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Raclage en V et ventilation centralisée pour 2048 places d’engraissement

À l’EARL Run Avel Spi, le choix du raclage en V a évité d’investir dans une station de traitement du lisier. La ventilation centralisée a permis d’aménager un échangeur d’air et un laveur pour récupérer les calories de l’air sortant par une pompe à chaleur.

En associant du raclage en V et une ventilation centralisée dans son nouvel engraissement de 2018 places, Gilbert Gueguen, éleveur à Loc-Eguiner (Finistère) répond à la fois à des objectifs d’économies d’énergie et de réduction des besoins en plan d’épandage. Ce bâtiment était présenté en porte ouverte le 10 mars dernier avec le soutien du groupement Prestor, qui a assuré le suivi de la construction. "La ventilation centralisée nous a permis d’installer un échangeur de chaleur dans la gaine d’extraction, pour transférer les calories de l’air sortant vers l’air entrant", explique Guy Jézéquel, technicien bâtiment Prestor. L’air préchauffé est envoyé vers le couloir central du bâtiment. "Je peux ainsi le diriger uniquement dans les salles où sont les plus jeunes porcelets et dans celles en cours de départ, les deux périodes qui ont le plus besoin de chaleur", indique Gilbert Gueguen. Pour cela, chaque salle est munie d’une trappe de sélectivité actionnée manuellement, qui permet de faire entrer de l’air issu soit du couloir, soit de la gaine d’entrée commune à toutes les salles. "Cet équipement, peu coûteux à mettre en place (7 € la place à l’EARL Run Avel Spi), apporte un plus réel dans la gestion de l’ambiance des salles, notamment en abaissant l’hygrométrie", estime Gwenaël Floch, responsable bâtiment Prestor. "Des mesures récentes effectuées en élevage nous ont permis de constater une hygrométrie moyenne de seulement 60 % durant les mois pluvieux de décembre et de janvier dernier."

L’extraction de l’air vicié par une seule sortie a aussi permis à Gilbert Gueguen d’installer un laveur d’air. "D’un point de vue réglementaire, cet équipement n’est pas indispensable, puisque le raclage en V limite déjà les émanations d’ammoniac", souligne Guy Jezequel. Cependant, il permet aussi de récupérer les calories du bâtiment pour les transférer vers un circuit d’eau chaude via une pompe à chaleur. De l’eau chaude qui servira à chauffer les salles de l’engraissement neuf où les porcelets entreront à 18 kg, mais aussi celles des maternités, des post-sevrages et des gestantes situés à proximité. "Comme pour l’échangeur, la pompe à chaleur sur un laveur d’air est un investissement rentable. Il limite les dépenses de chauffage pour un coût initial relativement faible", juge le technicien.

Des gaines d’extraction entre les lignes de raclage

Pour associer le raclage en V avec une ventilation centralisée, les fournisseurs ont fait évoluer leurs équipements. Les modules bétons de raclage disposent de réservations sur leurs côtés pour envoyer l’air de la salle vers des gaines situées entre les lignes de raclage. Le débit d’air extrait des salles est régulé par des volets situés à l’extrémité de ces gaines, qui envoient l’air vicié vers la gaine d’extraction principale située sous le couloir central du bâtiment. Cette gaine sert aussi à récupérer la fraction solide des déjections envoyée par un racleur à chaîne et un élévateur vers une plate-forme extérieure. Les urines sont collectées par un tuyau PVC. Elles sont stockées dans une fosse extérieure.

Au total, ce bâtiment a coûté 1,1 million d’euros, montant auquel il faut retirer 88 000 euros de subventions de l’agence de l’eau liées à la résorption du phosphore et aux aides PPE (isolation et ventilation centralisée). Soit un coût de 381 € la place d’engraissement. "Pour faire des comparaisons sur des bases identiques d’un bâtiment à l’autre, nous n’intégrons pas dans ce montant les 220 places de quai (111 € la place), le local soupe qui sert à d’autres bâtiments (95 000 €) et la pompe à chaleur (60 000 €)", précise Guy Jézéquel. En revanche, le laveur d’air, le réseau d’alimentation soupe et bien sûr les installations liées au raclage en V sont inclus dans ce prix. "Le surcoût du raclage est de 100 € la place, ce qui me permet de résorber les excédents d’azote et de phosphore à un coût moins élevé qu’une station biologique avec centrifugeuse", conclut Gilbert Gueguen.

 

En chiffres

L’EARL Run Avel Spi à Loc-Eguiner

Gilbert, Marie-Laure et Thomas Gueguen

240 truies naisseur-engraisseur

6 650 porcs charcutiers/an

116 ha de SAU, dont 52 ha de maïs grain et 54 ha de blé (autoconsommés)

 
 

Le raclage en V pour réduire les besoins d’épandage

À l’EARL Run Avel Spi, le raclage en V des 2 048 places d’engraissement a permis aux éleveurs de réduire leurs besoins d’épandage par rapport à un bâtiment sur lisier. Les éléments fertilisants produits par leur élevage seront entièrement valorisés par leurs cultures. "Ici, le coût du raclage a été de 200 000 euros, alors qu’une station biologique avec une centrifugeuse aurait coûté entre 400 000 et 500 000 euros, avec des frais de fonctionnement importants", justifie Guy Jézéquel. Par ailleurs, l’intérêt de la fraction liquide est important d’un point de vue agronomique, puisque son azote est rapidement mobilisable par les plantes. La fraction solide est compostée en incorporant de la paille, pour ensuite être exportée. La subvention de 72 000 euros a été calculée en fonction de la quantité de phosphore résorbé. Elle correspond à 40 % du montant d’investissement spécifique à la gestion du phosphore, voire 60 % si le projet est situé en bassin versant Algues Vertes.

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