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Nutrition
Triskalia alimente les truies gestantes selon leur prolificité

En préconisant un programme alimentaire en gestation différencié sur la prolificité, Triskalia veut agir en anticipation pour mieux répondre aux besoins réels des truies.

Mélanie Quemener, avec Claudine et Denis Boussard. "Désormais, nous faisons régulièrement des bandes à treize sevrés en moyenne, avec des poids de portées à plus de cent kilos."
© D. Poilvet

Pour faire face au défi de l’hyperprolificité, Triskalia propose à ses éleveurs une démarche originale en tenant compte avant tout du niveau de prolificité des truies pour définir le programme alimentaire en gestation. "Pour que les performances de reproduction puissent progresser, il faut être plus en anticipation afin de détecter les truies hyperprolifiques aptes à faire une longue carrière, en les alimentant suffisamment en gestation pour couvrir leurs futurs besoins", estime Thierry Solignac, responsable nutrition porcine Triskalia. L’objectif est également de minimiser les contre-sélections, qui consistent trop souvent à réformer les truies hyperprolifiques parce qu’elles sont amaigries et épuisées par une succession de portées nombreuses. "Ces truies sont aussi souvent réformées parce qu’elles écrasent leurs porcelets, alors que ces écrasements sont exacerbés par la taille importante de la portée", complète-t-il.

Cette démarche est partie du constat que, même avec un allotement parfait en début de gestation, il arrivait toujours qu’une ou deux truies maigrissent dans une case, alors que leurs congénères se maintenaient en bon état. "Il s’est avéré que, très souvent, ces truies qui maigrissaient étaient les plus prolifiques. Le plan d’alimentation, adapté à leur état corporel du début de gestation, ne convenait pas à leur potentiel de prolificité." Ce n’est pas pour autant que l’état corporel ne doit plus être pris en compte dans l’élaboration du programme alimentaire. "Il faut toujours avoir un troupeau homogène à l’échographie en appliquant un plan d’alimentation très différencié en début de gestation. C’est un préalable essentiel ", rappelle le nutritionniste.

Une analyse des données G3T pour caractériser les truies

Pour accompagner les éleveurs dans cette démarche, Anne Durand, ingénieure gestion tehnico-économique chez Triskalia, a conçu un outil informatique sous Excel qui analyse les données de G3T afin de caractériser les truies individuellement et par bande selon leur niveau de prolificité. "L’objectif est de mettre à disposition de l’éleveur des outils pour vérifier si la démographie de son troupeau de truies permet le développement de la prolificité du troupeau", explique Thierry Solignac. Cet outil trie les truies à partir de la troisième portée en fonction de leur prolificité cumulée. Il permet à l’éleveur de connaître le pourcentage de truies "hyper" et de truies "hypo", et de comparer son troupeau avec la référence Triskalia composée de soixante-cinq élevages. "L’objectif est d’atteindre le tiers supérieur, à savoir au moins 25 % de truies hyper (plus de seize porcelets nés totaux par portée) et moins de 10 % de truies "hypo" (moins de treize nés totaux par portée)". Des bornes qui seront bien sûr amenées à évoluer en fonction de l’évolution de la prolificité moyenne du groupe de références. L’éleveur reçoit aussi la liste de ses truies en production caractérisées par un code couleur en fonction de leur prolificité. "Un code rouge, c’est une truie qui doit être réformée en priorité car sa prolificité n’a pas été bonne. Un code vert, c’est une truie hyper pour laquelle il faut adapter l’alimentation de gestation pour mieux répondre à ses besoins futurs" (voir figure 1). L’outil développé par Triskalia analyse aussi les performances des truies pour chaque bande : répartition selon leur prolificité, pyramide des âges, rang de portée… "Une analyse qui permet de détecter les bandes défaillantes et d’apporter des actions correctives comme par exemple une augmentation du renouvellement afin de corriger une démographie vieillissante."

