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Elevage laitier : quand le botulisme provoque la paralysie flasque d'une vache

Après élimination de différentes hypothèses, il reste le botulisme, confirmé par la présence de cadavres de volailles près de la source d’abreuvement. Il n’y a pas de traitement.

Quand elle essaie de se lever ou lorsqu’on la met debout à la pince, cette vache ne regroupe pratiquement pas les postérieurs et ne parvient pas véritablement à pousser dessus.
Quand elle essaie de se lever ou lorsqu’on la met debout à la pince, cette vache ne regroupe pratiquement pas les postérieurs et ne parvient pas véritablement à pousser dessus.
© C. Fouquet

« Bonjour, j’ai un souci avec une vache qui est toute molle. Je pensais à une fièvre de lait, je l’ai perfusée mais rien n’y fait. Elle n’essaie presque pas de se lever, comme si elle n’avait pas de force. »

Avant de reperfuser massivement du calcium et de risquer de tuer la vache, il faut se poser des questions. Première chose, examiner l’animal : oreilles molles mais pas froides, rumination ralentie, bouses un peu sèches mais la vache boit peut-être moins, l’appétit est un peu diminué, il n’y a ni fièvre, ni déshydratation, ni écoulement à la vulve, ni mammite, ni plaie. L’auscultation est normale et il n’y a pas de caillette. Deuxième série d’indices, le stade physiologique de la vache : c’est une multipare de 6 ans, sans antécédent particulier, qui a vêlé il y a deux mois et produisait correctement.

Une mort inéluctable

Nous avons éliminé certaines hypothèses : corps étranger, mammite, indigestion, caillette… Il faut passer à une analyse de sang. L’absence de corps cétoniques et une glycémie normale permettent d’éliminer une acétonémie. Un dosage normal de calcium, phosphore, magnésium, potassium dans le sang, permet également d’exclure une fièvre de lait… La vache a-t-elle pu se faire mal ? Peu probable selon l’éleveur et la mesure des CK (enzymes musculaires) est quasi normale.

La vache a encore des réactions normales au niveau de la tête, ne paraît ni aveugle, ni absente. Aucune zone de chaleur/douleur n’est palpable au niveau de la colonne, un traumatisme de la moelle est envisageable. Le pronostic est dans ce cas bien sombre. Une atteinte infectieuse type méningite/abcès vertébral est possible même si l’absence de fièvre n’est pas en faveur. Un anti-inflammatoire est administré dans le doute et des consignes de petits soins sont laissées : litière confortable, eau/foin à disposition, aider à changer de côté… Cela laisse un peu de temps pour réfléchir !

Peut-être une intoxication ? Le datura peut provoquer ce genre de symptômes avec ralentissement digestif, tremblements musculaires. Mais tous les symptômes ne correspondent pas et aucun datura n’est visible au silo. Des insecticides et des herbicides peuvent provoquer des paralysies flasques, mais il n’y a eu aucun traitement pour-on dernièrement et les vaches sont à l’étable. L’acidose aiguë est exclue. La paralysie à tiques est peu probable en février. Reste le botulisme, dû à un germe que l’on trouve dans le sol : le Clostridium botulinum.

Gare aux petits cadavres !

Toutes les espèces peuvent être affectées, surtout l’homme, le cheval, les bovins, les ovins ou encore les volailles. L’évolution se fait en quelques jours vers la mort car la paralysie progresse jusqu’à empêcher l’animal de se lever, de s’alimenter puis de respirer. Il n’y a malheureusement pas de traitement. L’origine de la contamination est souvent alimentaire. Il n’y a donc pas de contagiosité entre animaux mais il peut y avoir plusieurs cas dans un élevage. Il n’y a aucune lésion organique et le diagnostic est difficile car il faut mettre en évidence la toxine dans l’aliment ou le tube digestif. La seule possibilité d’action est la prévention :

- éviter l’élimination des petits cadavres (poules, rongeurs, avortons…) dans le fumier, en particulier s’il est ensuite épandu sur des herbages ;

- éviter l’épandage de fumier de volailles sur les pâtures, surtout s’il a pu contenir des cadavres. Le risque est exacerbé par temps sec et peut même toucher les parcelles voisines ;

- retirer les cadavres de l’aliment ou de la source d’abreuvement (oiseau dans la tonne à eau, rat dans un silo…).

En l’occurrence, pour cet élevage, les poules mortes étaient enterrées à proximité de la source qui servait à l’abreuvement des vaches. Et la mortalité côté volaille avait été forte ces derniers temps. Pour un peu, on pourrait combiner botulisme et salmonellose. D’ailleurs, il y a eu un avortement et une vache à diarrhée, cela vaut sans doute la peine d’y regarder de plus près…

Les signes caractéristiques du botulisme

- Paralysie flasque, progressive vers l’avant de l’animal

- Absence de fièvre

- Baisse d’appétit, de rumination, ralentissement du transit

- Le plus souvent, mort en 1 à 3 jours

- Volailles/rats/cadavres dans l’environnement des bovins atteints

Le saviez-vous ?

En cas de botulisme, il faut cocher une case spécifique sur la carte verte des prochains bovins partant à l’abattoir.

 

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