Aller au contenu principal

Enherbement des vignes
Des légumineuses pour une concurrence limitée

Les légumineuses n´engendrent pas de concurrence azotée ou hydrique à la vigne. Elles permettent de lutter contre les adventices et diminuent les risques d´érosion. Leur emploi reste cependant délicat et n´est intéressant que dans les parcelles très pauvres.


Dans le cadre d´un enherbement, les légumineuses pourraient s´avérer intéressantes d´autant que, contrairement aux graminées, elles n´engendrent pas de déficit azoté et sont très peu concurrentielles en eau. Grâce à leur rhizobium*, les légumineuses ont en effet la capacité de fixer l´azote de l´air qui pourra ensuite être restitué au sol. Deux types principaux de légumineuses sont actuellement employés : le trèfle souterrain et les luzernes naines (appelées médics). Le trèfle pour les sols acides et les médics pour les sols basiques. « Les médics sont adaptées aux zones calcaires, sur sols pauvres et pentus, là où il y a un important stress hydrique estival », indique Magalie Delalande, ingénieur à l´Inra de Montpellier. « Elles permettent de lutter contre l´érosion et la flore adventice et sont particulièrement adaptées aux sols pauvres en azote ». L´erreur, parfois commise, est d´implanter de la luzerne fourragère Medicago sativa. « C´est une grosse erreur car il s´agit d´une espèce pérenne très concurrentielle pour l´eau ».

Trois variétés de médics sont couramment utilisées pour l´enherbement : la Medicago rigidulata (variété Ampus), la Medicago truncatula (variété Salernes) et la Medicago polymorpha (variété Maugio). L´idéal est d´ailleurs de faire un semis qui associe 2 ou 3 de ces espèces. « L´association de variétés offre une grande souplesse d´utilisation et favorise une plus grande diversité, facteur favorable au développement d´une flore équilibrée et de la faune bactérienne du sol. » Leur entretien va de limité à nul : ces espèces à port rampant ne nécessitent pas de coupe. En terme de concurrence hydrique, ce sont des espèces qui ne se distinguent pas. « Elles se sèment toutes 3 à la mi-septembre, jaunissent en juin puis meurent fin juillet. » Le mulch protecteur qu´elles forment alors limiterait l´évaporation d´eau du sol. « La restitution azotée dans le sol, préoccupation de nombreux viticulteurs, est très faible (environ 25 kg/ha/an pour la première année de culture) pour les médics », rassure Magalie Delalande. « Comparé à une vigne non enherbée, on ne note, pour le moment et d´après nos essais, ni de diminution, ni d´augmentation de vigueur ou de rendement avec l´emploi de médics ».
©D. R.


Prudence avec les légumineuses !
Une affirmation à nuancer toutefois. En effet, comparé à un enherbement de graminées, l´enherbement de légumineuses pourrait dans certains cas augmenter la vigueur de la vigne. Deux essais comparatifs ont été réalisés en 2002 par la Chambre d´Agriculture de l´Aude : le premier a montré que l´enherbement à base de légumineuses augmentait la fréquence d´attaque du botrytis par rapport à l´emploi de graminées (50 % d´attaque pour le trèfle et la luzerne, 5 % pour la fétuque élevée et environ 30 % pour le pâturin et le ray-grass), le deuxième n´a pas mis en évidence de différences. Les essais vont se poursuivre pour confirmer ou non les résultats. Éric Chantelot reste également prudent quant à leur utilisation. « Si on ne note pas d´évolution de la vigueur l´année qui suit un semis de légumineuses, au bout de trois-quatre ans, nous constatons dans nos essais une augmentation de vigueur. De plus, ce sont des espèces qui manquent d´assurance en terme de reprise et sont facilement envahies par des adventices. Leur gestion n´a en tous les cas rien à voir avec un enherbement à base de graminées. »

Quant à une utilisation hors région méditerranéenne ? « Les médics pourraient être envisagées dans les vignobles plus septentrionaux à hiver doux tels que le bordelais ou l´Anjou. Avec toutefois une limite : les espèces précitées ne résistent pas à des températures de moins 10 à moins 13 ºC », indique Magalie Delalande. Seulement, dans ces vignobles, c´est souvent la diminution de la vigueur que l´on recherche.

L´alternance graminées-légumineuses à l´essai
Comment atténuer un enherbement à base de graminées trop concurrentiel ? En pratiquant, par exemple, l´alternance graminées-légumineuses un rang sur deux. C´est ce que teste actuellement l´ITV. Car l´association sur le même rang n´est, elle, pas possible. En effet, les médics ne sont pas concurrentielles, les graminées prendraient très vite le dessus. L´intérêt de l´alternance est d´établir un équilibre entre l´azote consommé par les graminées et l´apport, très faible, des médics. L´association sur le même rang de légumineuses et de graminées peut toutefois être envisagée mais de manière séparée, sur des parcelles en coteaux : légumineuses sur le haut du versant, dans la zone la plus maigre et craignant la concurrence, les graminées dans le bas de la parcelle, zone souvent plus riche. « Cette implantation très technique pourrait permettre de rééquilibrer des parcelles ayant une vigueur très différente entre le haut et le bas du versant. Des expérimentations vont être mises en place pour valider cette possibilité technique », indique Cédric Lecareux de la Chambre d´Agriculture de l´Aude.

Les plus lus

Remplaçant les 7030M, 7030L et 8030L, les trois nouvelles machines à vendanger compactes New Holland Braud 7.50M, 7.30L et 8.50L adoptent un nouveau poste de conduite.
New Holland renouvelle son offre de machines à vendanger compactes
La gamme de machines à vendanger Braud compactes bénéficie de mises à jour en termes de confort et de performances à la hausse.
Grains de raisin désechés
Comment bien vinifier une vendange flétrie et sèche ?
Cette année, des viticulteurs du sud de la France se retrouvent à vendanger des grappes partiellement séchées. Voici comment les…
La Tonnellerie du Sud-Ouest vient de lancer la Double Eco, une barrique de 3 à 5 vins régénérée via un procédé breveté.
Une barrique jusqu’à deux fois moins chère chez Tonnellerie du Sud-Ouest
Plus écologique et plus économique. Tel est le double objectif atteint par la Tonnellerie du Sud-Ouest avec sa nouvelle barrique…
Jean-Luc Audubert, viticulteur à Saint-Aubin de Branne (Gironde), enherbement de la vigne avec de la vesce ici en fleur
Couvert végétal en vigne : 5 conseils clés pour réussir son engrais vert
Implanter un beau couvert hivernal n’est pas chose aisée, surtout quand on débute. Voici quelques recommandations pour réussir…
Pierre-Yves Rouillé est pleinement satisfait par le mode d'organisation permis par le chai circulaire. La main-d’œuvre y est rationalisée.
« Le chai circulaire limite la main-d’œuvre », Pierre-Yves Rouillé, directeur des caves Richemer
Dans le nouveau chai des caves Richemer, dans l’Hérault, l’optimisation des tâches a été prise en compte dès la conception. La…
En jouant sur l'équipement de son chai, il est possible d'économiser du temps et de la main-d’œuvre.
Automatiser son chai de vinification pour limiter la main-d’œuvre
Que ce soit en adaptant ses cuves, en s’équipant de matériels davantage automatisés ou encore en optimisant les tâches lors de la…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole