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Sommet mondial du lait : quatre pistes pour mesurer la biodiversité

Au Sommet mondial du lait, le 17 octobre 2024 à Paris, quatre pays ont présenté leur méthode d’évaluation de la biodiversité dans les exploitations laitières. 

Sommet mondial du lait Paris 2024
« Nous travaillons en silos mais nous avons des normes internationales avec des objectifs communs. Il doit exister des façons de mieux travailler ensemble », plaide Karli Reimer, lors de la table ronde réunissant trois continents sur le sujet de la biodiversité, au Sommet mondial du lait, jeudi 17 octobre 2024, à Paris.
© J. Pertriaux

L’importance de préserver la biodiversité fait consensus. Le climat change, les écosystèmes doivent être protégés. Là n’est plus la question. En revanche, le sujet est de savoir comment quantifier la biodiversité afin de la restaurer ou la conserver. En France, au Canada, aux Pays-Bas ou encore au Bénin, la biodiversité s’évalue dans les exploitations laitières. Les quatre pays étaient représentés au Sommet mondial du lait, jeudi 17 octobre 2024, à la Défense à Paris. A chacun sa méthode. 

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Trois continents, quatre méthodes pour mesurer la biodiversité 

Aux Pays-Bas, un chiffrage économique des revenus générés par la biodiversité 

Aux Pays-Bas, Wilco Brouwer de Koning, membre de la Dutch farmers organization, explique qu’un outil d’évaluation de la biodiversité a été construit pour « piloter des objectifs et les mesurer ».  

« Nous avons une approche intégrale » pour mesure l’amélioration des impacts positifs et la baisse de ceux négatifs. Sept indicateurs de performance des élevages laitiers chiffrent en euros le revenu généré par exemple par les économies de CO2, l’âge de départ du bétail ou le pâturage des vaches laitières. Le bilan permet à l’éleveur d’adapter sa trajectoire afin d’être mieux rémunéré pour les services qu’il rend à l’environnement. « Nous avons un seul outil » construit dans un objectif de « cohérence » qui réunit le secteur privé (transformateurs, banques) et le secteur public. 

Les indicateurs ont été construits afin que les parties prenantes puissent se rendre compte des avancées sur le terrain à court ou moyen terme. « Quand nous faisons des progrès, nous le savons. »

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Au Canada : « La biodiversité est bonne pour le business » 

Au Canada, Ducks unlimited, une ONG née dans les années 1930, se concentre sur la conservation et la préservation des zones humides. « Quand un habitat est restauré, la biodiversité revient. Nous avons un outil de cartographie et d’évaluation de la biodiversité adapté aux vastes étendues de prairies », présente Karli Reimer, de Ducks unlimited. Concrètement, une première évaluation est réalisée en exploitation, qui aboutit à un score biodiversité de départ. L’outil modélise les changements d’habitat de la biodiversité permis grâce aux actions mises en place et un nouveau score est donné. « Les fermes ne produisent pas que de l’alimentation. En améliorant l’habitat de pollinisateurs par exemple, il y a un impact positif direct sur la production agricole. La biodiversité est bonne pour le business. »  

En France, un indicateur biodiversité dans les diagnostics Cap2ER 

En France, Jean-Baptiste Dolle, d’Idele, rapporte les travaux engagés par France Terre de lait, dont les diagnostics multicritères Cap2ER, qui intègrent les contributions de l’élevage sur la biodiversité. L’objectif est de pouvoir conseiller les éleveurs à « faire les meilleurs arbitrages pour demain » en identifiant les barrières et les solutions. « Les retours sont positifs », assure Jean-Baptiste Dolle. 

Pour en savoir plus Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre en élevage laitier ?

Au Bénin, comment explorer l’existant ? 

Luc Hippolyte Dossa, de University of Abomey-Calavi au Bénin, l’assure : « nous mesurons la biodiversité dans nos exploitations en Afrique de l’Ouest », ou plus précisément  : « nous explorons l’existant ». Pour cela, « nous utilisons les indicateurs de durabilité du modèle français IDEA ou les indicateurs de performance Safa ». Dans le pays, le lait est un produit parmi d’autre sur les fermes, sa qualité est difficilement mesurable car il n’y a pas de moyens de transport, les fermes sont de petites tailles mais valorisent les espèces locales qui produisent deux à trois litres par jour. « Nous avons besoin de développer nos outils avec nos éleveurs », constate Luc Hippolyte Dossa. D’abord pour une raison simple : « le faible niveau d’alphabétisation des éleveurs » complique l’apport de réponses à apporter aux chercheurs qui mesurent la biodiversité. 

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Travailler des objectifs communs sur la biodiversité

Pour opérer une transition, et rémunérer les éleveurs pour les services rendus à l’environnement, il semble nécessaire que les parties prenantes au sens large s’engagent. « Dans notre contexte, nous avons besoin d’impliquer les politiques pour tester des idées auprès des éleveurs », assume Luc Hippolyte Dossa. 

« Il faut impliquer les gouvernements, les banques et les décideurs », corrobore Wilco Brouwer de Koning. « Nous avons besoin de travailler avec l’ensemble des acteurs pour opérer une transition : les interprofessions, les industries, les banques, les pouvoirs publics, le public… », complète Jean-Baptiste Dolle. Chaque outil suit sa propre méthode, et « il est impossible de les comparer, reconnaît Jean-Baptiste Dolle. Mais nous devons être alignés sur des objectifs communs, chacun avec nos propres indicateurs ». 

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