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La fin de la 2G perturbe les réseaux de stations météo

Le 1er janvier 2021, Orange n’assurera plus le maintien d’une partie de ses réseaux de communication. Pour le vignoble de Bourgogne-Franche-Comté cette décision annoncée mi-février a une conséquence directe sur l’avenir de Climéo, son réseau de stations météo.

Station Cimel à transmission filaire, dont l’activité va être arrêtée au 1er janvier 2021 © DR
Station Cimel à transmission filaire, dont l’activité va être arrêtée au 1er janvier 2021
© DR

Dans quelques mois, les trois lettres "GSM" ne seront plus qu’une expression surannée pour parler d’un téléphone portable. La réalité technologique qui se cache derrière ce sigle, à savoir le réseau de téléphonie mobile de deuxième génération, va quant à elle disparaître. Or, si nous n’utilisons plus ce réseau dans notre quotidien, remplacé par la 3G puis la 4G, il est encore employé sur certains réseaux de stations météo pour le transfert des données. C’est le cas notamment pour le réseau Climéo, financé par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et la chambre régionale d’agriculture Bourgogne-Franche-Comté, qui comprend 40 stations de relevés météo. " Concrètement, cela signifie que si l’on décide de conserver ces stations, il faudra changer leurs unités d’acquisition de données, soit un coût total équivalent à un an de fonctionnement et d’entretien de ce même réseau », explique Christine Monamy, responsable agrométéo et des observatoires du BIVB.

Estimer l’intérêt des données spatialisées de Météo-France

Les données issues du réseau servent à faire tourner les modèles de prévision de risques maladies et ravageurs. C’est par exemple le cas du modèle SOV qui permet de calculer un indicateur de risque global oïdium. Cela dit, les stations du réseau ne sont pas la seule source de données puisque depuis 2014, le BIVB achète des données spatialisées de Météo-France. Des données qui résultent d’une combinaison entre la modélisation numérique et l’observation, et alimentent les modèles lorsqu’une station tombe en panne. L’université de Bourgogne a cherché à savoir si l’abandon du réseau Climéo et l’utilisation exclusive de ces données spatialisées avaient un impact sur les indicateurs issus des modèles.

 

Lire aussi: [Astuce] une station météo sur mesure

 

Financé pour moitié par le BIVB, ce travail statistique a consisté à comparer, sur plusieurs campagnes, les informations « en sortie de modèles » selon que les données pour nourrir ces modèles provenaient du réseau Climéo ou des grilles de Météo-France. « Pour le modèle SOV, les comparaisons réalisées sur 6 campagnes de 2014 à 2018 ont donné des résultats satisfaisants, explique Pauline Mialhe de l’université de Bourgogne. Le risque global oïdium présente en effet peu de changement selon que l’on utilise les données issues des 11 stations concernées par cette étude ou leurs valeurs correspondantes dans les données spatialisées ». Pour cet indicateur, les conseillers des chambres d’agriculture qui ont collaboré à l’étude ont validé l’intérêt de travailler avec les grilles de données. D’autant plus que l’utilisation des grilles Météo-France pourrait permettre d’avoir une information spatiale sur toute la Bourgogne-France-Comté, et pas uniquement localisée sur les stations d’observations du réseau. Et ceci avec des coûts de maintenance moindres.

Le BIVB planche sur une version 2 du réseau Climéo, au goût du jour

Concernant les autres modèles, et même si quelques ajustements sont à apporter, on peut retenir d’une façon générale que les grilles Météo-France conviennent pour la modélisation. « Par contre, poursuit Christine Monamy, la demande des professionnels est d’avoir des données très locales, voire à l’échelle de la parcelle. Les données spatialisées, si elles présentent l’avantage de pouvoir créer des stations virtuelles tous les km², ne répondent qu’en partie à cette demande. C’est d’ailleurs pourquoi depuis quelques années, des réseaux de stations connectées se sont développés sur la région, à l’initiative des chambres départementales d’agriculture. " À partir de tous ces paramètres, le BIVB est actuellement en train de définir ce que sera la version 2 du réseau Climéo dans le cadre d’un groupe météo régional. Les discussions tiendront compte de nombreux facteurs comme la cohérence entre les réseaux, leur fiabilité, leur maintenance et leur contrôle, la mutualisation des données, les tests de modélisation ou encore la validation des OAD.

Meteoprec, pour fiabiliser les données issues des réseaux de stations connectées

Démarré en 2019 pour une durée de trois ans, le projet Meteoprec a pour objectif d’améliorer l’accès de la météo de précision pour les agriculteurs et les viticulteurs.

Financé par le ministère de l’Agriculture et piloté par l’Acta avec ses partenaires Météo-France, Arvalis, IFV, Inrae, le projet Meteoprec comprend deux grands thèmes de travail. Le premier est d’enrichir la partie « prévision météo » en tenant compte de l’incertitude associée. Ceci permettra de prendre en compte cette incertitude pour enrichir les sorties des outils d’aide à la décision utilisés pour le pilotage des traitements phytosanitaires ou de l’irrigation. Le deuxième thème concerne les réseaux de stations connectées installées chez les agriculteurs. Ici le but est d’inscrire ces stations dans un processus de contrôles et de corrections éventuelles des données collectées pour obtenir des données de qualité permettant d’utiliser ensuite de façon très fiable les différents OAD. " Sur ce thème, explique François Brun, responsable du projet, nous travaillons dans le cadre de conventions entre le consortium, les constructeurs des stations, comme Sencrop ou Weenat, et leurs clients qui pilotent différents réseaux de stations dans des bassins de production. Ce sont des coopératives, des négoces, des chambres d’agriculture, ou des interprofessions auxquels nous demandons l’accès aux données du réseau installé sur leur territoire." C’est dans ce cadre que le BIVB, déjà engagé dans la réflexion sur l’avenir de son réseau Climéo, s’est récemment rapproché de Meteoprec. Ici, l’idée n’est pas de stocker les données mais d’avoir de la matière pour éprouver un certain nombre d’algorithmes proposés pour le contrôle et la correction des données. Les contrôles de qualité des données réalisés peuvent par exemple conduire à combler des données manquantes, à rechercher et à éliminer des données aberrantes, à faire des analyses de cohérence entre stations, ou encore à ajuster les observations issues de la station en éliminant tous les biais grâce à la confrontation avec d’autres sources de données de Météo-France. En plus de la détection d’anomalies importantes, l’objectif est de mettre en place des alertes et d’émettre des préconisations pour améliorer la maintenance des différents capteurs au sein des stations.

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