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Gaec Lambert Foulier à Bouillé-Ménard en Maine-et-Loire
Un bâtiment délibérément conçu pour le confort des animaux et des hommes

Le bâtiment neuf de post-sevrage et d’engraissement de Thierry et Christiane Lambert se distingue par des choix très forts pour obtenir d’excellentes conditions de vie des animaux et de travail des hommes. Les surcoûts induits sont pleinement assumés par les éleveurs qui entendent toujours anticiper « de façon positive ».

Le nouveau bâtiment de 1 050 places de post-sevrage et de 880 places d’engraissement permet au Gaec Lambert-Foulier, à Bouillé-Ménard de rendre l’élevage de 230 truies cohérent en termes de places. Mais ce qui le distingue de réalisations comparables, c’est que, outre des options techniques « modernes » : ventilation centralisée, récupération de chaleur…, les éleveurs ont fait des choix très personnels en matière de confort des animaux et des hommes. L’objectif de ce projet mûrement réfléchi était aussi d’expérimenter de nouvelles techniques plus innovantes concernant le bien-être animal. « Anticiper rapporte ! », résume Christiane Lambert. Son mari étant président du groupement porc de Terrena et elle-même vice-présidente de la FNSEA, on perçoit aussi leur souci d’être exemplaires, voire précurseurs dans leur métier. « Nous sommes évidemment marqués par nos engagements respectifs », précisent-ils.

Le bâtiment rassemble des options et équipements dont beaucoup ont été repérés par Thierry Lambert au cours de visites d’élevages au Danemark, en Suède et en Grande Bretagne.

Schématiquement, les post-sevrage et engraissement répondent à quatre objectifs qui ont guidé leur conception : surface, volume, clarté et ambiance.

Des critères qui ont justifié des options majeures dans tout le bâtiment : des fenêtres « agrandies », offrant quasiment le double de surface vitrée par rapport aux constructions habituelles, un plafond à trois mètres de hauteur offrant un beau volume, une ventilation centralisée basse et un récupérateur de chaleur (air-air Acemo).

Mais les éleveurs ont ajouté des touches « personnelles » pour aller encore plus loin dans la satisfaction de leurs objectifs.

En post-sevrage, chaque porcelet dispose de 0,42 m2 (pour une sortie de PS à 38 kg). Les cases de 58 porcelets sont conçues sur un modèle original, et sont équipées de niches (Aco). Le sol est divisé en trois parties : caillebotis plastique sous les niches, fil contre la cloison et sous les alimentateurs, et béton au milieu. « L’objectif est d’avoir le meilleur confort possible dans les niches, une propreté optimale avec le fil, la partie béton assurant quant à elle un renforcement des pieds et des aplombs pour préparer le passage des porcelets sur caillebotis en engraissement », précise Thierry Lambert. Pour l’alimentation, l’éleveur a choisi un système d’alimentateurs distribués par Proval qui a prouvé son bon fonctionnement chez un éleveur du groupement. « L’idée est de faire en sorte que les porcelets puissent avoir accès en permanence à l’aliment et à l’eau sans se bousculer. »

« Chez le collègue qui a équipé la moitié de ses PS avec ces alimentateurs, l’avantage est de deux kilos de plus de poids vif en sortie de PS par rapport aux salles équipées de nourrisseurs classiques », témoigne Jacky Bernier, technicien bâtiment qui prévient : « Il faut être vigilant. Il y a beaucoup d’alimentateurs sur le marché. Ce modèle nous semble particulièrement réussi ».

Les premières bandes confirment le bon fonctionnement global des salles de post-sevrage, avec, en particulier, une ambiance remarquable. Il reste aujourd’hui aux éleveurs et à leur technicien à optimiser les lampes qui équipent les nids.

Engraissement vaste et lumineux

Les 880 places d’engraissement qui viennent compléter les places existantes (et rénovées) ont été conçues dans le même état d’esprit. Avec des solutions éprouvées : caillebotis béton, auges longues… Mais l’originalité tient dans la surface de 0,80 m2 par porc et aux pipettes qui équipent chacune des auges, « pour que les porcs ne manquent jamais d’eau entre les repas de soupe », explique Thierry Lambert. Enfin, chaque case possède un « jouet » fabriqué par un artisan local sur une conception repérée par l’éleveur au Danemark : une pièce de bois solide, en cœur de chêne, fixée au bout d’une chaîne. Un « détail », certes obligatoire aujourd’hui, mais qui fait suite à des échanges entre les éleveurs, le groupement et une association de protection des animaux. Il illustre l’application qui a été omniprésente dans la conception de cette construction. « C’est probablement le dernier investissement important que nous faisons dans cet élevage. L’objectif était d’avoir une chaîne de bâtiment cohérente, des bâtiments agréables pour nous et nos salariés et, au final un outil qui, dans un peu plus d’une dizaine d’années, sera transmissible », concluent les éleveurs.

Des surcoûts assumés

Compte tenu de toutes les options prises, la réalisation a engendré un surcoût estimé à 40 000 € pour les surfaces, fenêtres, hauteurs et pipettes. L’investissement de 55 000 € pour l’échangeur d’air et les niches permet une baisse des dépenses d’énergie annoncée à 50-60 %, selon Jacky Bernier, technicien bâtiment. Au final, tout compris, le coût du bâtiment est de 850 000 euros. Les éleveurs ont bénéficié d’une aide de 40 000 € de la part de leur coopérative Terrena. Ce montant se décompose en 30 000 € apportés par la coopérative pour les investissements et 10 000 € conditionnés par les options prises pour améliorer le confort des animaux. Par ailleurs, le projet a reçu le soutien du PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des élevages). « Au final, les subventions, d’un montant total de 152 000 euros, représentent 18 % de l’investissement total », précise Christiane Lambert.

L’investissement va permettre à l’élevage d’entrer dans la démarche « Nouvelle Agriculture » lancée par Terrena en 2014. Moyennant le respect d’un cahier des charges portant essentiellement sur l’alimentation : aliment sans OGM, céréales « du terroir » et graine de lin, ces porcs différenciés, abattus dans un outil spécifique à Laval, apportent une plus-value de 8 à 12 c/kg (centimes par kilo) de carcasse selon le cours au MPB. « Avec une moyenne de dix centimes par kilo, en ôtant environ quatre centimes de frais liés au respect du cahier des charges, il reste donc environ six centimes par kilo net de plus-value pour les producteurs de ces porcs », calcule Thierry Lambert.

Un équipement original pour transporter facilement les porcelets

Avec un bloc naissage et les post-sevrages, à présent distants d’environ 100 mètres, les porcelets sevrés ne peuvent être conduits dans les post-sevrages sans un équipement adapté. C’est aujourd’hui chose faite avec un caisson réalisé par un artisan local. Sa conception permet aux porcelets d’y entrer « de niveau », d’être transportés rapidement à l’autre bout de l’élevage, et d’être déposés aussi à niveau dans le bâtiment de post-sevrage.

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