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Rompre les cycles de contamination pour vaincre la grippe récurrente

Rencontres internationales de la production porcine. Au cours des dernières RIPP organisées par Synthèse élevage et Chêne vert conseil, Nicolas Rose, Anses Ploufragan, a développé les pistes pour maîtriser la forme récurrente de la grippe qui touche de plus en plus d'élevages.

Les porcelets ne sont pas spécialement abattus, 
mais toussent et finissent 
par constituer des lots hétérogènes.
Les porcelets ne sont pas spécialement abattus,
mais toussent et finissent
par constituer des lots hétérogènes.
© C. Gérard

Instaurer des « ruptures » des cycles d'infection, limiter les mélanges d'animaux, améliorer l'ambiance des salles, accentuer la biosécurité interne et éventuellement revoir le protocole de vaccination, ce sont les pistes proposées par l'Anses pour maîtriser la grippe récurrente.
Cette pathologie gagne en effet du terrain depuis quelques années. Elle se manifeste sur des porcelets qui ne sont pas abattus, mais présentent de la toux, des éternuements, avec des lots qui deviennent hétérogènes, le phénomène se répétant quasiment à chaque bande et au même âge... D'où l'appellation de grippe « récurrente ». Elle se distingue de la grippe dite « classique » qui est observée plutôt en engraissement, avec des symptômes plus marqués d'hyperthermie, d'anorexie, de léthargie, et disparaissant au bout d'une semaine environ.
L'Anses a conduit une étude dans trois élevages régulièrement confrontés au problème. Nicolas Rose, directeur de l'unité d'épidémiologie (Ploufragan) rapporte que dans ces trois élevages, des virus H1N1 ou H1N2 et leurs réassortants ont été identifiés successivement, voire simultanément. « Ce qui prouve que ces virus peuvent circuler en même temps à l'échelle de l'élevage, de la bande, voire de l'individu. »


Des porcelets « allumeurs de mèches » qui entretiennent la circulation des virus


Par ailleurs, les analyses montrent qu'en cas d'infection précoce, à moins de 50 jours d'âge, donc en présence d'anticorps maternels, les porcelets pouvaient se recontaminer faute d'une immunité active. « Ces épisodes infectieux sont initiés par des porcelets souvent issus de truies transmettant une immunité maternelle faible, et issus de portées où de nombreuses adoptions ont été réalisées. Ce sont des " allumeurs de mèches " qui relancent constamment la circulation des virus. »
Ils contaminent donc les autres porcelets qui, à leur tour, excrètent le virus au gré de la disparition des anticorps maternels... Et voilà pourquoi la grippe devient récurrente. L'absence de rupture de cycles d'infection, la coexistence répétée d'animaux sensibles et excréteurs dans les mêmes locaux, la présence de sous populations de porcelets ayant un défaut de réponse immunitaire et enfin la co-circulation de plusieurs sous types de virus grippaux participent conjointement au phénomène de récurrence », explique Nicolas Rose.

Plusieurs modifications de conduite à mener simultanément


La stratégie de lutte vise globalement à réaliser une rupture des cycles d'infection. Nicolas Rose avance même la possibilité « d'exporter » une à deux bandes de porcelets sevrés. Mais avant toute chose, les réallotements à tous les niveaux doivent être proscrits et les adoptions limitées à leur strict minimum et si possible être réalisées sur les truies de même parité. Les règles de biosécurité s'imposent évidemment pour éviter la circulation des virus des reproducteurs aux porcelets.
Enfin, Nicolas Rose suggère de modifier le protocole de vaccination contre la grippe en reportant le rappel sur les truies en maternité lorsque les porcelets sont atteint précocement (moins de 45 jours d'âge). L'idée est de limiter l'impact des anticorps maternels qui retardent la réponse immunitaire des porcelets en contact avec le virus.
Nicolas Rose annonce que des essais sont en cours pour tester d'autres stratégies vaccinales des truies telles que la vaccination de masse ou un double rappel en gestation.

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