Aller au contenu principal

Des espoirs dans la lutte anti-mildiou

Des solutions originales d’anti-mildiou, en biocontrôle, sont en réflexion. Voici trois projets qui pourraient sortir des labos prochainement.

Un escargot qui produit une protéine pour se défendre des oomycètes, un champignon qui sécrète une molécule aux propriétés oomycide, un sucre complexe qui active les défenses de la vigne… Au gré des découvertes de la recherche fondamentale, la viticulture pourrait disposer de nouvelles solutions pour lutter contre le mildiou. Et en biocontrôle qui plus est ! « Nous faisions des recherches sur un escargot qui transmet un parasite à l’homme, Biomphalaria glabrata, relate Christine Coustau, ingénieure à l’Inra de Sophia-Antipolis. La résistance de ses œufs aux bio-agresseurs nous a interpellés. Nous avons voulu en savoir plus. » Les chercheurs ont découvert, dans ces œufs, la présence d’une protéine en forte concentration : la LBP/BPI. Ils ont testé ses effets sur divers organismes vivants, dont des oomycètes. « Au contact de cette protéine, les cellules du pathogène se désintègrent littéralement », explique la chercheuse. Si les mécanismes d’une telle réaction ne sont pas encore connus, des premiers tests en laboratoire ont été réalisés pour appréhender son intérêt sur diverses espèces hôtes.

Des tests déjà encourageants sur la pomme de terre

Le test sur feuilles de vigne n’a pas été concluant en 2015, mais les résultats significatifs en pommes de terre poussent à reconduire l’essai. « Nous avons suffisamment d’arguments pour y croire », assure Christine Coustau. Cette protéine, soluble, pourrait être produite à grande échelle en bioréacteur puis utilisée en pulvérisation foliaire comme préventif et curatif anti-mildiou.

D’un autre côté, Michel Ponchet, lui aussi ingénieur à l’Inra de Sophia-Antipolis, a isolé avec ses collègues une souche de champignon jusqu’alors inconnue. Les spores de cet ascomycète baptisé Y3, une fois mises en contact avec des spores de mildiou, entraînent la mort de ces dernières. « Cela s’explique par la sécrétion d’une molécule que nous avons pu identifier » annonce le scientifique. Des effets sont également observés sur le mycélium. Sur un large spectre d’oomycètes, les tests in vitro ont démontré une efficacité de 100 % à une concentration de 1 mg/l. Pour Michel Ponchet, le potentiel est réel, même s’il ne faut jamais surestimer les tests en laboratoire. « Un brevet a été déposé et quelques firmes nous ont déjà contactés », ajoute-t-il. Plusieurs voies pourraient être imaginées pour exploiter les propriétés de la souche Y3 : pulvériser directement le champignon sur les vignes, le cultiver en bioréacteur pour récupérer un extrait naturel ou encore synthétiser la molécule, ce qui semble faisable.

À Bordeaux, les étudiants de l’université planchent eux aussi sur la problématique du mildiou. « Nous cherchions un thème de recherche pour un concours international de biologie de synthèse. Étant à Bordeaux, c’est naturellement que nous avons pensé au pathogène majeur de la vigne », se remémore Hiba Benmohamed, étudiante. La documentation scientifique les a dirigés vers le curdlan, un sucre produit par des algues, stimulant les défenses des plantes. « Nous avons réussi à faire produire le composé par une bactérie, ce qui a valu à notre projet une médaille d’or à Boston. » Leurs premiers essais du curdlan sur feuilles de vigne en laboratoire sont prometteurs. L’étudiante poursuivra les expérimentations cette année lors d’un stage à l’ISVV.

voir plus loin

Ampelomyces pour lutter contre l’oïdium

Les chercheurs italiens travaillent également sur les agents de biocontrôle. Ils testent depuis plusieurs années et en plein champs, l’effet d’un groupe de champignons, Ampelomyces, sur l’oïdium de la vigne. Leurs conidies sont capables de parasiter les spores de Erysiphe necator et de diminuer de moitié les dégâts sur grappe l’année suivante.

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Taille de la vigne avec le sécateur électrique viticole sans fil Mage Sam 25, fonctionnant avec batterie au Li-ion, à Mâcon, dans les vignes du Vitilab, en octobre 2022
Lutte contre le gel : « Il faut réserver la taille tardive aux parcelles viticoles les plus gélives et pas trop chétives »

Benjamin Bois, chercheur à l’institut universitaire de la vigne et du vin Jules Guyot, en Bourgogne, a travaillé sur la taille…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole