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De nouvelles alternatives aux pesticides

Pose d’électrodes, pulvérisation de composés naturels ou de bactéries sont de nouvelles voies explorées par les chercheurs pour lutter contre les maladies cryptogamiques de la vigne.

Un courant électrique traversant le pied de vigne stimule les défenses de la plante et réduit l'impact des maladies cryptogamiques.
© Université de Yamanashi

Le professeur nippon Shunji Suzuki, de l’université de Yamanashi, a fait forte impression lors du sixième Symposium Œnoviti à Changins, en Suisse. Et pour cause. Faisant suite à des travaux de recherche fondamentale sur les plantes et l’électricité, il a suivi avec ses collègues la piste de l’électrostimulation pour lutter contre les maladies fongiques. Sur une parcelle de merlot conduite en guyot, ils ont installé deux électrodes par cep. La positive était disposée en bas du pied et la négative en haut, le tout étant relié à un petit panneau photovoltaïque. Ce dispositif a envoyé, tout au long de la journée, un courant électrique de dix volts, de deux semaines avant la floraison jusqu’aux vendanges. Et le résultat est à la hauteur de leurs espérances, puisque le taux de resvératrol, molécule impliquée dans la défense de la vigne, a été multiplié par deux.

25 % d’attaque sur grappe en moins grâce aux stimuli

Mieux encore, la fréquence d’attaque sur grappe des maladies fongiques a diminué. Lors de l’essai, alors que le témoin affichait un taux d’altération de 70 %, les vignes stimulées électriquement ne montraient que 45 % d’attaque. « Cette solution pourrait être utilisée comme un éliciteur abiotique innovant », estime Shunji Suzuki. Sur l’aspect pratique, en revanche, la technique reste lourde à mettre en place.

Une autre voie étudiée par les chercheurs japonais est l’utilisation de composés naturels. L’an dernier, une équipe a planché sur l’effet de la pulvérisation d’hordénine, un alcaloïde que l’on trouve dans l’orge. Il en ressort une induction de la voie jasmonate et une réponse du système de défense de la vigne. Cette molécule pourrait donc entrer dans la composition de nouveaux produits de stimulation de défense des plantes, même si des études sur la cérévisiane montrent que l’activation de la voie de l’acide jasmonique ne permet qu’une protection partielle (voir Réussir Vigne n° 240 du mois de mai, p. 14), surtout en cas de forte attaque.

En Allemagne, c’est la piste des micro-organismes qui inspire les chercheurs. Annette Reineke, de l’université Hochschule de Geisenheim, travaille sur les interactions entre la vigne, ses insectes pathogènes et les micro-organismes associés. Au cours d’une étude pour lutter contre le charançon noir de la vigne et la cochenille, son équipe a fait une découverte étonnante.

Quand un champignon symbiotique repousse les pathogènes

En effet, après un traitement à base de Beauveria Bassiana, champignon qui parasite les insectes, elle a mis en évidence des effets secondaires sur les maladies cryptogamiques de la vigne ! « Nous avons observé une réduction significative du mildiou sur les plants accueillant ce champignon endophyte », explique Annette Reineke. Cerise sur le gâteau, les essais préliminaires en plein champ ont montré une persistance de plusieurs semaines, malgré une application aux côtés de fongicides. « Il n’y a pas d’effet négatif sur la physiologie de la vigne, précise la chercheuse allemande, mais nous devons encore étudier les effets sur les baies, et sur la qualité du raisin. »

voir plus loin

Micro-organismes et composés naturels sont également étudiés par les scientifiques dans le but d’améliorer les variétés résistantes. « Comprendre pourquoi la microflore aide la vigne à résister nous guidera pour créer les plants de demain », avance Melané Vivier de l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud. En Suisse, les chercheurs planchent sur le rôle et l’intérêt des stilbènes, polyphénols aux propriétés antifongiques. « Les variétés résistantes produisent plus de ces composés, et des plus toxiques. Cela pourrait être intéressant d’utiliser cette caractéristique pour les croisements, en repérant les gènes qui augmentent la concentration des stilbènes », émet Olivier Viret, du service viticulture au Canton de Vaud. En France, l’interprofession bordelaise teste l’effet de ces composés en pulvérisation, avec des résultats au champ prometteurs.

Ces recherches, cumulées à l’amélioration des technologies d’hybridation pourraient accélérer notablement l’obtention de variétés résistantes.

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