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Un abreuvement pour tous

L’accès à l’eau permanent répond à un besoin physiologique et comportemental. Une obligation désormais inévitable pour tous les animaux alimentés à la soupe.

© D. Poilvet

Débattue depuis plus de dix ans, la question de l’abreuvement complémentaire des porcs charcutiers alimentés en soupe a été tranchée fin novembre par la Direction générale de l’alimentation (DGAL), intervenue lors de la Journée régionale des chambres d’agriculture de Bretagne dédiée au bien-être animal en porc. « Tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir accès en permanence à de l’eau fraîche, comme le prévoit l’arrêté de 2003 sur la protection des porcs et la directive sur le bien-être animal », a rappelé Frédric Laloy, référent national protection des animaux de rente de la DGAL. C’est surtout pour la phase d’engraissement que cette disposition réglementaire pose problème car rares sont les élevages en soupe équipés d’un dispositif d’abreuvement complémentaire. Jusqu’à présent l’administration, notamment en Bretagne, admettait que l’accès à l’eau était permanent « dès lors que l’éleveur fournit deux repas de soupe minimum dans la journée, sauf en cas de forte chaleur ». Une position remise en cause suite à un avis scientifique de l’Anses de 2016, qui stipulait notamment que seul un accès à l’eau permanent permettait de faire face aux situations à risque, en cas de chaleur ou de maladie. Même si les besoins physiologiques de base des porcs en eau sont généralement couverts par l’alimentation en soupe, les animaux boivent tout au long de la journée, même en hiver. C’est ce qu’ont confirmé de récents essais réalisés dans les stations expérimentales de Crécom et de Guernevez. Les porcs alimentés avec une soupe diluée à 2,5 l/kg ont consommé un litre d’eau par porc et par jour en moyenne à Crécom. Les consommations varient au cours de la journée mais également en fonction du type d’abreuvement, soulignant l’importance du choix du matériel et de leur entretien. Tout l’enjeu est d’éviter les fuites et le gaspillage, la principale préoccupation des éleveurs étant le risque d’augmentation des quantités de lisier. Ces derniers sont libres de choisir la manière d’amener l’eau : abreuvoirs de type pipettes ou bol, repas d’eau dans l’auge. La solution de l’eau résiduelle dans l’auge, la plus facile à mettre en œuvre dans de nombreux élevages, ne sera pas toujours la formule idéale car elle doit permettre un apport permanent en eau et peut présenter un risque sanitaire. Le coût de l’ajout des points d’abreuvement pour un élevage alimenté à la soupe est estimé à cent euros par truie et sa suite. Pour aider l’éleveur à faire son choix, les chambres d’agriculture de Bretagne travaillent avec les groupements de producteurs à l’élaboration de fiches techniques présentant les avantages et les inconvénients des différentes possibilités d’abreuvement. Elles seront diffusées à partir du premier trimestre 2018.

Pour sa part, François-Régis Huet, éleveur en charge du dossier bien-être au sein de la FNP et d’Inaporc, se dit satisfait que le souhait de la profession d’avoir une réglementation basée sur une obligation de résultats plutôt que de moyens ait été entendu. « Elle laisse à l’éleveur la possibilité de choisir la solution la plus adaptée à son élevage pour que les porcs aient accès à l’eau : soit avec des abreuvoirs ou pipettes, soit avec de l’eau résiduelle dans l’auge. Ce point réglementaire était en débat depuis plus de dix ans. C’est une bonne chose qu’il soit clarifié. Le consommateur ne peut pas comprendre que le porc n’ait pas accès à l’eau. » Il espère qu’à l’avenir cette position de l’administration de se baser sur une obligation de résultats puisse également prévaloir sur d’autres critères d’appréciation du bien-être.

Un manque de connaissance des besoins du porc

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