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Une nurserie conçue pour fonctionner en double climat

À la SCEA de l’Erve, la nouvelle nurserie de 600 places est équipée de niches à porcelets régulées pour gérer les salles en double climat. L’objectif est à la fois de limiter les consommations énergétiques et d’optimiser les performances techniques.

Confort des porcelets et économies d’énergies, ce sont les deux axes prioritaires qui ont amené Dominique et Alexis Huet, éleveurs à Auvers le Hamon dans la Sarthe, à construire une nurserie de deux salles de 300 places chacune spécifiquement conçues pour une gestion de l’ambiance en double climat, avec des niches relevables motorisées. Un concept répandu dans le nord de l’Europe mais encore confidentiel en France. Les éleveurs et leur technicien bâtiment Cooperl, Gaël Nourry, l’ont adapté aux exigences de leur production. "En passant à un sevrage à 21 jours, il fallait du confort et de la chaleur pour nos porcelets, que ne procuraient pas nos post-sevrages sur paille existants", souligne Alexis Huet. La consigne de ventilation des salles est fixée à 23 °C, de l’arrivée des porcelets à 21 jours d’âge jusqu’à leur départ 19 jours plus tard. Des ailettes eau chaude fonctionnant en tout ou rien assurent le chauffage d’ambiance. Leur consigne est fixée à 22,7 °C ± 0,3 °C. "Ce chauffage est indispensable pour la saison hivernale", justifie Gaël Nourry. Une affirmation confirmée par les éleveurs, qui l’apprécient également pour le préchauffage des salles.

La température des niches est mesurée par deux sondes classiques dans deux niches différentes pour chacune des deux salles. "À la différence des capteurs infrarouges, ces sondes enclenchent si besoin le chauffage dans les niches, même si les porcelets ne sont pas présents, ce qui les incite à revenir sitôt qu’ils ont mangé", explique Gaël Nourry. La consigne est fixée à 32 °C à l’arrivée des porcelets. Elle descend à 26 °C en fin de période. Le chauffage est assuré par des spires situées à 50 centimètres de hauteur le long du mur. Il fonctionne à l’eau chaude haute température. L’ouverture des capots actionnée par un treuil commun à toutes les niches se déclenche quand la température monte à 2 °C au-dessus de la température de consigne dans le nid. L’amplitude de l’ouverture peut être régulée. Elle a été fixée à 25 % en début de période, pour monter progressivement à 100 % à la fin. Toutes les régulations – ventilation, chauffage ouverture des capots – sont pilotées par un boîtier de régulation unique (Climacem Visio d’Acemo).

Un sol en plastique plein dans les niches

Le sol des niches est constitué d’un plastique plein, qui optimise le confort de la zone de couchage. Le reste de la case est en caillebotis plastique "nid d’abeilles". "Depuis la mise en service du bâtiment au 1er janvier 2016, les niches n’ont jamais été salies, excepté une fois quand les porcelets sont restés plus longtemps que prévu et que la densité était trop importante", constate Alexis Huet. L’alimentation est assurée par un multiphase à sec, avec une distribution dans des Califeeder, un nourrisseur circulaire équipé de sucettes permettant l’humidification de l’aliment dans le fond de l’auge. "Cet appareil permet de faire la transition entre l’aliment distribué sous forme de bouillie en maternité et la soupe en post-sevrage et en engraissement", explique Dominique Huet. Sur les premiers lots passés dans le bâtiment, les performances de croissance sont excellentes (201 grammes par jour de GMQ), avec des porcelets entrés à 6,10 kg et sortis à 9,90 kg 19 jours plus tard. Le taux de pertes est faible (1,1 %), malgré l’arrêt de la supplémentation systématique de l’aliment premier âge et des problèmes digestifs récurrents en maternité. Une pompe doseuse a été installée à l’entrée du bâtiment pour des traitements ponctuels, le vermifuge et la vaccination orale contre l’iléite.

Le coût du bâtiment est de 160 000 euros, soit 266 euros la place, hors alimentation multiphase (12 000 euros) qui servira également aux post-sevrages. "La plus-value des niches et des treuils est de 25 euros la place", calcule Gaël Nourry. L’eau est chauffée par une chaudière au gaz. Alexis Huet calcule un coût de combustible sur les trois premiers mois de l’année de 21 centimes par porcelet. "Soit trois fois moins qu’une nurserie équipée d’un chauffage électrique, qui consomme en moyenne 60 centimes d’électricité par porcelet, selon les références Ifip", précise Gaël Nourry. Ce bâtiment ainsi que l’acquisition de cases ascenseurs pour la maternité ont permis aux éleveurs de recevoir 56 000 euros d’aides PCAE de la région Pays de la Loire.

La SCEA de l’Erve en chiffres

Dominique et Alexis Huet + cinq salariés

390 truies naisseur-engraisseur

270 hectares de SAU

Groupement Cooperl

Aliment FAF céréales + complémentaires, aliments complets premier et deuxième âge

Génétique Nucléus (verrat Piétrain NN, truies LW x LR en autorenouvellement)

Commercialisation des porcs Les porcs de la Sarthe (label rouge fermier sous IGP) et Porc bien-être (Cooperl)

Les fournisseurs :

Aménagements intérieurs Calipro

Caillebotis béton Fournier

Alimentation et régulation ventilation Acemo-Concept Élevage

Chauffage Marsollier

Charpente Rose-Eludis

Maçonnerie Rossard

Terrassement Lauzier

Conception Service bâtiment Cooperl

Avis d’expert
Gaël Nourry, technicien bâtiment Cooperl

"Rester en double climat le plus longtemps possible"

"L’ouverture du capot et la régulation du chauffage des niches permettent d’optimiser l’ambiance sous les capots pour que les porcelets en fassent leur zone de repos le plus longtemps possible. Concernant la température ambiante, nous estimons que des porcelets sevrés à 21 jours ont besoin d’une température minimum de 23 °C même en dehors des niches, afin d’assurer leur neutralité thermique. Par ailleurs, pour maximiser les consommations, ils ne doivent pas être découragés par une température trop basse à l’extérieur de la niche. Les premiers résultats enregistrés dans ce bâtiment prouvent le bien-fondé de notre approche, qui s’intègre au développement d’une production sans antibiotiques dans le cadre de notre débouché "Les porcs bien élevés".

Un poste de vaccination bien pratique

Dominique et Alexis Huet ont profité de la construction de leur nurserie pour aménager un poste de vaccination confortable dans le couloir de 1,5 m de large qui mène au bâtiment. À leur sortie de maternité, les porcelets sont parqués dans des petites cases. Ils sont ensuite dirigés vers l’une des deux cases de contention situées de part et d’autre d’une fosse dans laquelle se trouve la personne qui vaccine. Pendant que se déroule la vaccination des porcelets d’une case, ceux de l’autre case peuvent être envoyés par une seconde personne dans la nurserie. À deux, le travail peut donc être réalisé en continu, ce qui permet un gain de temps et un confort de travail appréciables.

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