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DOSSIER
DOSSIER - À quand une agrométéo de précision

Faut-il aller jusqu’à prévoir la météorologie à l’échelle de la parcelle et ainsi adapter à cette dernière, en fonction de ses caractéristiques, les traitements phytosanitaires ? L’objectif étant de traiter mieux pour traiter moins. C’est la question que se pose actuellement la recherche. En attendant, le vigneron peut s’en remettre aux sites météo qui fleurissent sur la toile et pourquoi pas, revenir à des méthodes plus traditionnelles comme celles utilisées pour lutter contre la grêle.

Marie-Catherine Dufour, directrice du pôle IFV Bordeaux Aquitaine.
Marie-Catherine Dufour, directrice du pôle IFV Bordeaux Aquitaine.
© IFV

Disposer d’une information météorologique de précision qui permettrait de faire tourner en toute fiabilité des modèles indiquant les risques d’épidémies à l’échelle d’une parcelle afin de raisonner au mieux les stratégies de protection du vignoble : tels sont les objectifs poursuivis par la recherche. “ Cela fait plus de vingt ans que nous travaillons sur l’agrométéorologie. Nous disposons aujourd’hui de modèles épidémiologiques stables, qui fonctionnent bien. Certains sont encore en développement comme celui concernant le risque botrytis ou perfectibles comme celui sur l’oïdium. Il nous faut désormais passer à la vitesse supérieure, rechercher une plus grande précision. Aujourd’hui, nous travaillons à l’échelle d’une grande région viticole. Notre objectif est de développer une agrométéo à l’échelle de l’exploitation et même de la parcelle ou du moins à l’échelle d’un ilôt d’isosensibilité dont les contours seraient définis par la mise en œuvre de pratiques phytosanitaires similaires ”, indique Marie-Catherine Dufour, directrice du pôle IFV Bordeaux Aquitaine. C’est ainsi tout l’enjeu du programme de recherche Vintage pour lequel l’Union européenne a mis la main à la poche, la Bourgogne étant pour la France une zone pilote d’expérimentation. Ce programme est en cours et les résultats finaux sont attendus en 2015.

Transfert technologique nécessaire

De son côté, l’IFV souhaitait élaborer, en partenariat avec Météo France, un produit basé sur l’agrométéo de précision, destiné à toute la filière, sous la forme d’un site internet qui devait s’appeler Météo Vigne.

“ Ce projet est aujourd’hui au point mort car nous n’avons pas trouvé le business plan qui permette de le faire fonctionner. Le problème étant que les données météo précises coûtent très chères. Le concept existe pourtant, ce n’est donc pas un problème technique mais bien économique. Ce qui va nous demander une réflexion approfondie ”, souligne Marie-Catherine Dufour.

Pour décider de traiter ou non, le vigneron peut bien sûr s’en remettre au bulletin de santé du végétal (BSV) ou se rendre sur la plateforme Epicure, développée par l’IFV, qui est un système d’information autour de la modélisation des maladies s’appuyant sur un réseau de données météorologiques qui s’affinent au fil du temps avec, par exemple, l’acquisition récente de radars pluviométriques, les modèles de prévision de risque “ Potentiel Système ” et un réseau de parcelles témoin, Epicure contribuant aussi à renseigner le BSV. “ Épicure n’est toutefois qu’une plateforme encore expérimentale et de ce fait, n’est pas utilisable par le plus grand nombre. Elle s’adresse ainsi à un public averti, constitué plutôt de techniciens. Un transfert technologique est donc nécessaire pour rendre cette plateforme plus ergonomique et accessible à tous. Là encore, une réflexion doit être menée ”, ajoute Marie-Catherine Dufour.


Si la recherche poursuit ses efforts pour une agrométéo de précision, elle ne va pas néanmoins sans s’interroger. “ Si nous arrivons à descendre à une échelle de précision parcellaire, est-ce que le viticulteur sera prêt à changer ses pratiques culturales d’une parcelle à l’autre ? Jusqu’où celui-ci est prêt à aller ? En aura-t-il les capacités ? Ce n’est pas qu’un problème scientifique mais bien de mise en pratique. La définition d’un îlot d’isosensibilité serait sans doute un niveau plus pertinent. ”

Le projet Vintage, quant à lui, précise Franck Brossaud, responsable de la coordination technique au BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne), s’appuie sur une hypothèse de départ à savoir qu’il existerait une climatologie au sein de la parcelle et que celle-ci aurait des conséquences sur le développement de la vigne, des insectes et des champignons. “ Mais ce n’est qu’une hypothèse et peut-être au final que l’incidence de ce climat microparcellaire sera minime par rapport au climat régional sur lequel repose d’ailleurs le fondement de la viticulture française à savoir l’effet terroir. C’est à cette question qu’il va falloir répondre pour savoir si une marge de manœuvre existe au niveau de la parcelle, pour adapter la protection de la vigne. ” En attendant, le vigneron peut consulter les sites d’information météo dont les précisions sont de qualité variable ou ressortir les bons vieux canon antigrêle.

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