Cette stratégie débutée chez les adhérents Triskalia en 2015 est en train de porter ses fruits. "Nous avons constaté dernièrement dans beaucoup d’élevages une progression de la prolificité bien plus importante que celle permise par le simple progrès génétique", constate Thierry Solignac. À l’échelle du groupement, la prolificité a fait un bond de 0,3 porcelet par portée entre le deuxième semestre 2016 et le premier semestre 2017, (de 14,64 à 14,97 porcelets nés totaux par portée). Chez les 10 % meilleurs du groupement, la moyenne atteint 16,29 nés totaux, pour 13,22 porcelets sevrés par portée et 32,91 porcelets par truie et par an. "Cette tendance devrait se poursuivre dans les mois et les années à venir, puisque les cochettes dans ces élevages sont déjà à 15,49 nés totaux par portée", conclut Thierry Solignac.

 

Avis d’expert

Thierry Solignac, responsable nutrition porcine Triskalia

"Les quatre pieds de la prolificité"

"La prolificité repose sur quatre pieds : la maîtrise de la quarantaine, qui permet d’amener les cochettes à la première mise bas avec les meilleures chances d’obtenir une portée nombreuse, l’état corporel du troupeau, la segmentation du cheptel pour l’alimentation, et la politique de réforme qui doit cibler les truies hypo prolifiques plutôt que les truies hyper. Pour cela, notre outil d’analyse de la G3T apporte une aide importante à l’éleveur en faisant l’état des lieux de la démographie du cheptel et des performances techniques de chaque animal. À partir de cette analyse, il est à même de mettre en place une conduite alimentaire qui lui permettra rapidement de gagner en prolificité."

Trois courbes d’alimentation en gestation

Au Gaec Boussard à Telgruc sur mer, Finistère, la prolificité des truies est passée de 15,87 porcelets nés totaux par portée sur les six premiers mois de l’année 2017 à 16,63 entre juillet et octobre, après avoir longtemps stagné autour de 15,5 porcelets par portée. Le nombre de porcelets sevrés a suivi la même progression, pour se situer désormais à une moyenne de 12,65 sevrés par portée. "Désormais, nous faisons régulièrement des bandes à treize sevrés en moyenne, avec des poids de portées à plus de cent kilos", constatent Claudine et Denis Boussard. La clé de cette évolution réside dans la mise en place d’un allotement des truies après l’échographie en fonction de leur prolificité. Les éleveurs travaillent avec trois courbes d’alimentation : une pour les cochettes et les rangs 1, une pour les truies dont la prolificité est moyenne, et une pour les truies maigres et hyper prolifiques. Cette dernière courbe est modulée jusqu’à 110 % pour deux cases constituées des douze truies les plus prolifiques sur les trente truies de chaque bande (voir schéma). Les truies moyennes et les cochettes reçoivent un plan d’alimentation biphase. Pour les truies hyper, les éleveurs n’utilisent que l’aliment le plus concentré du début jusqu’à la fin de la gestation. Grâce à cette stratégie, ils les maintiennent dans un état correct d’une bande à l’autre, ce qui leur permet d’en conserver un maximum jusqu’à huit portées et plus, alors que les truies hypoprolifiques sont rapidement éliminées (voir infographie). "Le potentiel de hausse de la prolificité est encore important dans cet élevage", souligne Mélanie Quemener, technicienne Triskalia dans le Finistère. Elle constate qu’en deux ans, les cochettes sont passées de 13,9 à 15,7 porcelets nés totaux par portée. "C’est le résultat de la mise ne place d’un flushing renforcé en période hivernale durant les quinze jours qui précèdent la première IA, et d’un allongement de la durée de la quarantaine qui a permis une augmentation de l’âge à la première mise bas". Pour Thierry Solignac, cette augmentation rapide de la prolificité des truies doit être accompagnée d’une évolution du programme alimentaire. "Ce qui était adapté aux objectifs du début de l’année ne l’est peut-être plus maintenant. C’est pourquoi il faut remettre en cause en permanence les valeurs des aliments, le niveau de lysine notamment, pour couvrir l’évolution des besoins de ces truies hyper", conclut-il.

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