Aller au contenu principal

De l’impact du verre

Le choix du verre de dégustation est loin d’être anodin. De nombreux paramètres physiques influent sur la perception du vin. En particulier la surface exposée à l’air.

Pour éviter les déceptions, mieux vaut opter pour le bon verre lors de la dégustation.
© X. Delbecque

Sur le dernier salon Vinovision, le verrier Riedel proposait une expérience sensorielle originale. Le but : démontrer que la forme du verre a un impact déterminant lors de la dégustation. Car selon l’entreprise autrichienne, à chaque cépage correspond un contenant, respectant au mieux sa typicité. Nous y étions, et avons comparé cinq verres différents, avec lesquels nous avons évalué quatre vins. Et nous avons constaté des écarts de perception flagrants. Un givry, par exemple, qui semblait plat et dégageait un côté acétique dans un verre à grand bordeaux, s’est révélé droit, fin, fruité et équilibré dans un verre à pinot. De même, la syrah du Rhône s’est montrée trop acide dans le verre à bourgogne et trop tannique dans le verre à bordeaux, mais parfaite dans son verre… « Il y a un effet purement physique, explique Thibault Martin, commercial chez Riedel. Par exemple, l’écoulement du liquide ne se fait pas de la même façon dans un verre long, rond ou encore aux rebords échancrés. » Ce qui crée une entrée en bouche différente sur chacun d’entre eux. « Celui destiné au pinot noir amène le vin sur le bout de la langue, là où se trouvent les récepteurs de la sucrosité. Cela permet d’équilibrer avec l’acidité naturelle du vin » analyse l’intervenant. De même, le verre à bordeaux grand cru évite d’envoyer le vin vers les gencives, qui seraient asséchées par les tanins.

Pour les effervescents, le bon compromis est le verre à vin blanc

Pour Martina Widmer, auteure d’une thèse sur l’agitation du vin dans le verre, à Changins en Suisse, le choix du contenant est déterminant. C’est pourquoi, en France, les professionnels utilisent le verre Inao. « Il semble évident que si l’on cherche à standardiser la forme d’un verre à vin, son impact à la dégustation doit être important », écrit-elle. En dehors de l’aspect esthétique, de nombreux paramètres physiques jouent sur la perception gustative des dégustateurs. Ainsi, le ratio diamètre de l’épaule/diamètre du buvant influe sur l’intensité odorante et la concentration des arômes. De même, la hauteur du verre est importante, sur les effervescents notamment. « Plus il est haut et plus les bulles sont grosses, explique l’œnologue Jean-Pierre Valade. Le bon compromis reste le verre à vin blanc. » Enfin, la surface de vin exposée à l’air joue un rôle déterminant, en modifiant les équilibres oxydatifs. Les essais menés par Martina Widmer, après plusieurs minutes d’agitation en laboratoire, montrent des teneurs en oxygène dissous supérieures dans les verres à vin rouge par rapport aux verres à vin blanc. Ces derniers ont un plus petit diamètre et donc, une surface d’exposition moindre.

Par la suite, ses tests en analyse sensorielle ont confirmé l’importance du verre. Sur chardonnay et melon de Bourgogne, les dégustateurs ont relevé des différences significatives entre les échantillons présentés dans des verres Chasselas de chez Riedel ou dans des Inao. Et cet écart se creuse dès lors que les vins sont agités. Dans les verres Inao, les deux échantillons sont décrits comme plus intenses et plus complexes. En prime, le chardonnay est jugé plus floral. La chercheuse observe une cinétique de dissolution d’oxygène similaire dans les deux types de verre. En revanche, le modèle Chasselas a une surface d’ouverture plus importante et s’enrichit davantage en O2 au moment du service. Selon Martina Widmer, « le verre Inao apporte généralement un regard plus critique sur le vin, en augmentant l’intensité du bouquet. » Ce qui en fait un outil adapté aux dégustations techniques. À l’inverse, le verre Chasselas souligne « la finesse du cépage ».

En dehors des aspects aromatiques, certains paramètres influencent la perception de qualité du vin, comme le volume du ballon, la hauteur du pied ou l’épaisseur du verre. En conséquence, le choix du contenant est tout sauf neutre. D’où l’importance de bien équiper son caveau et de sensibiliser sa clientèle.

Les plus lus

<em class="placeholder">Tracteur spécialisé fruitier Massey Ferguson MF3 MF3FR.105 dans les vignes avec Jules Marie et Christopher Massé</em>
Essai Massey Ferguson MF 3FR.105 - « Un tracteur complet et maniable »
Jules Marie et Christopher Massé de l’entreprise de travaux viticoles Marie ont pris en main pendant une semaine le tracteur…
L'arrachage définitif de vignes va concerner 27 500 hectares

L’accès au dispositif exceptionnel d’arrachage définitif de vignes s’est clôt le 13 novembre 2024. FranceAgriMer annonce que…

%agr
Filage dans le Muscadet : « la date de taille et de pliage de la vigne a pu jouer sur l'impact du filage »

Laurent Bouchaud, vigneron au Domaine du Bois Joly, à Le Pallet, en Loire-Atlantique, a eu du filage sur ses 29 hectares de…

A l’occasion des 30 ans de RéChristophe Riou, directeur de l’IFV et Anthony Clenet, responsable services viticoles à l’ICV
Quel sera la quotidien d'un viticulteur sur son exploitation dans dix ans ?

Quel sera le quotidien d’un viticulteur sur son exploitation dans dix ans ? Quels techniques et matériels emploiera-t-il…

La production mondiale de vin en chute libre en 2024 : quels sont les pays qui perdent le plus ?

Le monde n'a jamais produit aussi peu de vin depuis 60 ans. Le point sur la production mondiale par pays, les variations et…

Vinitech 2024 : 5 nouveautés en avant-première à découvrir en vidéo

Lors de sa visite du salon en avant-première, l'équipe de Réussir Vigne a déniché pour vous cinq nouveautés à découvrir…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole