Aller au contenu principal

Drosophila suzukii, un risque toujours latent

Présente dans tous les vignobles, la Drososophila suzukii est suspectée de disséminer la pourriture acide. Discrète depuis 2014 grâce à des conditions climatiques peu favorables, cette drosophile reste sous surveillance.

Originaire d’Asie, Drosophila suzukii connaît depuis 2008 une progression spectaculaire en Europe. Cette mouche a d’abord causé de nombreux et sérieux dégâts sur cerises et petits fruits rouges. En vigne, au même titre qu’une autre mouche mieux connue des viticulteurs, Drosophila melanogaster, elle contribue au développement de la pourriture acide, avec des pertes de récolte pouvant atteindre 20 % dans les situations les plus graves. À la faveur de conditions climatiques humides très favorables à son développement en 2014, Drosophila suzukii a littéralement fait le buzz, avec l’apparition de nombreux foyers de pourriture acide qui lui ont été attribués.

Présente dans tous les vignobles mais peu active

« La campagne 2014 avait fait craindre le pire, confirme Denis Thiéry, de l’Inra de Bordeaux. Certains vignerons avaient vu leurs grappes tourner au vinaigre en quelques jours sans pouvoir rien faire, car lorsque l’on voit les premiers symptômes (larves dans les baies), il est déjà trop tard pour intervenir. » Mais heureusement, si les trois dernières campagnes ont bien confirmé la présence de Drosophila suzukii dans tous les vignobles, les conditions climatiques n’ont pas été favorables à son développement. Cette mouche est en effet active entre 10 et 30 °C avec un optimum à 25 °C. Elle aime la fraîcheur et l’humidité, et est gênée par le vent. Ainsi, les fortes chaleurs des derniers étés ont contraint Drosophila suzukii à se replier vers des zones plus fraîches et humides autour des parcelles, comme les haies ou forêts. Il semblerait par ailleurs que Drosophila suzukii soit impliquée dans des dégâts tardifs de pourriture acide, car les raisins sont très mûrs et attractifs, la pellicule des baies est plus fine et l’environnement des parcelles n’est plus attractif pour cette mouche (absence de baies sauvages, mûres et baies de sureaux sèches, etc.). En Alsace où 2014 avait été une année de forte pression et inquiétude, « elle est bien présente tant dans les vignes que sur les compartiments sauvages à proximité des parcelles, remarque Étienne Herrbach, chercheur à l’Inra de Colmar. Mais elle semble moins fréquente et moins dommageable. Peut-être faut-il y voir une régulation par des ennemis naturels, en plus de conditions climatiques défavorables ? »

Plusieurs pistes de recherche

À ce jour, quelques insecticides sont autorisés contre les drosophiles, mais ces solutions chimiques ne sont pas adaptées à la veille des vendanges, et leur efficacité est très incomplète dans la mesure où lorsque les attaques sont identifiées, il est déjà trop tard. Plusieurs pistes de recherche sont à l’étude comme l’utilisation d’ennemis naturels (voir page suivante), la protection physique avec des filets (technique en développement dans les vergers de cerisier), la technique de l’insecte stérile ou encore le recours à des répulsifs. « Ces deux dernières pistes permettraient une action ciblée, sans affecter les ennemis naturels du ravageur », souligne Simon Fellous, chercheur à l’Inra de Montpellier.

De nombreux travaux sont également en cours pour mieux comprendre la biologie, le comportement et la gamme de plantes hôtes de Drosophila suzukii. « Nous travaillons notamment dans le cadre d’une thèse de doctorat réalisée par Lionel Delbac sur le contrôle des zones réservoirs, l’influence des facteurs paysagers et la sensibilité des cépages », explique Denis Thiéry.

En attendant, à l’annonce de conditions climatiques favorables, il est toujours possible de mettre en œuvre quelques mesures prophylactiques comme un effeuillage modéré, la surveillance de plantes hôtes réservoir, ou encore le fauchage des couverts végétaux qui maintiennent l’humidité.

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Le Biogel d’AquaGreen Protect est pulvérisé sur la vigne sous forme de mousse. En séchant, cette dernière protégerait la vigne du gel.
Lutte contre le gel de la vigne : deux nouveaux produits un peu givrés

Deux firmes viennent de lancer des produits visant à lutter contre le gel de la vigne via la création d’une gangue protectrice…

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole