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Biocontrôle, l'innovation patine

De plus en plus nombreux, les produits de biocontrôle manquent encore de diversité pour pouvoir s’imposer comme de vraies alternatives.

L'efficacité des produits de biocontrôle actuels est souvent fluctuante.
© X. Delbecque

Ces dernières années, le biocontrôle a littéralement envahi le devant de la scène, lorsque l’on parle de protection des cultures. Fin 2016, les pouvoirs publics se sont saisis du sujet en définissant un cadre réglementaire clair, et en éditant une liste officielle des produits (421 à ce jour). Le biocontrôle est même devenu un élément clé dans le dispositif des certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), avec 8 fiches action sur les 11 en viticulture. Et Stéphane Travert en personne le qualifie comme « l’avenir de la ferme France ». À première vue, toutes les conditions sont donc réunies pour faire entrer la viticulture dans l’ère du biocontrôle. D’autant plus qu’en 2017, 11 % des autorisations de mise en marché (AMM) de produit phyto concernaient de telles substances. Mais voilà, cet emballement cache un manque de solutions concrètes sur le terrain. « Il n’y a guère d’innovation, regrette Cédric Bertrand, président de l’Académie du biocontrôle. Depuis 2009, on en compte seulement une dizaine. » S’il est vrai que l’offre s’étoffe, les alternatives crédibles à la substitution se font rares. « Lorsque l’on prend le soufre, les phosphonates, le BT et les phéromones, on a fait le tour de ce qu’il y a de plus intéressant », accorde Marie-Laure Panon, du comité interprofessionnel des vins de Champagne.

L’efficacité des nouvelles solutions ne décolle pas

L’intérêt de ces produits ne réside d’ailleurs pas tant dans leur efficacité que dans leur régularité. « Sur le mildiou par exemple, les phosphonates donnent un résultat systématique mais partiel, illustre la technicienne champenoise. Les substituer à un produit conventionnel peut être jouable sur une année à faible pression, mais la plupart du temps c’est trop risqué. » Il y a deux ans, nous annoncions l’avènement de projets à foison et une meilleure intégration dans les programmes. Mais force est de constater que peu de choses ont évolué, mis à part trois nouveaux principes actifs. À l’IFV, Nicolas Aveline n’a pas observé non plus la rupture technologique tant espérée. « On est plutôt déçu des dernières innovations, avoue-t-il. Nous pensions avoir quelques candidats de très haut niveau, mais finalement nous restons dans les gammes d’efficacités connues. » Le technicien a plus particulièrement travaillé sur le cas du botrytis, et tire des conclusions similaires à Marie-Laure Panon. Pour lui, seul l’Armicarb se révèle stable, avec des efficacités comprises entre 20 et 30 %. Les microorganismes, eux, restent très irréguliers. « Mais nous allons continuer à travailler sur les positionnements et sur les stratégies d’utilisation », admet le technicien, qui reste confiant pour l’avenir, et espère bien voir les choses bouger avec l’arrivée probable de nouvelles solutions à base d’extraits végétaux ou d’algues (Immunrise).

Une volonté de faire de la France un leader

L’association internationale des entreprises du biocontrôle (IBMA) espère bien multiplier par trois sa part de marché dans les produits phyto d’ici 2025, pour arriver à 15 %. « C’est le taux à partir duquel on est pris en compte par l’industrie », justifie Antoine Meyer, président d’IBMA France. Seulement, le pipeline actuel de solutions n’est pas suffisant pour arriver à ce résultat, selon lui. « Nous avons besoin d’innovations ! », martèle-t-il. Pour cela, IBMA France demande au gouvernement l’octroi d’un crédit d’impôt recherche (CIR) à taux majoré limité dans le temps (10 ans). L’association négocie également avec le ministère de l’Agriculture de pouvoir simplifier la méthode d’évaluation des produits de biocontrôle. « Ces dispositions nous permettraient de positionner la masse salariale en France, et de créer une véritable filière d’excellence », estime Antoine Meyer. Il faut dire que notre pays est pionnier sur ce sujet, notamment grâce à sa réglementation. IBMA France souhaite d’ailleurs faire évoluer le cadre européen, pour le caler sur le modèle français.

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