Porte ouverte dans le Finistère
Un bloc naissage de 200 truies confortable et économe en énergie
Au Gaec de Roz ar Hoat à Plomodiern, Finistère, le cahier des charges imposé par les éleveurs fait la part belle à la performance énergétique et au bien-être des animaux et des hommes.
Au Gaec de Roz ar Hoat à Plomodiern, Finistère, le cahier des charges imposé par les éleveurs fait la part belle à la performance énergétique et au bien-être des animaux et des hommes.
La porte ouverte organisée par le groupement Prestor le 16 juin au Gaec de Roz ar Hoat dans le Finistère a permis de découvrir un nouveau bloc naissage de 200 truies destiné à remplacer d’anciens bâtiments datant des années 80. Ce bâtiment, qui dispose d’une ventilation centralisée, est équipé d’un système de captage des calories de l’air extrait du bâtiment pour produire de l’eau chaude destinée au chauffage. La porte ouverte a aussi été l’occasion de faire le point sur l’aménagement des salles, avec une importance particulière apportée au bien-être des animaux et des hommes. Enfin, des règles de biosécurité particulières ont été appliquées pour limiter les risques sanitaires.
Le bloc naissage du Gaec de Roz ar Hoat est équipé d’un nouveau système de pompe à chaleur qui capte les calories de l’air extrait des salles directement dans la gaine de ventilation centralisée. « Cette pompe à chaleur a pour avantage de produire de l’eau chaude pour à la fois chauffer l’air entrant dans le comble du bâtiment et les plaques à porcelets des maternités », explique Gilles Audic, récemment installé dans le Gaec en association avec Marie-Joëlle Capitaine. Les calories sont captées par un gaz caloporteur circulant dans des serpentins en cuivre. Ces serpentins sont protégés des gaz corrosifs contenus dans l’air sortant par un film plastique suffisamment mince pour ne pas empêcher les échanges de chaleur. « Ce matériau a été conçu dans l’industrie pour résister aux milieux agressifs chargés d’ammoniac », souligne David Marhadour, codirecteur de la société Techmap qui a mis au point ce système appelé Caloporc. C’est cette partie qui constitue l’innovation majeure de ce procédé, puisque les calories sont ensuite classiquement transférées par un compresseur vers des circuits d’eau chaude desservant les plaques de maternité et un aérotherme qui pulse de l’air chaud dans le comble. « L’objectif est que l’air entrant dans les salles ne descende pas sous les 12 °C en hiver », indique Gilles Audic. Ce procédé constitue donc une alternative intéressante aux échangeurs de chaleur air-air en sortie de ventilation centralisée qui ne peuvent que chauffer le comble, et nécessitent une maçonnerie et une conception de charpente spécifique pour dériver une partie de l’air sortant. « Caloporc est également plus performant que les échangeurs situés dans l’eau des laveurs d’air, puisque ceux-ci nécessitent un pré-échangeur pour ne pas exposer la pompe à chaleur à la corrosion de l’eau chargée en boues », fait remarquer David Marhadour.
Avec une conduite en quatre bandes, les techniciens bâtiments Prestor préconisent systématiquement de loger chaque bande de truies gestantes dans une salle indépendante. « Avec ce type de conduite, une salle unique pour l’ensemble des truies ne serait entièrement remplie que 30 % du temps », explique Jérémy Stéphan, technicien bâtiment Prestor. Difficile dans ces conditions de maîtriser la ventilation. « Ici, le préchauffage de l’air entrant par la pompe à chaleur et le cloisonnement des bandes optimisent la ventilation et garantissent un caillebotis sec, un préalable indispensable à de bonnes performances de reproduction. »
L’expérience accumulée des truies en groupe incite également les techniciens du groupement à proposer des petites cases (7 à 9 truies par case), une sécurité pour obtenir des lots homogènes à la mise bas et limiter les conflits entre les animaux. Le bâtiment du Gaec Roz ar Hoat dispose aussi d’une infirmerie dont le nombre de places équivaut à 5 % du cheptel total. « L’objectif prioritaire est de remplir toutes les cases maternité », explique Jérémy Stéphan. « 5 % de places inoccupées, c’est l’équivalent de 2,5 centimes de moins par kilo de carcasse. » Pour compléter la partie bien-être, toutes les cases gestantes sont équipées d’un point d’accès à l’eau permanent (pipettes de type bec de canard) et de chaînes qui servent de jouets. Dans les salles gestantes comme dans le reste du bâtiment, de grandes fenêtres (150 x 83 cm) assurent une excellente luminosité naturelle.
Faut-il installer dès maintenant des cases maternités liberté ? « Difficile de répondre en l’état à cette question pour des bâtiments neufs », explique Gwenaël Floc’h, responsable bâtiment Prestor. « Aucune norme européenne n’est en préparation. Mais des cahiers des charges privés pourraient prochainement l’imposer. » C’est pour cette raison que les associés du Gaec de Roz ar Hoat ont fait le choix d’investir dans une case balance (I-Tek) de taille conventionnelle (1,81 x 2,60 m), avec des couloirs d’accès à l’avant et à l’arrière qui permettront si besoin d’agrandir la taille des cases sans avoir à agrandir la salle. « Dans l’éventualité de passer en configuration liberté, nos cases sont modulables », complète Ludovic Lan, responsable commercial I-Tek. Grâce au système de plats inox qui supportent les caillebotis, l’agencement du sol de la case peut être facilement modifié. Les caillebotis plastique nid d’abeille utilisés au Gaec de Roz ar Hoat peuvent supporter le poids des truies. « Ces caractéristiques permettront de limiter le coût d’une éventuelle mise aux normes truies liberté en maternité », conclut-il.