcelle de l’essai était relativement chargée en adventices (voir photo). Mais la terre était fraîche et meuble, ce qui donnait des conditions idéales. Peut-être ne faut-il pas intervenir trop tard lorsque l’on utilise ce type d’appareil. Sur les jeunes plantules de Véronique par exemple, l’effet est satisfaisant. Par contre, le pivot des séneçons adultes est resté indemne à chaque fois. De fait, la plupart des plantes qui n’étaient pas en fin de cycle ont commencé à ressortir dès 10 jours après la démonstration, laissant présager une resalissure rapide.

Selon le représentant de la marque, trois passages sont nécessaires la première année pour maîtriser les adventices, et deux seulement les années suivantes. Sur un sol pauvre de coteaux, c’est peut-être envisageable. Mais sur un sol profond et fertile qui a tendance à se salir vite, cela semble ambitieux. La tête possède une couronne crantée en plastique, qui tourne de façon autoanimée. Elle permet de protéger le pied de vigne lors de l’avancement. L’effacement hydraulique de l’outil se fait relativement bien. Pour les complants, un piquet solide est toutefois nécessaire. La tête n’occasionne que très peu de blessures, mais s’efface quand il y a une butte, ce qui implique un meilleur fonctionnement sur sol plat. De plus, l’appareil ne travaille pas au ras des ceps, et laisse, comme la plupart des outils interceps, un collier d’herbe autour du plant.

La vitesse d’avancement inférieure à l’annonce du fabricant

La consommation d’eau annoncée est de 33 centilitres par mètre linéaire, pour une vitesse d’avancement de 2,5 à 3 km/h. Avec plus de 1 600 litres par hectare, cela pose clairement un problème d’ordre organisationnel. Pour des parcelles à côté de l’exploitation c’est envisageable, mais les allers-retours pour le remplissage peuvent vite devenir un frein. D’autant plus que l’appareil ne désherbe qu’un seul côté à la fois. Nous n’avons pas pu mesurer précisément la consommation d’eau lors du test, mais elle est de l’ordre de grandeur annoncé par le constructeur. Par contre, lorsque nous avons chronométré le travail, nous avons obtenu une vitesse inférieure, à moins de 2 km/h. Toutefois, cela provient peut-être du fait que le chauffeur utilisait l’appareil pour la première fois, même s’il estime la prise en main facile. Il faut dire que le boîtier de commandes est assez simple (voir photo). Un bouton permet de contrôler l’extension et l’inclinaison de la tête rotative. Un autre actionne la mise en fonctionnement de la distribution et de la rotation des buses. Il est également équipé d’un bouton-poussoir de sécurité qui arrête l’appareil.

Le tractoriste roulait à un régime moteur de 1 200 tours par minute, avec la prise de force enclenchée à 1 000 tours par minute. Notons la présence de deux éléments de sécurité plutôt rassurants : le premier est un câble en acier qui attache le flexible d’eau sous pression, pour le retenir en cas de rupture. La deuxième empêche l’arrivée de l’eau lorsque la tête tournante est relevée à la verticale. D’autre part, la pompe se coupe si la pression devient trop importante. L’appareil ne nécessite pas beaucoup d’entretien, si ce n’est la vérification régulière du filtre à eau (la pompe n’accepte pas un seul grain de sable).

En conclusion, le Grass Killer fait un travail de tonte intercep indéniable, mais ne travaille pas assez en profondeur pour venir à bout des racines adultes. Pour 41 500 euros (modèle de 1 000 litres testé), nous en attendions plus. Des aides devraient toutefois être disponibles pour financer l’achat de cet appareil.

La vidéo de la démonstration est disponible sur le site www.vigne.reussir.fr
fiche technique

Grass Killer, de Caffini

Capacité de cuve 1 000, 1 500 ou 2 000 litres

Largeur minimum du rang 1,80 m

Largeur de travail 40 cm

Rotation de la tête 600 tr/min

Vitesse d’avancement entre 1,5 et 3 km/h

Consommation d’eau annoncée 33 cl par mètre linéaire

Débit hydraulique nécessaire 25 l/min en SE

Prix à partir de 41 500 euros HT

voir plus loin

D’autres constructeurs planchent sur des solutions alternatives au désherbage chimique, et proposent des équipements parfois originaux. L’entreprise italienne Spezia, par exemple, a développé un canon qui dépose une mousse chaude (70 °C) qui détruit lentement les cellules végétales. Des systèmes voient également le jour comme des désherbeurs à la vapeur (Eco GP de l’italien MM) ou à l’eau chaude sous pression (Oeliatec, HydroFrance).

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