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Zéro antibio dans le premier âge, objectif atteint à la Cavac

Depuis novembre 2016, plus aucun aliment premier âge fabriqué par la Cavac pour le compte des adhérents du groupement ne contient d’antibiotique. Un résultat obtenu grâce à un plan d’action mis en place par les vétérinaires et les techniciens du groupement, avec l’adhésion des éleveurs.

Vétérinaire conseil à la Cavac, Yannick Rugraff est également membre du groupe de travail au sein de l’Anses qui a évalué les risques d’émergence des antibiorésistances liées aux modes d’utilisation des antibiotiques en productions animales. Dès 2011, il avait proposé l’objectif zéro antibiotique dans les aliments premiers âge aux adhérents du groupement Cavac, tout en le conditionnant à deux préalables : "ne pas transférer systématiquement les supplémentations vers les autres voies d’administration, et préserver les résultats techniques".

Audit d’élevage en sept points

Pour minimiser les risques d’échecs, l’équipe technique de la Cavac a mis en place un plan d’action. Au centre de ce dispositif, un audit d’élevage réalisé par le technicien recense tous les points importants influençant l’état de santé du porcelet : qualité de l’eau, gestion de l’ambiance, conduite d’élevage, conduite alimentaire, stockage et conservation des aliments, conduite sanitaire et hygiène. Chaque critère est noté de 1 à 4. À la suite de cet audit, les mesures correctives sont mises en place sur les points critiques. "Nous avons notamment insisté sur la qualité de l’eau, avec la mise en place de vannes de purge dans toutes les cases", précise Michel Chiffoleau, responsable technique au groupement. "Nous avions remarqué que la qualité de l’eau à la sortie des abreuvoirs n’était pas du tout la même que celle en début de circuit." L’aspect sanitaire a également été beaucoup travaillé, avec une systématisation des recherches de contaminants et le renforcement de la stimulation de l’immunité des porcelets. "Au groupement Cavac, nous bénéficions d’un contexte sanitaire privilégié, avec un noyau de sélectionneurs-multiplicateurs indemnes de SDRP, de rhinite et d’actinobacillose", précise Yannick Rugraff. Cependant, l’expression du circovirus a abouti dans certains élevages à la mise en place de la vaccination qui a été bénéfique sur l’état de santé général des porcelets. "Nous privilégions également des actions correctives sur la conduite d’élevage et la gestion d’ambiance pour limiter l’expression de certaines maladies", complète Michel Chiffoleau. C’est notamment le cas de la streptococcie, maladie pour laquelle le recours aux autovaccins a quasiment été supprimé.

Prise en compte de la protéine digestible dans les aliments

La conduite alimentaire occupe aussi une place essentielle dans la démédication, avec notamment la mise en place dans les élevages d’un aliment premier âge sécurisé nouvelle génération. "La principale avancée dans la formulation a été la prise en compte de la protéine digestible, qui favorise l’utilisation de matières premières de qualité hautement digestibles", explique Michel Chiffoleau. Cet aliment contient également un cocktail d’additifs à effets synergiques à base de prébiotiques, de probiotiques, d’acidifiants et d’antioxydants. "À l’inverse de l’antibiosupplémentation qui détruit la flore digestive sans distinction, ces additifs ont pour objectif de préparer le tube digestif à la digestion des matières premières amylacées tout en stimulant le développement de la flore bénéfique". En termes de performances techniques, ce programme se traduit par une baisse de la croissance de 50 grammes par jour en moyenne sur la période premier âge. "Mais les porcelets rattrapent facilement ce retard sur la phase deuxième âge et le poids des porcelets à la mise à l’engraissement n’est pas dégradé", constate Michel Chiffoleau. Le technicien souligne également l’intérêt de la démédication pour l’usine d’aliment. "Les fabrications sont simplifiées et il y a moins de références à gérer. Par ailleurs, les granulés se tiennent mieux grâce à une quantité moins importante de fines dans le mélange."

Le travail de prévention doit être poursuivi

Yannick Rugraff souligne que, depuis le début de ce plan d’action, pas un seul éleveur n’a fait marche arrière. "La pompe doseuse n’est utilisée que très ponctuellement pour des actions curatives", explique-t-il. Par ailleurs, l’oxyde de zinc n’est pas utilisé. "Notre démarche de démédication a été initiée bien avant l’obtention de son AMM", fait-il remarquer. Le vétérinaire souligne que pour pérenniser ce succès, le travail de suivi et de prévention auprès des éleveurs doit être poursuivi. "Nous devons encore améliorer le sanitaire, en protégeant les élevages des contaminations provenant de l’extérieur et en mettant en place des mesures d’épidémiosurveillance et de biosécurité. La santé des animaux et l’image de notre production en dépendent", conclut-il.

Avis d’expert

"Une démarche progressive basée sur l’observation des animaux"

"L’utilisation d’un aliment blanc doit se faire progressivement, en commençant en maternité, puis sur quelques cases en post-sevrage, avant de le généraliser à toute la bande. L’audit technique nous aide à identifier les points faibles de l’élevage et à mettre en place des actions correctives. Ce qui compte ensuite, c’est l’observation des animaux. Il est important de passer du temps à analyser leur comportement, afin d’agir préventivement. Si un problème sanitaire survient, il est impératif de vérifier l’environnement des animaux avant de traiter. Moins d’antibiotiques, c’est plus de technique."

"Une nurserie confortable et pas de surcharge"

Au Gaec Monte à Peine à Landeronde en Vendée, Sébastien Juillet n’utilise plus d’aliment premier âge supplémenté depuis un an. "Auparavant, nous utilisions deux supplémentations différentes, qui correspondaient à des pathologies détectées dans le passé sur l’élevage." La démédication s’est faite progressivement sur neuf mois, en enlevant dans un premier temps la première supplémentation destinée aux porcelets sous la mère et en début de post-sevrage, puis la seconde distribuée en fin de période premier âge. Le passage au premier âge blanc a coïncidé avec la restructuration de l’élevage, le passage de sept à quatre bandes et la création de deux salles nurseries confortables dans un bâtiment rénové. Mais pour l’éleveur, la clé de la réussite de la démédication du premier âge réside avant tout dans le respect du nombre d’animaux par case. "Je peux loger 180 porcelets par bande en nurserie. Mais si je dépasse 200 porcelets, le sanitaire se dégrade aussitôt, avec des diarrhées et de l’hétérogénéité dans les cases." Yannick Rugraff analyse la réussite de cet élevage avant tout par son excellent statut sanitaire. Les truies ne sont vaccinées que contre le rouget, la parvovirose et les diarrhées néonatales. Les porcelets reçoivent uniquement une vaccination contre la mycoplasmose. Les traitements curatifs sont rares. "Nous sommes dans un élevage où les porcs charcutiers ne reçoivent aucun traitement antibiotique entre leur naissance et l’abattage", conclut le vétérinaire.

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