Vinification : faut-il choir de l’azote minéral ou organique pour complémenter les moûts ?
Si l’analyse d’un moût révèle une carence azotée, l’azote organique, plus facilement utilisable par la levure, est généralement préférable. Un apport organique puis minéral peut se révéler intéressant selon le cépage et pour maximiser les arômes.

« Privilégier l’azote organique entre un tiers et mi-FA »

Le premier intérêt de complémenter est d’obtenir une fermentation alcoolique nette et franche. Mais le moût ne doit pas être trop riche en azote non plus car cela peut induire des carences par ailleurs. Le deuxième intérêt de la complémentation est qu’elle va favoriser la production ou la révélation d’arômes par les levures. Plus il y a d’azote, plus il y aura d’esters, mais il y a un optimum pour la production d’alcools supérieurs qui se situe autour de 250 mg/l.
Si on a le choix, mieux vaut utiliser de l’azote organique, car il est plus facilement assimilable par les levures et il a tendance à générer des arômes plus complexes, comme les thiols. Le seul inconvénient est son coût, deux à quatre fois supérieur par rapport à l’azote minéral. Le sulfate d’ammonium est la forme d’azote la moins chère mais il n’est pas autorisé en bio et peut favoriser la production de composés soufrés indésirables. Aussi le phosphate d’ammonium est plus utilisé. Il existe également des produits mixtes, avec une part d’azote organique et une part minérale.
Le moment à privilégier pour l’apport se situe entre un tiers et mi-FA, soit entre 1060 et 1040 de densité. Toutefois, si l’azote est sous forme organique, à libération plus lente, l’ajout peut être fait juste après le commencement de la FA. »
« Alterner azote organique et minéral pour optimiser l’expression aromatique sur chardonnay »

Les résultats de ces essais montrent que le paramètre le plus impactant pour optimiser la production d’arômes est la température de fermentation, qui doit être basse-moyenne, avec les meilleurs résultats à 12 et 16 °C. En ce qui concerne l’azote, l’alternance entre un apport organique puis un apport minéral a donné les meilleurs résultats, favorisant l’intensité aromatique et les notes fruitées.
Malgré tout, dans d’autres études réalisées sur d’autres cépages avec une levure révélatrice de thiols, nous avons constaté que l’apport d’azote minéral pouvait bloquer la révélation des thiols. Aussi, selon le cépage et l’objectif produit, nous conseillons deux apports d’azote organique ou un apport organique puis minéral. Dans tous les cas, il existe toujours un intérêt à choisir de l’azote organique qui amène d’autres éléments comme des vitamines, des lipides… par rapport à l’azote seul des formes minérales.
Pour calculer la dose d’azote à apporter, l’idéal est de connaître les besoins de la levure. Un critère intéressant est le rapport Nass/sucres : une levure peu gourmande se contentera d’un ratio de 0,8, tandis qu’il faudra dépasser 1 pour une levure plutôt gourmande. Par exemple, pour un moût à 12 % vol. soit environ 200 g/l de sucre, l’objectif va être d’atteindre 200 mg/l d’azote assimilable pour une levure moyennement exigeante (Nass/sucre = 1). Si l’analyse donne 160 mg/l d’azote, il faudra ajouter 40 mg/l. »