Aller au contenu principal

Assurance grêle obligatoire : il va falloir convaincre

La proposition de Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer de rendre l’assurance grêle obligatoire, ne fait pas l’unanimité chez les professionnels.

Michel Issaly, président des Vignerons indépendants de France.
Michel Issaly, président des Vignerons indépendants de France.
© J.-C. Gutner / archives

" Au vu des désastres et des malheurs provoqués par la grêle cette année, je me demande si on ne doit pas arriver à un système d’assurance récolte obligatoire ”, a déclaré Jérôme Despey. Les viticulteurs non-assurés n’ayant plus “ que leurs yeux pour pleurer ”, la grêle n’étant plus couverte par les calamités agricoles. Selon lui, seulement 100 000 hectares sur les 800 000 que compte le vignoble français sont assurés contre ce risque. Conséquence du coût trop élevé de ces assurances. Obliger chacun à s’assurer et obtenir des aides des pouvoirs publics permettrait ainsi d’en diminuer le prix. Cela suffira-t-il à convaincre les uns et les autres à s’assurer ? On peut en douter au vu du dispositif mis en place par le Syndicat des côtes du rhône qui, en 2012, a négocié un contrat pourtant avantageux pour l’ensemble des producteurs de l’aire de l’appellation. Pour un capital assuré de 4 000 euros/ha, la cotisation estimée s’élève à 96 euros/ha (franchise grêle/gel 10 %, autres aléas 25 %) ou 37 euros/ha (franchise 25 % tous aléas). Mais ces conditions intéressantes n’ont pas déclenché un enthousiasme délirant et une souscription massive. Ainsi, en 2013, 3 540 hectares sont couverts contre 2 813 hectares en 2011 (bien avant que le contrat négocié ne soit lancé). Le nombre de personnes assurées est de 400 (contre 355 en 2011), soit 6,6 % des viticulteurs de l’aire… Il est clair que le succès n’est pas au rendez-vous. L’un des freins serait que la coulure n’est pas prise en charge par ces contrats. Or, l’accident est très fréquent dans la région. Les assureurs seraient disposés à la prendre en compte si davantage de contrats étaient souscrits…
Pour Thiébault Huber, président de l’ODG Volnay, rendre l’assurance grêle obligatoire, c’est non. “ Chacun doit être libre de s’assurer ou non. C’est encore une liberté que l’on peut avoir en France. Je suis moi-même assuré depuis plusieurs années mais c’est un choix d’entreprise. Que cela permette de diminuer les primes, peut-être sur le papier, mais je n’y crois guère. ”


“ C’est une assurance de riche ”


Philippe Lacoste, vigneron au Château Ferran (Pessac-Leognan), partage cet avis. “ Inciter, oui. Contraindre, non. Il y en a assez qu’on légifère à tour de bras. Et puis c’est une assurance de riche. En grand cru classé, on a les moyens de s’assurer. Mais en AOC bordeaux, tout ce qu’on peut faire, c’est de l’auto-assurance. Pour moi, l’objectif d’un tel dispositif serait de privatiser l’indemnisation puisque l’Etat n’a plus d’argent et cherche à se désengager par tous les moyens. On peut aussi se demander si nos compétiteurs australiens, néo-zélandais ou chiliens sont obligés de s’assurer contre la grêle. ”

Assurance : les VIF s’intéressent aux revenus

 

“ Il faut aller au-delà du débat sur l’assurance grêle qui existe déjà et qui ne fonctionne pas ou qui fonctionne insuffisamment car beaucoup d’autres éléments conditionnent le revenu de l’exploitation : la coulure, les maladies du bois, la tempête et même des éléments extérieurs à l’exploitation comme les problèmes de parité monétaire ou la survenue de conflits internationaux ”, estime Michel Issaly, président des Vif (Vignerons indépendants de France), qui milite pour la création d’une assurance revenu. “ C’est le moyen de consolider le revenu, de stabiliser les entreprises et de leur donner de la visibilité. N’oublions pas que d’ici dix ans, 60 % des exploitations viticoles seront à transmettre. Comment attirer des jeunes vers des systèmes aussi précaires ? ” Michel Issaly considère qu’il ne s’agirait pas forcément d’une nouvelle charge pour les entreprises. “ Avec tous les aléas auxquels est soumise une exploitation, le revenu peut varier d’une année sur l’autre de 35 %. Cela mérite sans doute de faire ses comptes. ” Les VIF ont d’ores et déjà pris contact avec les pouvoirs publics. Un groupe de travail devrait se mettre en place. “ Ce qui nous ravit car on ne peut pas continuer comme cela. Des engagements financiers doivent être pris au niveau français mais aussi européen. C’est pour nous un sujet très important. Cela fait trois ans que nous y travaillons. Nous commençons à perdre patience. ”

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Taille de la vigne avec le sécateur électrique viticole sans fil Mage Sam 25, fonctionnant avec batterie au Li-ion, à Mâcon, dans les vignes du Vitilab, en octobre 2022
Lutte contre le gel : « Il faut réserver la taille tardive aux parcelles viticoles les plus gélives et pas trop chétives »

Benjamin Bois, chercheur à l’institut universitaire de la vigne et du vin Jules Guyot, en Bourgogne, a travaillé sur la taille…

Eco-Dyn exposait un prototype de restructuration des sols viticoles sur le Sival 2024.
Un outil pour restructurer les sols viticoles compactés
L’entreprise ligérienne spécialisée dans les matériels biodynamiques et l’agriculture de régénération planche sur un outil…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole