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Simple comme deux injections

À Montigny en Meurthe-et-Moselle, le Gaec du Fumé Lorrain vaccine depuis sept ans les mâles entiers de son atelier destinés à la transformation à la ferme pour empêcher l’apparition d’odeurs de verrat.

« À 13 semaines d’âge, c’est un peu sportif », avertit Virgile Haffner avant de pénétrer dans la salle d’engraissement. Il est à peine entré en compagnie de Maxence dans une case de pré-engraissement que les vingt-huit jeunes cochons cavalent dans tous les sens. Les deux frères attendent qu’ils s’habituent à leur présence. Au bout de quelques minutes, ils collent le pistolet seringue qu’ils portent en bandoulière dans le cou des deux premiers mâles de la case. La pression de leurs doigts sur la gâchette fait reculer le cône qui protège l’aiguille. En appuyant, la pointe libère deux millilitres d’Improvac. Virgile marque à la couleur l’animal traité et passe au suivant. « Les animaux ne sursautent pas. Ils ne réagissent pas au moment de l’injection. Ils continuent même de manger. À deux personnes, c’est plus facile. Les animaux tournent moins. Il nous faut cinq minutes par case. C’est du quatre cents cochons à l’heure », calculent Virgile et Maxence. Une fois tous les jeunes cochons vaccinés, ils enchaînent avec le rappel pour les porcs charcutiers dont la sortie est prévue quatre semaines plus tard. Comme ils sont plus gros et moins remuants, l’intervention économise un tiers de temps.

Des carcasses de 110 kg

Les cases mélangent mâles et femelles. « Nous avons fait du tri pendant cinq ans. Nous avons arrêté, car cela n’apporte rien à part du travail supplémentaire. Au contraire, les mâles ramènent les femelles à l’auge. Les lots sont désormais plus homogènes. Lors de l’intervention, nous marquons tous les animaux du lot. Si par hasard une dose est administrée à une femelle, il ne se passe rien », indique Virgile. Il n’y a pas de règle pour les mâles vaccinés. Les uns développent normalement leurs attributs naturels, chez d’autres ils ne sont presque plus visibles. « Il n’y a jamais eu de retour pour signaler une odeur de verrat », constate simplement Michel Haffner, père de Virgile et Maxence. L’aliment est distribué à la soupe jusqu’à un plafond de 2,8 kg. L’IC de 27 à 110 kg s’élève à 2,6. « Les mâles sont toujours plus gros. Ils terminent moins gras que les femelles », insiste Michel. « L’objectif est de produire des carcasses de 90 kg cédés à un grossiste et des carcasses lourdes de 110 kg pour nos propres besoins. Nous vendons beaucoup de lard fumé. Le gras est plus homogène, moins épais. Son maigre est plus important que sur des animaux castrés classiquement par incision. »

La méthode de castration ne fait débat ni chez les clients de l’atelier de transformation qui veulent davantage savoir si le cochon est né, élevé et abattu dans la région, ni chez le grossiste qui est destinataire d’environ la moitié des quelque cinq mille charcutiers élevés sur une année dans cet atelier naisseur-engraisseur de deux cents truies Naïma. « Je ne cache rien. J’en informe chaque personne qui m’interroge sur ce point. Mais c’est un thème qui préoccupe davantage la filière que le consommateur », lance Michel. La consommation annuelle d’Improvac revient entre huit et dix mille euros. « Il faut en déduire le temps économisé », remarque Virgile qui castre encore par incision les porcelets cédés à un autre engraisseur. « Les séances de castration durent facilement quatre heures. À la fin, j’ai mal aux mains à force de répéter les mêmes gestes. Entre les deux méthodes, pour moi il n’y a pas photo, je préfère la vaccination. »

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